Nous avons vu des ingrédients intéressants en première demie chez les Alouettes lors de leur match contre les Lions de la Colombie-Britannique, mais malheureusement l’édition 2017 a refait surface en deuxième demie avec des pénalités et certains manques au niveau de l’exécution, ce qui explique le revers de 22 à 10 pour entamer la saison.

J’étais content de ce que les Alouettes nous ont montrés en début de match. Il y avait de quoi être encouragé, car c’était la première fois depuis le 11 août dernier que la formation montréalaise avait les commandes après une demie.

Le verre est cependant resté à moitié plein, car les Alouettes n’ont pu enchaîner à leur retour du vestiaire.

On a vu des stratégies intéressantes, du bon jeu au sol, de bonnes productions en première essai afin d’aider pour les deuxièmes essais. On a d’ailleurs vu sur la première séquence à l’attaque que l’unité offensive avait quelque chose à offrir alors qu’elle a enregistré un majeur sur un jeu explosif. Cette première séquence s’est soldée sur une longue passe à Chris Williams et Eugene Lewis a récupéré le ballon pour le touché après avoir passé cinq minutes sur le terrain. Drew Willy a d’ailleurs effectué sa passe qui a mené au touché sur un deuxième essai et 17 verges. Les Lions attendaient les Alouettes avec plusieurs demi-défensifs, mais malgré tout, le ballon a parcouru les 56 verges pour la zone des buts. Au total, cette séquence aura été d’une durée de 11 jeux et 92 verges.

Pour ceux qui ont visionné les 11 défaites consécutives la saison dernière, où les Alouettes n’étaient pas dans le coup, on avait rarement vu une telle séquence de l'attaque. Celle-ci donnait le ton au match. Le groupe d’entraîneurs avait élaboré un bon plan de match et il était suivi à la lettre en début de rencontre.

L’attaque n’a pu maintenir le rythme

Si on se penche un peu plus attentivement sur le travail de l’attaque, on a vu que le tout s’est gâté en deuxième demie.

Je ne veux pas m’acharner sur Drew Willy, comprenez-moi bien. Par contre, dans cette défaite, on a bien vu les limites de ce quart et pourquoi normalement, il devrait être dans un rôle de réserviste.

Alouettes 10 - Lions 22

Il est dans la chaise de partant en raison de la situation actuelle, mais son inconstance nous a rappelés pourquoi il n’avait pas réussi à faire sa niche au sein d’une organisation dans les dernières années. Il nous a fait passer par toute la gamme des émotions, alors que par moments il nous a fait dire « Wow ! », notamment sur sa longue passe au premier quart, et à d’autres occasions, nous revenions sur terre en voyant certaines erreurs, dont son interception au quatrième quart. Avec le début de match qu’il nous avait offert, nous espérions fortement qu’il allait nous faire mentir et nous surprendre, mais le naturel est rapidement revenu au galop.

Le quart de 31 ans a parfois manqué de belles chances de porter un dur coup à la défense des Lions. Je me souviens d’un jeu où Chris Williams avait battu son couvreur de vitesse dans les zones profondes, mais malheureusement, la passe a manqué de force et le demi-défensif s’est replacé dans le jeu pour rabattre le ballon.

Il y a aussi la statistique des sacs du quart qui me préoccupent. L’attaque est arrivée à un certain moment dans le territoire des Lions et cette dernière ne pouvait concéder de sac du quart dans cette zone afin de s’assurer de pouvoir enregistrer au moins un placement. Willy a été plaqué derrière sa ligne de mêlée à ce moment empêchant toute chance d’inscrire trois points. Il n’est pas le seul à blâmer pour cette situation, mais il doit aider ses bloqueurs également.

Il est vrai que la ligne à l’attaque des Alouettes a connu des ennuis, particulièrement sur les coins. Si on ajoute à ça un quart qui n’est pas très mobile, on obtient une combinaison qui facilite parfois le travail de la ligne défensive.

Un sac du quart peut être attribuable à un manque sur la ligne à l’attaque, au porteur de ballon qui a raté un bloc, au receveur qui ne s’est pas démarqué assez rapidement et au quart qui garde le ballon trop longtemps. Les facteurs sont multiples et nous avons vu plusieurs de ces combinaisons contre les Lions. C’est quelque chose que le coordonnateur à l’attaque des Alouettes Khari Jones devra regarder afin d’y remédier.

Les solutions sont multiples. On peut tenter de courir encore un peu plus avec le ballon, utiliser des passes pièges afin de ralentir et faire réfléchir les chasseurs de quart, ou encore faire appel à plus de bloqueurs sur la ligne à l’attaque pour une protection maximale. Je suis d’avis que même si on a six receveurs sur le terrain, si le quart n’a pas le temps de les rejoindre, ça ne sert à rien. Ils seraient peut-être mieux d’envoyer seulement les trois meilleurs receveurs sur le terrain et leur donner plus de temps pour se démarquer.

Avec le manque de mobilité de Willy et les lacunes de la ligne à l’attaque, les entraîneurs vont devoir se creuser les méninges afin d’éviter d’accorder autant de sacs du quart. C’est une grosse facette du jeu que les Alouettes devront améliorer.

Je me dois également de revenir sur son interception en fin de match, dans un moment critique. Le pointage est alors de 15 à 10 ce qui veut dire que les Alouettes sont toujours dans le coup. Pour mettre en perspective, les Montréalais n’ont signé que trois victoires contre 14 revers à leurs 17 dernières visites à Vancouver. La majorité de ces défaites étaient des dégelés, donc il était possible d’espérer alors que l’écart n’était que d’une possession. Willy a cependant lancé une interception sur un premier essai et 10 verges. Il n’y a pas d’excuse à mon avis sur cette séquence. Il n’avait pas à forcer le jeu. Oui, il tentait d’éviter la pression alors qu’il quittait sa pochette, mais il pouvait aller à son dépanneur ou encore lancer le ballon dans les gradins. Ce n’était pas grave, car il aurait eu une autre chance d’obtenir le premier jeu. Je trouvais que cette situation était mal gérée.

Si on additionne cette erreur à celle dont je vous ai parlé sur le sac au mauvais endroit sur le terrain, on voit ici deux bévues qui ne devraient pas être commises par un quart d’expérience. On s’attendrait à voir Matthew Shiltz commettre ses erreurs en tant que jeune quart, mais Willy ne peut pas se permettre de répéter de telles gaffes en raison de son expérience.

Tout n’est pas que sombre cependant sur le plan offensif. J’ai bien aimé le travail de Chris Williams au cours de cette rencontre. Il est parvenu à battre ses couvreurs à quelques occasions avec sa vitesse et à filer dans les zones profondes. C’est pour cette raison que les Alouettes l’ont ajouté à la formation. C’est un marchand de vitesse qui pourra étirer la défense adverse. Tyrell Sutton a été fidèle à lui-même, récoltant 65 verges en seulement 15 courses.

On a donc vu des signes encourageants en début de match de la part de l’unité offensive, mais nous avons eu droit à l’édition 2017 des Alouettes au troisième et quatrième quart. Il faudra travailler là-dessus.

Le même refrain en défense

Sur le plan défensif, et sans surprise, on a constaté qu’elle allait être la meilleure unité de la formation montréalaise.

Nouvelle saison, même refrain

Le pointage a été serré jusqu’à la fin même si seulement la défense n’a joué que quatre quarts de manière constante. Je dois vous dire que je l’ai trouvé excellente et plusieurs joueurs sont ressortis du lot.

Tout d’abord, Hénoc Muamba a réalisé plusieurs plaqués à champ ouvert. Dominique Ellis a travaillé dans le même sens et il m’a impressionné sur deux plaqués aux dépens de Chris Rainey alors que celui-ci avait de l’espace pour manœuvrer. Chris Ackie est en train de se bâtir une réputation de solide cogneur et on l’a vu à plusieurs occasions plaquer le quart des Lions Jonathon Jennings qui ne devait pas apprécier. Jamaal Westerman n’a jamais arrêté, telle une machine. Il n’avait qu’une seule vitesse et c’était le pied au plancher à 100 mille à l’heure.

Woody Baron s’est aussi illustré et a montré pourquoi les Alouettes ont décidé de libérer Alan-Michael Cash. Il a bien contrôlé le centre de la ligne et des tranchées. Je vais m’amuser ici à faire une comparaison en ce qui concerne son gabarit et sa position avec le plaqueur des Rams de Los Angeles Aaron Donald. Comprenez que je ne suis pas en train de dire qu’il a le même potentiel qu’Aaron Donald, mais lorsqu’on regarde son physique, Baron n’est pas très grand pour sa position à 6 pieds 1 pouce et 270 livres, mais il est très explosif et dynamique, tout comme l’est Donald de son côté. Il pourrait sortir du lot cette année.  

La tertiaire n’est pas en reste, alors que si on met de côté le touché de Shaquille Johnson sur 35 verges, la plus longue passes accordée durant tout le match aura été sur 18 verges. C’est exceptionnel, rien de moins!

La seule erreur est survenue sur un jeu où les Lions ont profité de l’agressivité de Mitchell White. Ce dernier a sans doute été victime de son bon match contre les Tiger-Cats de Hamilton la semaine précédente. Il a rabattu plusieurs passes dans les zones courtes et il a même réalisé une interception. Les entraîneurs des Lions ont sans doute noté le tout et ils l’ont déjoué sur une double feinte. White a mordu sur le premier mouvement de Jennings et ce dernier n’a eu aucune difficulté à rejoindre Johnson fin seul pour le touché. Je vais dire bravo aux Lions.

Le seul élément négatif que je pourrais relever pour la défense, c’est qu’elle n’a pas été capable de provoquer de revirement. On l’a dit durant la saison morte, cette unité va devoir voler le ballon à l’adversaire pour offrir des terrains courts à l’attaque montréalaise. Au final, c’est un point qu’on aimerait améliorer pour la suite, mais ce n’est pas à cause de la défense que les Alouettes ont perdu samedi.

En résumé, la défense n’a alloué qu’un jeu explosif, les joueurs ont été solides sur les plaqués et elle a gardé son équipe dans le match jusqu’à la fin.

Prendre des risques au bon moment

On dit souvent au football qu’une équipe doit avoir le meilleur lors de deux des trois facettes du jeu pour l’emporter. Les Alouettes auront seulement eu gain de cause en défense, alors que l’attaque et les unités spéciales n’ont pas su remporter leur duel. Boris Bede a connu un match difficile sur ses bottés de dégagement alors que deux ont été jugés illégaux. Le problème c’est qu’ensuite il s’est donné un peu plus de marge de manœuvre en envoyant le ballon vers le centre du terrain, mais Chris Rainey avait alors un plus grand terrain de jeu pour manœuvrer. Les unités spéciales ont également écopé de plusieurs pénalités. Stefan Logan n’a pu générer de retours explosifs aussi. On réalise à quel point le travail de l’unité défensive était colossale alors que malgré tous ces points, c’était seulement 15 à 10 pour les Lions.

Même si le scénario pour la victoire était difficile à entrevoir alors que l’équipe tirait de l’arrière par 12 points avec moins de deux minutes à faire, je n’ai pas compris la gestion de la dernière possession des Alouettes. Ils ont engrangé des verges pour gonfler les statistiques, mais ils n’ont pas voulu prendre de risques en attaquant la zone des buts et qui sait se donner une chance ensuite pour un botté court et avoir une dernière chance pour la victoire.

J’ai pour dire que même si on met du rouge à lèvre à un cochon, ça demeure un cochon. Il ne faut donc pas sauter trop vite aux conclusions en regardant les statistiques finales du match, car même si elles paraissent bien, elles sont quelque peu trompeuse. La dernière séquence se résume en 13 jeux pour 74 verges en 1 minute 40 secondes, mais pour aucun point. De ces 13 jeux, Willy a peut-être complété 12 passes. Il est donc vrai qu’en regardant ses statistiques, on réalise qu’il a complété 72% de ses passes pour 281 verges. Il faut faire attention, car 12 de ses passes ne sont que pour 60 verges à la toute fin. Elles ne voulaient rien dire.

Je sais que les Lions jouaient de manière à défendre les zones profondes, mais à un certain moment, il faut prendre des risques ou sinon ils n’auront jamais la chance de gagner. J’étais prêt à vivre avec une deuxième interception de Willy s’il avait tenté une passe dans la zone des buts, car c’était ce qui était nécessaire. On peut entrevoir qu’il a risqué le jeu au mauvais moment lors de son interception et il n’a pas forcé le jeu en fin de match lorsque la situation l’exigeait.

La faute ne revient pas qu’à Willy, mais les entraîneurs devront aussi voir à la situation pour les jeux qui ont été choisis durant cette séquence. Un entraîneur aurait dû dire à Willy de tenter quelque chose pour inscrire des points. Je suis déçu que les Alouettes n’aient pas joué pour gagner ou pris le risque dans ce sens. J’espère que cette situation va changer à l’avenir et que des ajustements vont être apportés dans ce sens.

Je pense tout de même que c’est une prestation avec des éléments positifs sur lesquels les Alouettes peuvent bâtir pour la suite des choses. On ne se le cachera pas, cette équipe ne pourra se permettre de perdre la bataille des revirements, d’être la plus punie chaque semaine, car il manque encore un peu de talent au sein du groupe de joueurs. Ils se devront de compenser en travaillant encore plus fort que l’adversaire.

Ils peuvent se reprendre la semaine prochaine avec l’ouverture locale contre les Blue Bombers de Winnipeg. Je disais que la défense devra trouver un moyen de provoquer des revirements, la chance se présente avec le quart recru Chris Streveler qui remplace Matt Nichols blessé en ce début de saison. L’occasion est belle pour que la défense passe un message et permette à l’équipe de remporter la bataille des revirements.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant