Les Alouettes ont été complètement dominés vendredi au Stade Percival-Molson. On dit qu’on peut trouver du positif à chaque rencontre, cette fois l’exercice est impossible et il faudra rapidement savoir rebondir en vue de la prochaine rencontre contre les Roughriders de la Saskatchewan, samedi prochain à Regina.

Des joueurs soulignaient après la rencontre qu’il s’agissait d’une défaite d’équipe. On ne peut pas viser plus dans le mile. Les Alouettes ont été dominés en attaque, en défense, sur les unités spéciales, au niveau des entraîneurs et je dirais même au niveau du directeur général, des dépisteurs, bref tout le monde. Non seulement, Winnipeg était l’équipe avec les plus de talent sur le terrain, mais ils ont dominé de A à Z autant stratégiquement que physiquement.

Blue Bombers 56 - Alouettes 10

Stratégiquement, on a qu’à penser aux 588 verges d’attaque ou aux 56 points marqués contre les pauvres 128 verges de Montréal. Les Blue Bombers ont également converti 84 % (27/32) de leurs tentatives en situation de deuxième essai. Je ne me souviens pas avoir vu une équipe dominer à ce point cette statistique. Ce n’est pas peu dire, Winnipeg n’a dégagé le ballon qu’à deux petites reprises vendredi soir dont une sur le dernier jeu du match.

Physiquement, ce n’est pas compliqué, 245 verges au sol pour les Bombers et aucun sac du quart accordé. C’est simple, la guerre des tranchées était à sens unique. La ligne à l’attaque des visiteurs a été un réel rouleau compresseur, on aurait dit des hommes contre des enfants. Tyrrell Sutton a même été exclu du plan de match puisque l’équipe s’est retrouvée en football de rattrapage toute la rencontre.

Les locaux étaient à ce point malmenés que certains joueurs ont semblé abandonner et donner des signes de frustration. Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu une équipe cesser de compétitionner de la sorte. Certains joueurs semblaient vouloir lancer la serviette et abandonner. Ce n’est vraiment pas encourageant.

Pour mettre les choses en perspective, les Moineaux ont récolté 128 verges nettes d’attaque contre 126 verges de pénalité, on a donc gagné seulement deux verges de plus que le nombre de verges données sur les pénalités. Je ne me souviens pas avoir vu une telle situation. En deux matchs, l’indiscipline a coûté très cher aux hommes de Mike Sherman. Clairement l’équipe ne possède pas les éléments pour se permettre d’être indisciplinée.

Même les unités spéciales en ont arraché, un botté bloqué qui donne le ballon à la ligne de deux à l’adversaire et un botté de dégagement pour un gain net de deux verges. Boris Bede devra d'ailleurs reprendre sa forme rapidement sans quoi les Alouettes pourraient bien être forcée d'amener de la compétition au sein de l'équipe. Le Français, n'est toutefois pas le seule qui à quelque chose à se faire pardonner dans cette défaite et chaque joueur devront faire un profond examen de conscience.

Plus de questions que de réponses au poste de quart

Drew Willy semblait complètement dépassé par les éléments. Depuis qu' il a subi une blessure importante à un genou alors qu'il évoluait pour les Blue Bombers, il y a quelques saison, Willy est devenu une véritable machine à sacs. J’aimerais mieux utiliser cette expression pour un ailier défensif qu’un quart-arrière! Dès qu’on lui met de la pression tôt dans le match, il joue très nerveusement. Il ne parvient plus à trouver ses receveurs et conserve le ballon trop longtemps dans ses mains.

Retour sur un match extrêmement difficile

Ironiquement ce qu’il faudrait à Montréal est un quart mobile comme Chris Streveler. Les Alouettes n’ont pas bougé la pochette, ils n’ont pas non plus changé l’endroit d’où Willy doit décocher ses passes. L’équipe n’a même pas gagné une seule verge par la course avec un quart-arrière. Ce sont le genre d’ajustement à apporter quand tu as des problèmes de ligne à l’attaque. Ce n’est pas la force de Willy et la situation des quarts à Montréal est tout à fait désastreuse.

À l’exception des Stampeders de Calgary qui comptent sur deux nouveaux quarts-arrière réservistes peu expérimentés, chacune des huit autres équipes de la LCF compte un meilleur quart-arrière réserviste que le quart partant montréalais.  Avec une attaque déjà très limitée, si la défense se fait malmener, alors les Alouettes n’auront aucune chance et c’est ce qu’on a vu sur le terrain vendredi.

Streveler, une étoile en devenir

Il faut savoir reconnaître le brio des Bombers. L’unité à l’attaque a effectué 71 jeux, c’est un autre fait d’armes rare dans du football à trois essais. Le coordonnateur à l’attaque des Bombers, Paul LaPolice, a complètement étourdi les Alouettes avec un plan de match dymanique avec plusieurs jeux à contre-courant et un jeu truqué sur le touché d’Andrew Harris.

Un jeu truqué qui fait mal

Les Bombers ont décoché des passes de partout sur le terrain. Les joueurs de ligne défensive des Alouettes devaient courir toute la largeur du terrain pour atteindre Chris Streveler. Je serais bien curieux de connaître les statistiques de courses de la ligne défensive montréalaise. Ils ont probablement parcouru des kilomètres avec le plan de jeu des Bombers.

Le quart Chris Streveler m’impressionne drôlement. Je sais qu’il n’a joué que deux matchs jusqu’à présent, mais dans le cas des jeunes quarts, on veut voir une progression. Dans son cas on peut dire que c’est réussi jusqu’à présent. Au-delà de son exécution, ce que j’ai particulièrement aimé de Streveler c’est son sang-froid. Contre Edmonton lors de la première semaine d’activités, il a subi deux sacs et une interception dans les sept premiers jeux. Ensuite, il est revenu en force et a joué son meilleur football décochant trois passes de touché.

Vendredi, Henoc Muamba a voulu le punir sur un plaqué. En bon québécois, il a voulu lui arracher la tête. Résultat : Streveler s’est relevé sans casque, il était gonflé à bloc et voulait s’en prendre à Muamba, ses coéquipiers devaient même le retenir.  Il a remis son casque, est revenu dans le caucus et a lancé une passe de touché. On voit que le gars est un fier compétiteur et en tant que coéquipier tu remarques ça, tu respectes ça, tu adores ça.

Le porteur de ballon des Bombers Andrew Harris l’avait d’ailleurs comparé à Travis Lulay avec qui il a évolué en Colombie-Britannique. C’est tout un compliment! Lulay a connu d’excellentes saisons avec les Lions et avec la performance de Streveler de vendredi, je comprends pourquoi Harris a fait ce commentaire.

Place à la vraie progression

Je comprends le raisonnement des joueurs qui disent qu’une défaite de 45 points compte pour autant qu’une défaite d’un seul point, mais dans le contexte actuel avec une séquence de 13 défaites consécutives, la façon dont tu perds a un impact. On martèle le mot progression chez les Alouettes. Peut-être que ce ne sera pas des victoires, mais si on peut s’améliorer de semaine en semaine, on pourra construire là-dessus. Clairement, il n’y a pas eu de progression depuis la semaine numéro 1.

Le défi se sera de démontrer que ce n’est pas ça l’édition 2018 de l’équipe. Ils voudront définir leur saison par la façon de rebondir contre les Roughriders. On a tous hâte de voir ce que le match va donner en Saskatchewan, voir ce que l’équipe a dans le ventre et l’élément fierté de l’équipe.

Oui les deux premiers quarts de la saison étaient encourageants, mais les six suivants nous ont rappelés les Alouettes de 2017. Avec tous les changements qu’on a eus cette saison, il va falloir bien jouer et gagner des matchs pour commencer à y croire et pour que le « Jell-O pogne ».

Propos recueillis par le RDS.ca