AVANT-MATCH ALOUETTES C. ROUGE ET NOIR
 

MONTRÉAL – Chaque fois que le sujet de reposer des partants refait surface, on sent que ça torture Khari Jones. Tout s’explique puisque l’entraîneur-chef des Alouettes de Montréal a échappé l’occasion de remporter la coupe Grey comme joueur lors de circonstances similaires en 2001.

 

Jones devrait conserver de magnifiques souvenirs de cette année durant laquelle il a été choisi le joueur par excellence de la Ligue canadienne de football. Par contre, il se souvient plus de la défaite au match ultime, présenté au Stade olympique, face aux Stampeders de Calgary.

 

Détenant un dossier de 14-3 à l’aube du dernier match de la saison régulière, l’entraîneur Dave Ritchie avait opté pour épargner quelques joueurs clés pour ce duel qui avait justement lieu contre Calgary. Résultat, les Bombers ont perdu leur erre d’aller et ils n’ont pas été en mesure de le retrouver pour la finale.

 

« Je ne l’ai pas oublié. […] On était un peu dans la même situation et on a reposé des joueurs. J’ai joué une partie de ce match et c’était la première fois que je jouais en pensant avant tout à ne pas me blesser. On a perdu et cet affrontement a procuré bien de la confiance à Calgary. On ne jouait pas aussi bien et on n’a pas repris tout notre mojo de la saison. Ils étaient sur un élan pour la finale donc ils ont un peu mieux joué que nous », s’est rappelé Jones avec un peu d’amertume.  

 

« J’ai beaucoup appris de cette expérience. Dave Ritchie n’a plus jamais voulu reposer des joueurs. Croyez-moi, j’y pense constamment quand je dois composer avec une telle situation. Je veux qu’ils soient en forme et affamés, mais on doit trouver l’équilibre. Parce que ça ne donne rien d’être en santé si tu ne joues pas bien. J’y repense dans chacune de mes décisions », a poursuivi Jones qui aimerait qu’une formule magique existe.

 

Parmi les facteurs à considérer, les Alouettes n’ont pas bénéficié d’une semaine de répit depuis la fin août.

 

« Ça fait longtemps, je sais que les gars composent avec de la douleur. On doit gérer le tout de manière intelligente en donnant notre meilleur effort malgré tout », a soulevé Jones.

 

En 2001, Jones traversait les meilleurs moments de sa carrière. Présentement, il dirige plutôt un quart-arrière qui dispute sa première saison comme partant. On parle d’un univers totalement différent. Ce n’est donc pas étonnant que Vernon Adams fils sera employé de nouveau, vendredi soir (dès 18 h 30 sur RDS et RDS Direct), face au Rouge et Noir d’Ottawa.

 

« J’ai une idée de ce que je veux faire, le match va dicter un peu le tout aussi. La chose la plus importante, c’est que je veux voir une belle démonstration collective. Mais je veux aussi gagner la partie. Je me suis senti bizarre au dernier match. Je croyais que c’était la meilleure chose de reposer des joueurs, mais c’était la première fois que je vivais ça comme entraîneur-chef », a-t-il admis.

 

Adams fils s’attend donc à obtenir une utilisation similaire à la partie précédente (un quart et demi) contre Hamilton. Ce qu’il sait avec certitude, c’est qu’il veut procurer une première fiche gagnante – qui serait de 10-8 – aux Alouettes depuis 2012.

 

« On aurait pu finir 11-7 et on a échappé cette occasion. Maintenant, on veut conclure avec cette 10e victoire. Je trouve que ce serait gros pour l’organisation, les joueurs, les entraîneurs. Ça n’a pas été fait depuis longtemps, c’est gros », a-t-il argué.

 

Pour son entraîneur, la victoire a préséance sur le dossier final.  

 

« Je veux juste gagner des matchs et je veux que les gars le sachent. Je ne sais pas trop ce que ça signifie concrètement, mais quand tu es animé par un esprit compétitif, tu veux te donner toutes les chances pour que ça se produise », a maintenu Jones.

 

Patrick Levels figure parmi les joueurs des Alouettes qui ont soulevé la coupe Grey. À ses yeux, la conclusion de la saison régulière doit être inspirante.  

 

« C’est important d’entamer les éliminatoires en ayant fini le calendrier régulier sur une belle note.

 

« La fiche ne m’importe pas tant, c’est plus de savoir que tu amorces la prochaine étape en ayant bien joué. C’est mieux que de finir avec un doute en tête du style : "On n’a pas joué notre meilleur football". Quand tu gagnes, tu te dis que tu es habitué de le faire donc tu n’as qu’à continuer sur cette lancée », a proposé l’Américain de 25 ans.

 

Quatre victoires de suite et un championnat? 

 

L’idée n’est pas de lui imposer de la pression – de toute manière, il carbure à celle-ci – mais le succès du parcours éliminatoire reposera en grande partie sur les épaules d’Adams fils.

 

Il vient d’ailleurs de franchir son 18e départ en carrière, l’équivalent d’une saison complète à son actif. Quel bilan trace-t-il jusqu’ici alors que sa fiche de 12-6 est plus que respectable?
 

« Je ne suis pas un produit fini, je continue de travailler. Je veux encore progresser et transformer certaines défaites en victoires », a répondu le numéro huit.

 

La réponse de Jones a facilement eu le dessus.

 

« Il est pas mal bon! Je dis ça surtout pour le fait qu’il a une seule année derrière la cravate. Je l’ai vu franchir un autre niveau dans les derniers matchs. Il accomplit des choses qui ne sont probablement pas détectables pour tout le monde, mais je le vois en me basant sur les lectures de jeu à exécuter et son jeu de pieds. On remarque qu’il transpose de petites choses des pratiques jusque dans les matchs. Ça fait du processus de développement d’un quart et j’ai hâte de voir comment il va composer avec la suite. Il est là où il devrait être », a précisé Jones avec une formulation qui nous incite à avoir une pensée pour Jacques Demers.

 

Adams fils a été plus inspiré dans ses commentaires à propos de l’objectif à accomplir.  

 

« On n’a pas encore gagné quatre matchs de suite cette année. À deux reprises, on a enchaîné trois victoires, mais ce serait une belle occasion pour y parvenir en abordant le tout un match à la fois. On sait qu’on ne peut plus perdre maintenant, on ne veut plus que ça arrive. On veut gagner les quatre prochaines, une à la fois », a conclu Adams fils en ayant bien sûr le championnat en tête.