MONTRÉAL – On avait l’impression que c’était écrit dans le ciel depuis quelques années. Danny Maciocia a finalement été nommé à titre de directeur général des Alouettes de Montréal et son arrivée permettra de déterminer s’il s’agit du mariage requis pour ramener l’organisation au sommet.

 

Comme l’avait avancé le collègue Didier Orméjuste, Maciocia et Mario Cecchini ont été respectivement embauchés à titre de DG et président et ils ont eu l’occasion de rencontrer les médias lundi.

 

En 2016, l’histoire s’était plutôt terminée en queue de poisson pour Maciocia alors qu’un rôle de président avait été à sa portée. Finalement, Patrick Boivin avait hérité de ce rôle tandis que Kavis Reed avait été choisi comme directeur général.

 

Coupe Grey à Mtl : « Ma carrière serait complète »

À 52 ans, Maciocia, qui guidait les Carabins de l’Université de Montréal depuis 2011, considère que le moment ne pouvait guère être mieux choisi même si l’attente a été longue.

 

« Quand j’ai quitté (les Alouettes) en 2002, je croyais fortement que c’était une question de deux, trois ou quatre ans avant que je ne revienne, mais ça fait 18 ans. Aujourd’hui, je suis très ému parce que je suis en train de vivre mon rêve pour une deuxième fois », a confié Maciocia qui a entamé sa carrière avec les Alouettes en tant que bénévole pour se hisser jusqu’au rôle de coordonnateur offensif.

 

« Pour moi, ce défi arrive au bon moment dans ma vie. Je cherchais un dernier défi. D’aller chercher un dernier championnat dans ma ville à Montréal, ma carrière serait comblée. [...] Je ne voulais pas mourir à l’Université de Montréal, je suis un homme de défis et j’étais prêt pour un nouveau. Le timing est parfait », a-t-il ajouté en deux temps sur le même sujet.

 

Il y a un peu plus de trois ans, on peut rapporter sans se tromper que Maciocia ne s’était pas fait d’amis dans l’organisation des Alouettes alors que le processus d’embauche avait été quelque particulier. De l’eau a coulé sous les ponts depuis et le moment est arrivé de voir ce que cette association pourra produire.

 

Toutefois, le contexte n’est pas plus conventionnel. Rappelons-le, mais on parle ici d’un propriétaire (un duo en fait) qui a finalement été trouvé alors que l’entraîneur-chef, Khari Jones, avait signé une prolongation de contrat de trois ans. Le propriétaire le plus visible des deux, Gary Stern, a ensuite effectué des entrevues pour combler les postes de président et directeur général. Dans le dernier droit de ce processus, il a choisi son président tout en lui soumettant son souhait pour le directeur général.

 

« Gary a été clair que c’était une recommandation forte qu’il me faisait. Mais que si ce n’était pas ça, ce serait autre chose. Le tout s’est conclu vendredi et je peux très bien affirmer que c’est mon choix », a expliqué Cecchini.

 

Maciocia doit tout de même s’insérer dans l’équation quelque peu inusitée, mais il ne croit pas que le scénario avorté de 2016 puisse expliquer que les Alouettes n’aient pas repêché du côté des Carabins par la suite.    

 

« Non, et si le cas, je ne suis pas au courant. J’espère que ce n’était pas le cas, ce serait un manque de professionnalisme. Ce n’était même pas un petit froid, on ne s’entendait pas à l’époque, ce n’était pas un bon mariage à ce moment. Ça ne servait à rien de forcer les choses. Tu ne le ferais pas pour les bonnes raisons et tu aurais fini par payer pour éventuellement », a réagi Maciocia à ce sujet.

 

« Le mandat est très clair »

De plus, le nouveau DG des Alouettes se dit bien à l’aise d’œuvrer avec Jones comme entraîneur surtout que les résultats ont été éloquents sous sa gouverne.

 

« En regardant ce que Khari a accompli dans des circonstances extrêmement difficiles, je ne vois pas comment ç’aurait été possible de ne pas lui accorder ce contrat de trois ans. Si les rôles avaient été inversés, je ne pense pas que j’aurais fait les choses d’une autre manière », a indiqué Maciocia.

 

Étant donné qu’il est plus connu comme entraîneur-chef, on doit aussi se demander s’il ne visait pas davantage ce poste avec les Oiseaux.

 

« Quand j’étais DG à Edmonton, je n’étais pas prêt à l’être, j’évitais les lignes de côté parce que j’étais encore un coach. Aujourd’hui, je suis rendu ailleurs dans ma vie.

 

« En vérité, ça fait 18 ans que j’attends pour cette chance. Je suis content que ça se présente maintenant, je n’aurais pas été aussi prêt avant », a-t-il confié en ne pouvant cacher ses émotions dans sa voix quelques fois.

 

Pour Jones, il était bien au fait que Maciocia penchait vers ce défi.  

 

« On a mangé ensemble avant même la fin de la saison. Je savais qu’il était intéressé par le poste. Après le repas, je savais que ce serait un bon fit si ça finissait par se produire », a noté Jones qui a été libéré non pas une, mais deux fois par les Maciocia et les Eskimos d’Edmonton en 2005 et 2006.

 

Fidèle à lui-même, Jones a trouvé une touche d’humour pour répondre au fait que ça devait lui paraître étrange d’avoir des patrons auxquels se rapporter.

 

« Oui, je ne sais pas trop comment me comporter avec tous ces gens en place. Ce sera un peu différent, mais j’ai bien hâte. C’est très difficile de connaître du succès année après année sans miser sur de la stabilité. Ces changements rendent mon travail plus facile et je peux maintenant me concentrer sur le football », a-t-il dit en souriant.

 

Maciocia et Jones devront maintenant abattre beaucoup de boulot en vue de la saison 2020 surtout que Stern s’amuse à répéter que l’équipe remportera la coupe Grey. Les deux hommes sont impatients de s’attaquer à cette mission et Maciocia a rappelé que ce serait impossible sans l’appui de ses trois filles et sa femme.

 

« Le succès s’appelle Bianca, Juliana et Alessia Maciocia. Pour notre directeur général, notre entraîneur-chef, notre quart-arrière partant, c’est mon épouse Sandra. Elle est là depuis le début, elle croyait en moi. Quand j’étais bénévole, elle faisait les sacrifices pour payer toutes nos dépenses de l’époque », a-t-il précisé avec fierté.

 

Du pain sur la planche pour Cecchini

 

Si Maciocia attendait ce privilège depuis 18 ans, Cecchini en faisait tout autant depuis 10 ans. Déjà approché dans le passé pour devenir président des Alouettes, il a été l’élu cette fois.

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne chômera pas.

 

« Unir les gens sous un même toit, ça veut dire trouver un terrain, un terrain de pratique à proximité. C’est plus qu’un enjeu et qu’un souhait, c’est une priorité. Dès la semaine prochaine je vais travailler pour trouver des endroits. C’est primordial pour mille raisons, comme l’esprit de groupe, le sentiment d’appartenance et pour faciliter la vie des joueurs », a convenu Cecchini qui veut également maximiser les revenus du club.

 

Son mandat se fera aussi sous des propriétaires ontariens parfois moins familiers avec certaines réalités québécoises.

 

« Le mandat a vraiment été, comme on dit ici, arrange-toi pour que ça marche en rendant d’abord les fans heureux. Il me passe les rênes et on doit ensuite obtenir les résultats », a témoigné celui qui a œuvré comme gestionnaire dans les médias et dont sa grande passion du football remonte à son enfance en regardant des matchs avec son père.

 

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