Antonio Pipkin en a surpris plus d’un pendant la rencontre qui opposait les Alouettes aux Eskimos à Edmonton. Il était le 5e quart-arrière utilisé par l’équipe en 9 matchs, ce qui la rapproche du record de 6 partants différents envoyés dans la mêlée au cours d’une même saison.

C’est difficile de connaître des succès offensifs avec un pivot différent chaque semaine, mais c’est malheureusement la réalité à laquelle les Alouettes sont contraints. Donc, personne ne s’attendait à grand-chose, mais il est possible de dire que tout le monde a été agréablement surpris.

Pipkin a démontré beaucoup de belles choses et de potentiel à son premier départ chez les pros. Il semblait confiant dans la pochette, ne paniquait pas et le moment ne paraissait pas trop gros pour lui, ce qui est impressionnant pour un jeune homme qui est âgé de seulement 23 ans.

Il lançait de très beaux ballons, de beaux cigares qui sortaient bien de sa main. Il avait autant de doigté sur les passes courtes que de zip et de vélocité sur les passes profondes. Ce sont de beaux outils avec lesquels il pourra travailler. Il a également démontré qu’il peut courir avec le ballon, ce qui me pousse à me demander pourquoi les Alouettes l’avaient libéré en début de saison...

Les Alouettes savaient ce que les vétérans Drew Willy, Jeff Matthews et Vernon Adams fils pouvaient apporter sur le terrain, mais connaissaient aussi leurs limitations. Il me semble que Pipkin, c’est le genre de projet que les Alouettes doivent avoir pour assurer leur avenir. J’espère qu’ils vont lui donner la chance de rester avec l’équipe et qu’ils vont essayer de le développer.

Il y a plusieurs raisons qui expliquent les déboires des Alouettes depuis le début de la saison : les manques de talent de cohésion notamment, mais il y a également des manques de continuité et de stabilité au chapitre des joueurs. Je le répète : j’espère que Pipkin aura une vraie chance.

Il y a un autre problème sur lequel je ne veux pas m’attarder : l’indiscipline. C’est inacceptable pour une équipe qui connaît des difficultés comme les Alouettes d’écoper d’autant de pénalités. Des pénalités comme lancer le ballon au visage de son adversaire ou avoir 13 hommes dans le caucus... il faut vraiment faire attention.

On m’a demandé si l’entraîneur-chef Mike Sherman avait vraiment le contrôle de son équipe. À ce stade-ci de la saison, je ne peux que répondre qu’avec un gros point d’interrogation.

Bâtir autour de Muamba en défense

Les Alouettes connaissent beaucoup de difficultés en attaque, mais également – de façon inquiétante – en défense. Ça fait 4 matchs de suite que l’équipe donne plus de 500 verges d’attaque à au club adverse et 3 fois en 4 rencontres qu’elle accorde plus de 400 verges par la voie des airs. Ce sont des totaux plutôt impressionnants dans un sens de médiocrité.

Mais il y a un joueur qui n’a rien à se reprocher depuis le début de la saison : le meneur pour les plaqués dans la Ligue canadienne de football Henoc Muamba. Dans le match qu’il a disputé la fin de semaine dernière, il a réussi douze plaqués et un sac du quart. Il était partout sur le terrain.

Ç’a vraiment été une bonne acquisition pour les Alouettes depuis le début de la saison. Un joueur – canadien – qui n’a pas raté de rencontre et qui se présente du début à la fin du match, même dans une cause perdante. J’espère qu’il va être là pour longtemps. Il faudrait vraiment bâtir l’unité défensive autour de lui pour l’avenir.

Une première défaite pour les Stampeders

Les Stampeders de Calgary ont subi leur première défaite depuis le début de la saison et je lève mon chapeau aux Roughriders de la Saskatchewan qui ont accompli l’exploit. Les Roughriders perdent contre les Alouettes, puis gagnent contre les Stampeders, ce qui prouve peut perdre et n’importe qui. Tout peut se passer lorsque le match commence.

J’ai beaucoup critiqué Chris Jones depuis le début de l’année pour différentes raisons : stratégies et approches, mais il a été extrêmement créatif en défense cette fois. Toutes sortes de formations et de joueurs utilisés à des positions inhabituelles et ça lui a souri. Bo Levi Mitchell semblait mêlé et ne pas savoir quoi faire avec le ballon. Ç’a mené à plusieurs revirements.

Mention honorable à Jordan Williams-Lambert, qui a été ciblé 10 fois et qui a capté 10 passes pour des gains de 152 verges. Les Roughriders ont libéré Duron Carter la semaine dernière et ce n’est peut-être pas un hasard. L’équipe possède plusieurs bons jeunes receveurs athlétiques semblables à Carter. Williams-Lambert a donné raison à son entraîneur-chef de lui avoir fait confiance.

Du côté des Stampeders, ce n’est jamais mauvais de perdre un match, parce qu’une fiche parfaite amène beaucoup de pression. Plus les semaines passent, plus les gens ne font que parler de ça. Cette équipe a déjà beaucoup de pression pour gagner la coupe Grey, car elle a établi un standard d’excellence. Cette défaite va ramener les joueurs à l’ordre en leur rappelant qu’ils ne sont pas invincibles. Cette défaite ne peut être que bénéfique.

Le Rouge et Noir est l’équipe à battre dans l’Est

Le Rouge et Noir d’Ottawa est en train de s’établir comme la meilleure équipe de la division Est. Le Rouge et Noir a remporté 4 de ses 5 derniers matchs et devrait même surfer sur une série de 5 victoires s’il n’avait pas échappé une avance de 24 points contre les Argonauts de Toronto.

Depuis sa défaite gênante de 27-3 face aux Stampeders, le Rouge et Noir joue de mieux en mieux. L’équipe semble avoir mis ses problèmes de constance derrière elle. Rappelez-vous, le club jouait bien une demie, mal la suivante… bien un match et mal l’autre.

Le quart Trevor Harris joue du football inspiré par les temps qui courent et ses receveurs – à l’exception de Brad Sinopoli qui a été excellent depuis le début de la saison – commencent à s’illustrer. Avec l’unité défensive qui commence à retrouver son aplomb, c’est une équipe qui sera à surveiller jusqu’à la fin de la saison. C’est une équipe redoutable considérant ce qu’elle vient d’accomplir sur la route à Winnipeg.

Les Argonauts referont-ils le coup de 2017?

Les Argonauts et les Lions de la Colombie-Britannique ont offert un match enlevant. En regardant les statistiques, il est possible de constater que la lutte a été extrêmement serrée du début jusqu’à la fin. Les deux équipes se sont constamment échangé l’avance et c’est finalement le ratio au chapitre des revirements (3-2 en faveur des Argos) qui a fait toute la différence.

Les Lions étaient néanmoins en bonne position pour se sauver avec la victoire, mais l’habituellement fiable Emmanuel Arceneaux a échappé un ballon qui aurait vraisemblablement permis à son équipe d’inscrire un placement ou un touché par la suite.

Les Argos referont-ils le coup de 2017? Ils commencent à trouver leur rythme, à commencer par James Wilder fils, qui a porté le ballon 18 fois pour des gains de 91 verges. Anthony Coombs, qui n’avait pas joué depuis le début de la saison, s’est également signalé. L’an dernier, malgré un mauvais départ, ils s’étaient ressaisis pour ensuite aller remporter la coupe Grey. C’est une équipe à surveiller avec McLeod Bethel-Thompson au lieu de Ricky Ray au poste de quart.

Le réveil des Argos survient juste à temps pour trois affrontements contre des rivaux de section, à commencer par celui de vendredi soir contre les Alouettes au Stade Percival-Molson.

*Propos recueillis par RDS.ca