MONTRÉAL – Même si Zach Wilkinson était classé au quatrième rang du dernier classement publié par la Ligue canadienne de football, les Alouettes de Montréal ont pu le repêcher en troisième ronde et ça s’explique par quelques raisons.

 

En raison d’une prestation convaincante au combine à Toronto, Wilkinson avait vu son nom effectuer une ascension vertigineuse sur ce classement. Il était alors grimpé du 17e jusqu’au 4e rang. Il n’était devancé que par Mathieu Betts, Shane Richards et Justin McInnis sur cette liste.

 

Pendant que Richards, Betts et McInnis ont respectivement été choisis par les première, troisième et sixième sélections, Wilkinson a dû patienter jusqu’au 21e échelon.

 

Le joueur de ligne offensive, qui s’est développé à l’Université Northern Colorado, préfère voir la situation d’un bon oeil. 

 

« Bien sûr, comme n’importe quel joueur, je souhaitais sortir haut au repêchage, mais les choses arrivent pour une raison dans la vie. J’ai abordé cette étape en me disant que je suis déjà très chanceux de pouvoir continuer à jouer au football en étant payé. Je suis prêt à enfiler l’équipement et mon rang ne sera plus important à partir de cet instant », a confié Wilkinson au RDS.ca.

 

Quelques observateurs du football canadien ont prétendu que la sélection de Wilkinson en troisième ronde constitue un coup de circuit. On a voulu en savoir davantage et une source d’une autre équipe de la LCF a accepté de présenter son point de vue.

 

« Au rang où les Alouettes l’ont pris, la valeur est assez respectable », a lancé d’emblée celui dont l’opinion est bien respectée dans le milieu.

 

La patience qui a été requise de Wilkinson s’explique par quelques facteurs selon cet intervenant.

 

« Techniquement, il a beaucoup de choses à apprendre. Quand tu regardes les images de son jeu universitaire, tu vois un jeune avec lequel il y a encore pas mal de coaching à faire.

 

« La chose avec lui, c’est qu’il a été blessé aux épaules plus d’une fois. Nos gars du côté médical l’ont évalué et c’est quand même un risque à cause de cet historique. C’est un aspect qui était une grosse préoccupation pour nous. S’il se pète encore l’épaule, qu’est-ce qui arrivera ? Je ne sais pas jusqu’où les Alouettes ont poussé leurs recherches, mais je pense que c’est l’une des raisons qui expliquent pourquoi il était disponible à ce moment », a-t-il ajouté.

 

Sur le terrain, cet interlocuteur perçoit avant tout un élément qui se démarque dans son répertoire.

 

« Ce qu’on aime de lui, c’est qu’il joue avec une bonne dose d’agressivité. Selon moi, c’est un peu pour ça qu’il a été très agressif au combine, il voulait montrer que ses épaules sont correctes », a avancé cette source.

 

Wilkinson assure que son jeu est toujours fidèle à cet échantillon exposé devant les recruteurs et les dirigeants des équipes.

 

« Je suis définitivement un joueur très physique qui essaie de jouer avec de la hargne. Je veux que mes adversaires sachent que je ne vais pas leur faciliter la vie. Le respect demeure important entre les sifflets, mais c’est vraiment mon style. Ma façon de jouer au combine est à l’image de mon rendement sur le terrain », a plaidé le colosse de six pieds cinq pouces et 285 livres.

 

Du côté de la personnalité, Wilkinson s’est aussi assuré de se faire remarquer en célébrant à haute voix une confrontation remportée contre un adversaire (Michael Sanelli) à Toronto. Adepte du trash talk, comme bien des joueurs, Wilkinson n’est pas du style à être timide.

 

« Quand on l’a interviewé, on a eu l’impression que c’est un jeune qui veut en faire un peu trop. Le fait qu’il ait réagi comme ça au combine, ça ne m’étonne pas. On dirait que ça va dans ce sens. À mon avis, c’est le genre de gars qui arrive dans un vestiaire sans se soucier que d’autres ne l’aiment pas », a évoqué cet intervenant.

 

Zach WilkinsonWilkinson prétend plutôt qu’il optera pour une approche posée.

 

« Comme recrue, ça reste important de se fermer la trappe et d’apprendre des vétérans. Quand je serai un peu plus à l’aise, je pourrai afficher davantage ma personnalité. Je vais quand même m’attarder à baisser la tête et travailler d’arrache-pied pour gagner une place au sein de l’équipe. Je réalise que je n’ai encore rien prouvé dans la LCF et que je dois gagner le respect des joueurs et des entraîneurs », a-t-il commenté.

 

Un éventuel partant ?

 

Utilisé comme garde et comme bloqueur avec les Bears de Northern Colorado, Wilkinson est perçu comme un garde dans LCF. La grande question demeure plutôt de savoir s’il parviendra à s’établir comme un partant sur une base régulière.

 

« S’il est en santé, il pourrait se développer de manière intéressante. Il a l’attitude que tu veux sur cette unité. Je ne dirais peut-être pas comme partant, mais comme sixième joueur de ligne offensive. Si on doit lui confier un départ, il devrait pouvoir y arriver sans mal paraître, mais on ne le voit pas comme un partant régulier pendant les 10 prochaines années », a jugé notre source.

 

« La position ne me dérange pas, je vais m’adapter à leurs besoins. Je vais jouer à la position qui me permettra d’être sur le terrain », a réagi Wilkinson à ce sujet.

 

Une semaine s’est déjà écoulée depuis le repêchage. Depuis ce moment, Wilkinson a vécu sa graduation et il s’est empressé de vendre plusieurs biens.

 

« À partir de maintenant, je vais vivre uniquement grâce à deux valises pour un certain temps », a-t-il convenu en riant.

 

Avec le temps qui lui restait, il a poursuivi son entraînement et il a communiqué avec quelques joueurs et entraîneurs du club montréalais.

 

« Durant le combine, j’ai côtoyé Sam (Samuel Thomassin que les Alouettes ont repêché avec leur choix territorial au 19e rang). Avant le repêchage, j’ai aussi parlé quelques fois avec Trey Rutherford qui a été très gentil avec moi pour partager son expérience. J’ai bien hâte de travailler avec eux à Montréal », a témoigné Wilkinson.

 

Élevé par sa mère, l’athlète originaire de la Colombie-Britannique a surmonté quelques épreuves pour convaincre une équipe de la LCF de le repêcher. Il entend poursuivre dans ce sens dans les prochaines années.