MONTRÉAL – Le constat peut sembler étonnant, mais le poste de quart-arrière serait plus exigeant dans la Ligue canadienne de football que dans la NFL. Cet énoncé vient de Mike Sherman, qui peut s’appuyer sur une expérience pour le moins valable même s'il prêche pour sa paroisse du moment. 

 

Après 13 parties, le nouvel entraîneur du club montréalais a déjà assisté à la 10e défaite de sa troupe. Force est d’admettre que la formation montréalaise aurait eu besoin d’un sauveur à la position de quart-arrière pour limiter les dégâts. Vous savez, un Mike Reilly, un Bo Levi Mitchell, un Trevor Harris ou un Jeremiah Masoli. Chacun leur tour, Johnny Manziel (25 ans) et Antonio Pipkin (23 ans) ont démontré des signes intéressants pour redresser le navire, mais ils n’ont pas su atteindre la vitesse de croisière de ces piliers offensifs du circuit canadien.

 

La clé résiderait peut-être dans l’expérience selon les constatations de Sherman.

 

« C’est particulier parce que tu peux envoyer dans la mêlée un quart-arrière recrue dans la NFL maintenant, ça se voit de plus en plus. Mais la moyenne d’âge des partants dans la LCF, outre à Montréal, est de 31 ans alors que nos gars sont plus âgés d’environ 25 ans », a relevé Sherman.  

 

« Il y a une courbe d’apprentissage à traverser pour devenir un bon quart dans la LCF. C’est plus difficile, il y a plus de responsabilités sur tes épaules. Je pense aux 20 secondes entre les jeux, aux mouvements des receveurs, au contrôle du rythme de l’attaque. Tu n’as pas beaucoup de temps pour surmonter un mauvais jeu. Il y a plusieurs variables qu’un jeune quart doit absorber et ça exige du temps. Johnny avance dans ce processus », a détaillé Sherman, qui a d’ailleurs consacré du temps à revoir certaines des prestations de Manziel avec les Browns de Cleveland, un environnement plus facile à maîtriser selon lui.

 

D’après Sherman, Manziel se débrouille plutôt bien pour gérer l’unité offensive, partager les signaux ainsi que les commandes, s’assurer que ses coéquipiers soient bien placés et démarrer le mouvement de ses receveurs.

 

Le principal intéressé a conclu que l’une de ses prochaines missions – en plus de dégainer plus vite – sera de mieux exécuter son jeu de pieds.

 

« Je me sens clairement plus confortable, mais je dois continuer d’avoir un meilleur jeu de pieds. À Hamilton, j’ai été plongé dans un système dans lequel mon jeu de pieds a été modifié. On voit Jeremiah glisser dans la pochette et avancer pour effectuer ses passes. On ne fait pas vraiment ça ici, on utilise plus un style classique avec des pas de recul. Je vois encore quelques exemples où je fais les mêmes gestes qu’en début de saison. Je dois m’assurer de ne pas avoir de mauvaises habitudes. Je considère que j’aurais pu lancer le ballon plus rapidement quelques fois », a décrit Manziel.

 

Plusieurs coupables pour une protection déficiente

 

Il faut dire que la protection n’a pas été à la hauteur dernièrement. On parle d’un immense total de 12 sacs concédés depuis deux parties. Bien sûr, la ligne offensive a éprouvé des ennuis, mais les quarts doivent faire leur part et Manziel le reconnaît. Ensuite, il faudrait que les receveurs parviennent à élever leur jeu d’un cran. Les défenses adverses parviennent trop facilement à les contenir si bien que les passes tardent à être décochées et les sacs se multiplient.

 

Sherman avait employé l’expression « courir pour sauver leur vie » en parlant du contexte auquel les quarts étaient confrontés. Il a saisi l’occasion pour tempérer sa remarque.

 

« Je n’aurais probablement pas dû employer cette formule parce que les quarts auraient parfois pu lancer le ballon s’ils étaient demeurés dans la pochette. En sortant de celle-ci trop vite, ça place les joueurs de ligne offensive dans une position plus difficile. Notre ligne offensive a progressé sauf qu’on a encore quelques enjeux à régler, mais ça s’en vient », a mentionné l’entraîneur.

 

Ajouté en renfort durant la saison, Adarius Bowman n’a pas encore eu l’effet escompté et il espère que son unité fera amende honorable jusqu’à la fin de la saison.

 

« Je fais partie des problèmes actuels, il faut trouver une manière que ça fonctionne. Je suis le premier à blâmer, j’ai échappé deux passes qui n’étaient pas faciles, mais que j’aurais dû attraper. La chimie va progresser, je peux confirmer que le groupe est bon », a réagi Bowman.

 

En ce qui concerne les membres de la ligne offensive, Na’ty Rodgers avait été inséré comme bloqueur à droite sur la troisième série offensive des Alouettes, au début du deuxième quart. Philippe Gagnon avait alors cédé sa place à Sean Jamieson, qui s’était déplacé comme garde à droite. Considérant les ennuis éprouvés par Jamieson durant la rencontre quand il a repris sa position de bloqueur à droite, on aurait pu penser que Rodgers viendrait le remplacer ce dernier à un certain point.

 

« Na’ty a concédé un sac et je pense qu’on a réagi un peu trop fortement à cette situation. On l’a retiré du match, mais on n’aurait pas dû le faire. On aurait dû être plus attentifs à la durée de son bloc. Après tout, il ne pas bloquer éternellement.

 

« Non, ce n’était pas trop difficile de le renvoyer sur le terrain, on aurait dû le faire. C’était une erreur de notre part », a jugé Sherman avec franchise.

 

Paul Dunn, l’entraîneur de la ligne offensive qui vit sa première saison dans la LCF, s’est expliqué de cette manière.

 

« La protection n’a pas été très bonne du côté droit lors de cette séquence avec Rodgers donc on est revenus à la formation précédente. Pour être franc, ça n’a pas vraiment traversé mon esprit de le renvoyer dans l’action. Je trouvais que Sean était plus plongé dans le rythme du match », a commenté Dunn.

 

Jamieson a été tout autant honnête en reconnaissant que sa performance n’avait pas été satisfaisante.

 

« J’en suis encore au point d’essayer de progresser semaine après semaine. Ce fut une saison un peu folle pour moi, mais je tente de faire de mon mieux. Je vais continuer d’étudier et de me développer », a indiqué l’athlète de 24 ans.

 

En terminant, les Alouettes ont annoncé l’ajout des receveurs américains Zachary Parker et Damond Powell sur l’équipe d’entraînement. Il faudra voir si ces nouveaux candidats peuvent éventuellement renflouer cette unité qui bat de l’aile.