MONTRÉAL – Plusieurs zones grises persistent depuis le congédiement de Jacques Chapdelaine qui a tout fait sauf relancer l’équipe. À travers les branches, on pouvait entendre qu’une partie considérable du vestiaire souhaitait son départ. L’ailier rapproché Nik Lewis l’a, en quelque sorte, confirmé lors du bilan de l’organisation.

 

« Je ne suis pas celui qui prend les décisions, mais je vais vous dire que plusieurs choses se passaient en coulisse. Je ne veux pas salir la réputation de Jacques, je veux regarder vers l’avant pour que ça se passe mieux la saison prochaine », a confié Lewis qui n’est pas reconnu comme le joueur le plus difficile à diriger.

Questionné sur le commentaire de Lewis, le directeur général Kavis Reed n’a pas voulu s’ouvrir à ce sujet.

 

« Jacques est merveilleux en tant que personne, il n’y avait pas de problème avec lui. Quand j’ai décidé d’y aller avec lui, c’était à cause de son parcours. On a décidé de rompre les liens, mais ce n’était pas à la suite de choses en coulisse », a répondu Reed.

 

Ce qu’on a pu confirmer, c’est que les joueurs n’étaient pas déçus de son licenciement et ils ont d’ailleurs gardé le moral par la suite malgré des échecs cinglants à répétition.

 

Lewis fait sans aucun doute partie du lot. Le quart-arrière Darian Durant a également écorché Chapdelaine après la fin de son règne. On peut aussi présumer que le receveur Ernest Jackson n’était pas triste. Aux dires de Reed, les forces de Jackson n’ont pas suffisamment été mises en valeur.  

 

« Il est déçu de sa saison, mais une grande part de la responsabilité repose sur mes épaules quant à la manière dont il a été utilisé. Je ne crois pas qu’on l’a bien employé au départ. Quand un joueur doit apprivoiser un nouveau rôle, ça exige des ajustements de la part du joueur qui peut être affecté. On s’attend à plus de sa part », a jugé le DG.

 

Mais qu’en est-il du niveau de compétition de cet athlète au physique de rêve qui n’a pas donné l’impression de se sacrifier très souvent sur le terrain?  

 

« Il y a plusieurs facteurs derrière cet enjeu. On a pu croire qu’il jouait plus lentement, mais parfois c’est un manque de connaissance de la position. Tu finis par plus penser sur le terrain. Je l’ai vu jouer avec plus de vitesse à sa vraie position », a insisté Reed qui espère sans doute recevoir un meilleur rendement sur son investissement en 2018.

 

Que penser de Durant et Shiltz? 

 

Cela dit, l’investissement le moins rentable a sans contredit été celui de Durant. Le quart-arrière de 35 ans a confirmé que ce fut la saison la plus éprouvante de sa carrière.

 

« C’était tout simplement une année difficile. Comme je l’ai déjà dit, je m’étais imposé beaucoup de pression sur les épaules en arrivant ici en voulant si bien faire pour changer la culture et la pente négative. Mais une spirale a commencé sans qu’on puisse la freiner. Cette saison, j’ai essayé de faire des choses qui ne me convenaient pas », a-t-il reconnu avec humilité.

 

Durant n’est pas pour autant prêt à jeter l’éponge.

 

« C’est déjà oublié dans ma tête. Je pense déjà à 2018 et je veux revenir dans la meilleure forme physique que je peux. Je veux faire tout ce que je peux pour que ça ne se reproduise pas puisque ce n’est pas une belle sensation. J’espère que les autres gars auront la même motivation », a exprimé le vétéran qui a dû composer avec une ligne offensive frappée par les blessures et un travail décevant de sa brigade de receveurs.

 

Bien sûr, Reed et le nouvel entraîneur qui sera embauché pourraient croire en sa relance. Sinon, ils pourront le sacrifier en le libérant dans les prochains mois ou le convaincre d’accepter une baisse de salaire pour agir en tant que réserviste et mentor pour la relève. Durant se dit prêt à jouer ce rôle.

 

« Oui, bien sûr. Je suis sous contrat. Peu importe le rôle qu’on me confiera, je vais le faire à 100 %. Je ne suis pas égoïste, je comprends le milieu. J’ai été dans les souliers de Matthew (Shiltz, un quart prometteur) et ceux des vétérans maintenant », a déclaré l’Américain.

 

Des manques absolument partout

Nul doute, Shiltz n’a pas vécu le premier départ espéré, vendredi, à Hamilton, dans une défaite de 33 à 0.

 

« C’est certain que je n’anticipais pas que mon premier départ se déroule ainsi, mais je vois ça comme une opportunité pour apprendre. On n’a pas été en mesure d’exécuter le plan comme on devait. La responsabilité commence par moi, je dois mieux reconnaître les situations », a avoué Shiltz.

 

Cependant, il mérite de l’indulgence puisqu’il devait commander une attaque privée de plusieurs réguliers. Ses coéquipiers ont surtout retenu ce contexte périlleux.  

 

« J’aime ses atouts, j’aimerais parfois qu’il lance plus rapidement le ballon pour encaisser moins de coups. Les jeunes qui sortent du niveau universitaire veulent réussir un jeu sur chaque essai, mais ce n’est pas la même chose ici, ce n’est pas mauvais de devoir dégager sur certaines séquences. Il a les outils pour devenir un excellent quart-arrière », a exprimé Lewis.  

 

« C’est un bon jeune quart, qui a une tête sur les épaules, qui lance très bien le ballon et qui est rapide dans ses décisions. Il a un très bon potentiel. Mais le plus important avec un jeune quart, c’est de ne pas fabriquer le plan de jeux sur ses épaules. Même Anthony Calvillo, à ses premières années à Montréal, pouvait se fier sur Mike Pringle à ses côtés comme porteur de ballon », a pointé Luc Brodeur-Jourdain.  

 

« Je pense qu’il a beaucoup de talent et il travaille extrêmement fort, il a un grand respect pour le football. Ce sera surtout une question de lui donner une chance pendant plusieurs matchs. Je crois en lui, c’est certain », a dit Kristian Matte.   

 

« Je crois qu’il a beaucoup de potentiel. L’échantillon demeure petit, il doit continuer de grandir comme athlète », a souligné Durant.

 

Giguère aux JO en bobsleigh? 

 

Tout comme plusieurs de ses coéquipiers, le receveur Samuel Giguère a connu une année laborieuse. En plus de devoir se remettre d’une blessure qui a hypothéqué sa saison, il n’a pas réussi à se démarquer à son retour.

 

« La saison a été pénible, il y a plusieurs leçons à tirer et il faut faire les apprentissages nécessaires », a mentionné l’athlète de 32 ans.

 

Giguère aura toutefois une manière de retrouver le sourire. Le Québécois tentera de nouveau sa chance en bobsleigh. Il rejoindra le contingent canadien de cette discipline dans les prochains jours à Calgary et il essaiera de se tailler une place sur l’une des équipes canadiennes afin de participer aux prochains Jeux olympiques.