MONTRÉAL – L’orgueil des Alouettes en a pris un coup lorsqu’une bande dessinée du Washington Post s’est moquée de l’organisation montréalaise en l’identifiant comme la pire destination du football professionnel en Amérique du Nord. Pire que les Bills de Buffalo, c’est vous dire.

En entrevue à RDS, le bédéiste Keith Knight a reconnu que Montréal était une ville bien plus attirante que Buffalo. La blague visait plus le rendement sur le terrain et elle est devenue très populaire des deux côtés de la frontière considérant que Johnny Manziel évolue maintenant avec les Alouettes.

Une BD du Washington PostDe plus, le timing de la publication ne pouvait guère mieux tomber alors que les dirigeants des Alouettes ont imploré la patience des partisans, pour les quatre années de misère, en leur adressant une lettre.

La loyauté demandée aux amoureux des Alouettes n’est pas facile à obtenir dans cette époque où l’allégeance peut changer en l’espace d’un clic. Il ne s’agit peut-être que de la deuxième année du règne de Kavis Reed avec les Oiseaux, mais la progression doit être plus apparente dans un circuit à neuf formations qui permet à six clubs d’accéder aux éliminatoires.

L’enjeu se transpose également dans le vestiaire des Alouettes. Où se situe le niveau de patience des vétérans de ce club? On songe notamment à des piliers comme Kristian Matte et Henoc Muamba qui pourraient vouloir partir où le gazon semble plus vert.

« C’est sûr que ça fait mal, je ne mentirai pas. Ça fait quatre ans que c’est difficile. En même temps, on a tout changé année après année. Maintenant, on commence à changer la culture de notre équipe. On reste positif pour cette raison. Je ne pense pas que notre fiche reflète le talent de notre équipe. On travaille fort et on remarque une énergie différente cette année. Il y a quelque chose qui se bâtit, mais on n’est pas encore rendus », a répondu Matte invité à décrire son niveau de patience.

« On sait qu’on demande d’être patients, mais il y a quelque chose qui se développe. Il faut garder cette patience même en tant que joueur. On ne voit pas tout le temps la fin, mais il y a un chemin à traverser. On doit avancer une étape à la fois », a-t-il poursuivi.

Sherman et Manziel pourraient-ils quitter?

La question trottait déjà dans la tête de bien des gens et elle se transforme de plus en plus en un doute. Est-ce que l’entraîneur Mike Sherman et le quart-arrière Johnny Manziel seront de retour avec les Oiseaux en 2019?

L’interrogation est légitime considérant le pétrin dans lequel les Alouettes sont embourbés. Déjà que Sherman s’était laissé tirer l’oreille avant d’accepter l’offre de Kavis Reed, sera-t-il tenté de poursuivre cette aventure alors que son curriculum vitae n’a clairement pas besoin de l’ajout d’une coupe Grey.

« J’aborde les choses une semaine à la fois en faisant de mon mieux pour qu’on puisse gagner des matchs », a simplement répondu Sherman sur cette question glissante.

Sherman n’est pas dupe, il savait que la reconstruction des Alouettes ne serait pas aussi facile à compléter qu’une passe de touché pour Brett Favre. Cela dit, il ne pouvait pas prévoir un rendement si décevant.  

« Je savais qu’il faudrait établir des fondations, mais c’est évident que je m’attendais à gagner plus de matchs. C’est décevant pour moi que ce ne fut pas possible. On a de très bons partisans, ils ont continué de nous supporter. Je pense que l’avenir regarde bien, on a établi des fondations et une culture, on joue du football compétitif sans pouvoir l’emporter toutefois. On a fini par se battre nous-mêmes.

« C’est avant tout difficile de perdre autant de matchs. Si on avait gagné plus de matchs, le scénario serait sans doute différent, mais ça ne s’est pas produit », a exposé Sherman.

Quant à Manziel, ses ambitions de retourner dans la NFL sont connues. Il n’a rien prouvé pour mériter une nouvelle chance, mais ce n’est certainement pas derrière une ligne offensive aussi fragile qu’il peut solidifier son argumentaire.

« J’ai une autre année de contrat et je prévois revenir pour une autre année. Je veux aussi m’impliquer pendant la saison morte, je veux garder contact avec des gars qui reviendront. Je pense à participer à des entraînements en Californie ou dans le coin, près d’ici, question de bâtir quelque chose. Personne ne va aimer le goût qui va nous rester dans la bouche cette année. La seule façon de corriger les choses, c’est en travaillant », a mentionné Manziel.

« Je vais revenir parce que je suis encore sous contrat. J’aime ça ici, j’ai apprécié mon temps à Montréal. J’ai confiance en Kavis et Coach Sherman pour dénicher toutes les pièces nécessaires afin que notre niveau de compétition soit élevé », a-t-il ajouté plus tard.

Le sujet crucial concerne le plan poursuivi par Reed. On en aura une meilleure idée à la fin de l’année, mais il faudra que cette vision ne sonne pas trop faux aux oreilles de ses patrons et de ses lieutenants. Pour le moment, l’appui semble encore présent, du moins publiquement.

« Il essaie de rendre notre équipe meilleure. On n’a pas accédé aux éliminatoires et il avait une occasion pour faire progresser notre formation en complétant des échanges. C’est difficile de voir partir des joueurs de cette qualité qui ont aidé notre groupe, mais il fallait penser à l’avenir. Voilà ce qu’il a fait.

« Kavis essaie d’améliorer notre équipe et on espère que ça se produise. Je supporte ses décisions », a déterminé Sherman devant les médias.

Henoc Muamba consitue la pierre angulaire de la défense montréalaise. Il avait fini par choisir l’offre de Reed au lieu de s’engager ailleurs.

« Je savais qu’il y aurait beaucoup de défis à surmonter et qu’on traversait plusieurs moments difficiles parce qu’il y avait eu bien des changements au sein de l’équipe. L’une des choses qui me rend bien fier, c’est qu’on a beaucoup grandi depuis le début de la saison même si ça ne paraît pas dans notre fiche.  J’ai vu une grande croissance dans cette équipe et ça me donne beaucoup d’espoir », a-t-il confié.

Et le plan de Reed, tu l’approuves toujours?

« Absolument, je suis ici et j’y crois », a conclu Muamba qui doit sans aucun doute souhaiter que les actions en attaque finissent par rapporter.