MONTRÉAL – Ce n’était pas nécessairement prévu ainsi, mais Philippe Gagnon et David Côté se retrouvent, chacun à leur position, avec un rôle accru de manière hâtive au camp d’entraînement. 

Après trois saisons avec les Alouettes (de 2016 à 2018), Gagnon a poursuivi sa carrière avec le Rouge et Noir d’Ottawa en 2019. L’organisation montréalaise l’a rapatrié en vue de la saison 2020 qui a été relégué aux oubliettes. 

Un an plus tard, la retraite inattendue - quelques jours avant le camp d'entraînement - de Jason Lauzon-Séguin a favorisé son utilisation auprès des partants de la ligne offensive. 

« Est-ce que je m’y attendais? Non. Chaque année, peu importe ton expérience ou l’entraîneur, tu dois mériter ta place. Mais j’arrivais avec l’état d’esprit que si je n’étais pas le partant, je voulais le devenir », a admis Gagnon qui évolue comme garde à gauche. 

Avec Tony Washington comme bloqueur à gauche, Gagnon comme garde de ce côté, Sean Jamieson au centre, Kristian Matte dans le rôle de garde à droite et Landon Rice (ou Chris Schleuger) en tant que bloqueur à droite, la ligne offensive dispose d’une expérience intéressante. 

Cela dit, Jamieson apprivoise le rôle de centre dans la LCF. 

« Il n’a pas cette habitude, mais il est super brillant. Quand il jouait garde et bloqueur, il comprenait le cahier de jeux. Honnêtement, il est très à l'aise pour un gars qui est centre pour une première année. On a quand même beaucoup de vécu donc les rares fois (que ça manque de clarté), on s'en parle et c’est ça l’important », a-t-il expliqué. 

Gagnon sonne très heureux de renouer avec les Alouettes. D’autant plus que la saison 2019 a été laborieuse avec Ottawa. Un dossier de 3-15 notamment provoqué par la perte du coordonnateur offensif deux semaines avant le camp d’entraînement. 

« Je n’étais pas partant et je n’étais même pas habillé pour la première moitié de la saison donc il a fallu que je continue de travailler et me prouver à de nouveaux entraîneurs », s’est rappelé Gagnon qui a surmonté cette adversité. 

Deux ans plus tard, il a l’impression de revenir dans le temps si ce n’est de Luc Brodeur-Jourdain qui a fait la transition vers le métier d’entraîneur.  

« C’est plaisant de retrouver ce groupe-là, des visages familiers que je connais bien. Je les apprécie et j’ose croire que c’est réciproque. Je ne pourrais pas demander mieux, c'est un groupe fantastique avec des jeunes qui poussent derrière, a noté Gagnon qui n'a pas le physique idéal pour s'installer dans la DeLorean. 

« En plus, avec Luc qui est maintenant payé pour partager son expérience et il le faisait déjà comme joueur », a enchaîné Gagnon avec un sourire qui émerge de sa bouille d'apparence sérieuse. 

Le colosse de 311 livres est, sans contredit, heureux de goûter au football une fois de plus.

« La pandémie a été un défi pour tout le monde. Je me suis trouvé un travail à temps partiel. J'avais le luxe de ne pas en avoir besoin, mais je l’ai fait pour me garder occupé, pour avoir quelque chose dans ma journée et ne pas me laisser dépérir », a décrit l’athlète de 28 ans qui a passé de beaux moments avec sa conjointe. 

Côté peut-il relever le défi dès son année recrue ?  

David CôtéQuant à Côté, repêché en cinquième ronde ce printemps, il s’est plongé dans une lutte à cinq botteurs à l’ouverture du camp des Alouettes. Une semaine plus tard, l’organisation a libéré le vétéran Tyler Crapigna et Côté obtient l’occasion de s’approprier les bottés de précision (les placements et les bottés d’envoi). 

« C’est dommage, mais on trouvait que Tyler n’avait pas la même puissance qu’auparavant dans sa jambe. On a pris cette décision et il y a maintenant une compétition avec les autres. On espère qu’un botteur s’emparera de ce rôle. On doit trouver le bon botteur, c’est une partie importante », a réagi l’entraîneur-chef Khari Jones. 

Lundi matin, Côté a eu accès à une audition fort intéressante pour les placements. 

« Je suis content que ça me donne plus d’opportunités de démontrer ce que je peux accomplir. [...] C'est vraiment là (les placements et les bottés d’envoi) que je crois et que l’organisation pensent que j'ai le plus de chances de me tailler une place pour cette saison donc je me concentre là-dessus depuis le début du camp », a expliqué le produit du Rouge et Or de l’Université Laval. 

Côté possède justement une autre année d’admissibilité universitaire. Cela dit, considérant que les Alouettes ne sont pas outillés d’un botteur établi, ce serait étonnant que Côté retourne à Québec. 

En ce qui concerne les dégagements, la lutte se fera surtout entre le botteur australien Joseph Zema et Félix Ménard-Brière.  

« Zema ne fait pas les placements. Il est un très bon botteur pour les dégagements et je dirais qu’il a une petite avance. C’est encore tôt donc on verra. On voit des choses, mais on veut en voir plus avec les journées qui avancent », a exposé l’entraîneur-chef. 

Dans un monde idéal, Côté aurait pu se tourner vers un botteur plus expérimenté pour l’accompagner dans son ascension. Avant de quitter, Crapigna a partagé une partie de son savoir. 

« J'apprécie l'occasion de montrer [mon talent] »

« Je me fie un peu sur les vétérans comme Pierre-Luc Caron (le spécialiste des longues remises) qui est dans la LCF depuis quelques années. On s’adapte la première semaine puis on rentre dans le moule et on suit la parade », a imagé Côté qui découvre le rythme plus élevée incluant les pratiques quotidiennes durant quatre heures. 

Bien sûr, Ménard-Brière et lui peuvent également s’entraider, mais ça demeure une lutte. 

« On se connaissait un petit peu, j'ai joué un an contre lui donc on avait eu l'occasion de se parler. C'est une compétition très saine, ce n’est pas c'est pas la rivalité Carabins – Rouge et Or comme les gens peuvent penser », a conclu Côté, avec le sourire, qui a participé au Hula Bowl en janvier dernier où il a pu côtoyer des entraîneurs de la NFL et vivre une immersion anglophone d’une semaine.