MONTRÉAL – Au départ, ça ressemblait plutôt à une façon de s’amuser. Mais plus on le regarde aller et plus on se demande si Vernon Adams fils ne possède pas un meilleur avenir dans la LCF en tant que receveur.
 
À première vue, ce raisonnement peut paraître loufoque surtout que l’athlète de 25 ans vient de parapher une prolongation de contrat avec les Alouettes en tant que quart-arrière. Par contre, quelques facteurs laissent croire qu’Adams fils serait mieux d’envisager cette possibilité sérieusement :

  • Les Alouettes semblent avoir déterminé que Johnny Manziel, Antonio Pipkin et Matthew Shiltz peuvent « donner plus de bonbons » aux partisans dans les prochaines années.
  • Si tout le monde est de retour pour le camp d’entraînement 2019, pas moins de cinq quarts se battront pour du temps d’utilisation (Manziel, Pipkin, Shiltz, Jeff Mathews et lui-même).
  • Adams fils possède des atouts très intéressants en tant que receveur (rapidité, agilité et des mains habiles) pour les particularités du football canadien.

Depuis quelques semaines, le numéro huit participe donc à quelques répétitions en tant que receveur lors de chaque entraînement tout en conservant son chandail bleu, la couleur qui identifie les quarts-arrières. Sa présence faisait sourire au début, mais il ne suffirait que le costumer avec un chandail de receveur pour berner l’œil des observateurs.
 
Puisque la fin de la saison des Alouettes planche déjà sur les projets de 2019, on lui a posé la question bien sérieusement.
 
« Oui, c’est définitivement une possibilité. En grandissant, j’ai joué à plusieurs autres positions comme maraudeur et receveur. Je me suis toujours assuré de demeurer en grande forme. Je sais que je ne suis pas le plus imposant donc je me disais que c’était toujours bien d’en faire plus pour démontrer aux entraîneurs ce que je pouvais accomplir. Je crois que, si je suis bien encadré, je pourrais jouer comme receveur ou même comme demi de coin », a-t-il répondu avec sérieux lui aussi.

 Cela dit, il n’a pas encore franchi l’étape psychologique de foncer vers cette option.
 
« Non, je n’y songe pas plus présentement. J’ai encore l’intention de pousser très fort durant la saison morte et de plaider mon cas lors du prochain camp d’entraînement. Je pense que mon plus grand talent restera à ma position actuelle. Mais, en étant quart-arrière, je connais les particularités de l’attaque et de la défense, je sais comment jouer à ces positions », a-t-il réagi.
 
La compétition qui est attendue en 2019 pourrait toutefois l’inciter à tenter cette transition.
 
« Si je dois le faire pour rester sur l’équipe, je vais le faire. Mais je suis encore quart-arrière sauf que l’équipe dispose d’une certaine profondeur à cette position présentement », a exprimé Adams fils.
 
C’est à cet instant qu’il nous a appris qu’il avait déjà entamé ce processus lorsqu’il appartenait aux Tiger-Cats de Hamilton, durant le camp d’entraînement 2018.  Vernon Adams
 
« En fait, quand j’étais à Hamilton avec Johnny (Manziel), je me suis entraîné pendant deux semaines comme receveur. Je savais que les Tiger-Cats essayaient de m’échanger et pensaient à me libérer. J’étais capable de jouer avec les partants et c’est un peu connu par les équipes que je peux jouer comme receveur », a noté l’ancien des Ducks de l’Université d’Oregon.
 
Adams fils s’accorde tout de même un autre essai en tant que quart-arrière. Sa logique repose sur un simple calcul. Il ne voit pas comment les Alouettes pourraient garder cinq quarts-arrières avec de l’expérience au sein de l’organisation.
 
« Quelqu’un devra partir, c’est comme ça. Je ne sais pas qui partira, mais c’est inévitable. Ce n’est que normal. D’ailleurs, ça pourrait être moi, je pourrais être échangé ou libéré. Ce ne serait pas la première fois. Je connais mon statut, je sais que je suis un réserviste dans la LCF », a lancé l’Américain avec réalisme.
 
Le moins que l’on puisse dire – surtout avec une telle affirmation – c’est qu’Adams fils aura accompli beaucoup de chemin à l’extérieur du terrain à défaut de progresser sur celui-ci.
 
On se souviendra de sa sortie médiatique quand il a férocement critiqué les partisans des Alouettes. Il n’avait pas accepté que ceux-ci exigent la présence de Manziel pendant qu’il se démenait contre les Eskimos d’Edmonton à la fin juillet.
 
« J’ai réagi de la mauvaise manière au départ quand Johnny est arrivé et que les gens réclamaient sa présence sur le terrain. Mais je ne comprenais assez bien le côté business de ce contexte. Je devais gagner en maturité par rapport à ça et j’y suis parvenu. J’ai pris un pas de recul pour m’y faire et je suis prêt à remplir les missions qu’on voudra me confier pour demeurer dans la LCF. Je devais réaliser que j’étais un réserviste », a exposé le droitier.
 
Par conséquent, il a effacé la « baboune » de son visage et il a fait tout en son possible pour motiver les troupes. Régulièrement, on l’a vu danser et sauter sur les lignes de côté durant les matchs pour revigorer les troupes.
 
« Je vais me faire libérer si je passe mon temps à être fâché après le monde parce que je ne suis pas un partant. Aucune équipe n’a besoin d’un gars comme moi qui se lamente. J’ai choisi d’être heureux et de témoigner de l’amour aux partisans même si j’ai dit ce que j’ai dit quand j’étais fâché. Quand j’étais jeune, je me souviens que j’allais aux matchs et que je souhaitais ce lien de proximité avec les joueurs », a déduit Adams fils.
 
Ce changement de position a été réussi plus d’une fois par des athlètes quand ils avaient déjà atteint la LCF. En plus des exemples fructueux comme celui de Brad Sinopoli, plusieurs receveurs actuels jouaient au poste de quart-arrière plus tôt dans leur parcours comme l’a prouvé Eugene Lewis avec sa belle passe truquée, dimanche dernier, contre Toronto.