Même si la victoire est toujours la bienvenue, vous conviendrez que le résultat importait peu dans l’affrontement qui s’est soldé par la marque de 38-26 en faveur des Tiger-Cats de Hamilton.

Les Alouettes ont rempli leur mandat malgré tout.

Ce n’est pas évident comme approche, alors que les Montréalais doivent disputer des matchs qui n’ont plus aucune incidence au classement. L’objectif est donc de se préparer pour le premier match éliminatoire le 10 novembre prochain. Les joueurs souhaitent ardemment que cette confrontation devant les Eskimos d’Edmonton arrive au plus tôt.

Par conséquent, plusieurs éléments sont à prendre en considération lorsque vient le temps d’analyser un tel match. Tout d’abord, les Alouettes ont reposé plusieurs partants et ce n’est pas tout le cahier de jeux qui a été utilisé puisque Khari Jones ne veut certes pas déjà dévoiler ses cartes aux Eskimos.

Je crois que l’entraîneur-chef peut dire mission accomplie avec un match qui avait les allures de rencontre préparatoire. Ce qu’il faut dans ce type de duel, c’est de quitter avec confiance, avoir de belles sensations sur le terrain, et surtout, éviter les blessures majeures. C’est ce qui s’est produit samedi.

Scénario idéal pour Adams

Lorsque Vernon Adams fils a quitté, les Alouettes menaient 14 à 6 ce qui était alors à mon avis le scénario idéal pour retirer le quart numéro un du match. Tout ce que je voulais, c’était que lorsque les partants des deux équipes allaient s’affronter, je souhaitais un léger avantage pour les Montréalais.

La défense des Tiger-Cats est l’une des meilleures du circuit alors qu’elle vient au premier rang avec une faible moyenne de 18 points accordés par rencontre. Adams ne s’en est pas laissé imposer. Malgré une interception, une mauvaise décision sur une passe piège, il a su compléter deux belles séquences pour des touchés. L’une a compris 12 jeux pour 80 verges et un majeur, alors que la seconde correspondait à 10 jeux et 75 verges pour encore une fois un touché.

Jones pouvait alors se dire qu’il sortait Adams fils du match avec une énergie positive. C’était le but de l’exercice. Imaginez si le contraire c’était produit et qu’Adams avait cherché ses repères durant toute la première demie, l’entraîneur-chef aurait peut-être voulu le garder dans le match afin que son quart n’ait pas la confiance en miette.

Adams a bien répondu après son interception et il a joué de chance alors que les Tiger-Cats auraient dû ramener un jeu pour un touché, mais ça ne s’est pas produit. C’est l’histoire de sa saison, et au final, force est d’avouer que les statistiques sont bonnes. Il n’a raté que trois de ses 14 passes tentées pour des gains de 142 verges et deux passes de touché.

La ligne à l’attaque a aussi bien répondu dans ce match puisque le front défensif de Hamilton se compare à celui de Winnipeg parmi les meilleurs à travers la LCF. Les Alouettes ont enregistré 134 verges en 22 courses pour une moyenne de 6, 1 verges par portée. Ce sont des chiffres intéressants devant une bonne ligne défensive.

Des minutes de qualité avec de la robustesse

Autre point que j’ai apprécié de cette rencontre et que j’ai surveillé, la tenue des réservistes.

On en parlait avec Adams, mais Matthew Shiltz a su bien faire en relève. C’était une belle opportunité pour lui offrir du temps de jeu, alors qu’on ne sait jamais. Si Adams devait souffrir d’une blessure le 10 novembre, c’est primordial que Shiltz ait eu quelques répétitions au cours de la saison. Il a su mener l’attaque à un touché en rejoignant Chris Matthews pour clore une séquence de sept jeux et 83 verges en fin de deuxième quart.

Tous les réservistes ont eu du temps de jeu de qualité contre une formation qui a présenté son équipe A sur le terrain. Les partants de Hamilton ont été sur le terrain durant la majorité de la rencontre.

La profondeur des Alouettes est donc prête à répondre présente au besoin.

Un élément à prendre en compte lorsqu’une équipe affronte les Tiger-Cats est la tenue des unités spéciales et je dirais qu’il y a eu match nul à ce niveau aujourd’hui ce qui est très bien. On connaît la force de frappe de Hamilton sur ce plan et c'est rare qu’ils ne gagneront pas cette facette.

Boris Bede a su refouler l’adversaire profondément dans son territoire en plusieurs occasions avec ses dégagements. Il est aussi sur une excellente séquence pour ses placements avec 16 réussites consécutives.

Nos attentes sont élevées envers lui en raison de ses succès à son année recrue alors qu’il avait complété 36 de ses 40 placements. Depuis, c’est certain que nous sommes parfois plus sévères avec lui, mais il fait très bien présentement.

Outre les stratégies, les Alouettes ont su être à l’égal des Tiger-Cats pour la robustesse sur le terrain. Il ne faut pas se laisser endormir par le sourire de leur entraîneur-chef Orlondo Steinauer, c’est un petit pitbull. Il veut une équipe qui va remporter ses bagarres de ruelle et qui va s’imposer physiquement.

Les Alouettes ont su répondre à cette robustesse alors qu’ils ont payé le prix, ils ont encaissé, mais ils ont été capables de répliquer également pour ne pas se faire marcher sur les pieds.

Même les réservistes n’ont pas été impressionnés et la preuve, le tableau indicateur ne donnait qu’une priorité de deux points aux Ti-Cats au début du quatrième quart.

Je sais qu’il ne faut pas trop rapidement sauter aux conclusions, mais les Alouettes ont rempli leurs mandats sur ses différents points.

Si les deux formations devaient s’affronter en finale de l’Est à Hamilton, on sait que les Montréalais ne seront pas intimidés.

Des points à corriger en défense

Je veux me pencher un peu plus attentivement sur le travail défensif, car beaucoup de points ont tout de même été accordés et certains éléments doivent être corrigés.

Sans chercher des excuses, ils manquaient de bons joueurs dans cette unité, alors que Tommie Campbell et Henoc Muamba n’étaient pas en uniforme. Il faut en prendre et en laisser, mais des aspects préoccupants se répètent.

Lors de leur dernier match devant les Argonauts de Toronto, le quart adverse avait complété 78 % de ses passes. Cette semaine, Dane Evans est à près de 81 % ce qui est bien trop élevé.

Les Argos avaient été parfaits en trois présences dans la zone payante, ce qui veut dire qu’ils n’ont pas été limités à un placement, mais bien à des touchés. Les Tiger-Cats ont terminé en étant 4/4. La pression n’était pas présente non plus sur le quart après un sac enregistré sur 45 passes tentées, on parle cette fois d’un autre sac, mais sur 36 passes. C’est insuffisant.

L’unité défensive a peiné à quitter le terrain rapidement, alors que les Argos n’ont connu qu’une séquence de deux jeux suivis d’un botté. Les Ti-Cats ont fait face à pareille situation qu’une seule fois en 13 séquences. J’ajoute un seul revirement provoqué et on voit que la défense a de la difficulté à redonner le ballon à son attaque.

Même s’il manquait des bons joueurs, ce sont des points à surveiller. Au final, cette tendance doit arrêter, car même avec des joueurs différents, le scénario est le même. Ce ne sera pas une bonne recette en éliminatoire.

La solution passe par la pression sur le quart adverse. Si ce dernier est affecté et que l’attaque quitte le terrain rapidement, je suis d’avis que la défense aura des statistiques avantageuses.

L’unité défensive a eu des difficultés aussi à remplir ses objectifs qu’elle se fixe. Souvent elle cherchera par exemple à enrayer le jeu au sol avant de limiter la production des joueurs étoiles. Brandon Banks a connu un fort match avec trois touchés et 201 verges.

Par contre, les Alouettes ne voulaient peut-être pas montrer tout leur jeu quant à la couverture sur Banks. Malgré tout, il a été dominant, mais elle ne doit pas le prendre personnel, car le receveur a mal fait paraître plusieurs demi-défensifs cette saison. Quand on se compare, on se console.

Blague à part, la préparation se poursuit pour les Eskimos en demi-finale de l'Est. Les entraîneurs passent bien plus de temps à surveiller les stratégies pour Edmonton, plutôt que cette semaine avec les Tiger-Cats ou la semaine prochaine pour le Rouge et Noir.

J’ai trouvé intéressant que Khari Jones entame le match avec un jeu truqué à l’attaque, car les Eskimos vont être forcés d’accorder du temps de préparation pour contrer ce jeu, mais il est fort probable que les Alouettes ne l’utiliseront pas. S'ils prennent du temps à l'entraînement pour ce jeu, ils en auront moins aillers... Le jeu d’échecs est ainsi bien entamé.  

*Propos recueillis par Maxime Tousignant