En présence d'athlètes aussi doués qu'Anthony Calvillo et Ricky Ray, une confrontation pourrait s'avérer la clé lors de la finale de l'Est et il s'agit de la bataille des tranchées même si elle ne présente pas un cachet aussi spectaculaire qu'une attaque dévastatrice menée par ces deux chefs d'orchestre.

Fidèles à leur nature, les joueurs des lignes offensive et défensive ne se pavanent pas devant les journalistes en criant que la partie repose entre leurs mains. Toutefois, ils reconnaissent l'importance de leur mission quand le sujet est abordé.

« La partie se joue sur la ligne de mêlée et c'est le cas de tous les matchs de football que j'ai joués depuis mes débuts à huit ans », a avoué le plus que fiable garde Scott Flory, qui en sera à sa 10e participation en finale de l'Est.

À première vue, les Alouettes ont toutes les raisons d'aborder cette rencontre avec confiance car ils ont gagné la bataille des sacs au compte de 8 à 2 en trois matchs contre Toronto cette saison.

Cependant, les membres de la ligne offensive des Alouettes savent que les duels contre les Argos ne sont pas de tout repos surtout dans un rendez-vous de cette envergure.

« On est confiant pour dimanche, mais ça ne veut pas dire que c'était facile même si nous avons eu du succès contre eux. En regardant les vidéos, on a vu que nous avons été en mesure de bien les bloquer, mais ce n'était pas parfait », a convenu le centre Luc Brodeur-Jourdain.

« Même si on n'a pas accordé beaucoup de sacs, on s'était parfois fait battre homme à homme sauf que ça ne paraît pas dans les statistiques », a-t-il ajouté conscient du défi qui approche à grands pas.

Afin de permettre à Calvillo d'étaler son talent, la ligne offensive se veut la fondation du travail. Leur boulot devient d'autant plus complexe contre une unité défensive des Argos menée par le coordonnateur Chris Jones qui est reconnu pour inventer des blitz.

« Ce sera crucial d'avoir une bonne communication (sur la ligne offensive) tout au long du match étant donné la variété de fronts défensifs qui seront envoyés par Jones », a avoué Brodeur-Jourdain en semblant voir des images défiler dans sa tête.

En 2012, la ligne à l'attaque des Alouettes a terminé au premier rang de la LCF — à égalité avec les Lions de la Colombie-Britannique — pour le nombre de sacs concédés. Ce rendement a permis à trois membres du groupe (Flory, Brodeur-Jourdain et Josh Bourke) d'être choisis sur l'équipe d'étoiles de l'Est.

Cette bataille a été remportée haut la main par les Alouettes puisqu'aucun joueur de la ligne offensive des Argonauts n'est parvenu à se tailler une place dans cette sélection.

Ceci dit, Flory et sa bande savent que ce n'est point garant d'une victoire contre un groupe d'athlètes aussi imposants.

« Leur front défensif est composé d'un paquet de gros bonshommes dont un plaqueur de six pieds et huit pouces (Kevin Huntley), Armond Armstead qui pèse 295 livres, Adriano Belli qui est de retour, leur secondeur Robert McCune qui est fort comme un bœuf… Bref, la portion physique est très importante dans la défensive torontoise », a détaillé Brodeur-Jourdain avec anticipation.

Ne pas se frustrer contre Ricky Ray

De l'autre côté du ballon, la ligne défensive montréalaise aura toute une commande devant elle avec le quart des Argos. Ray, un vétéran de 10 saisons, a connu son lot de matchs de cette ampleur et il ne semble jamais perdre son sang-froid même en encaissant une multitude de coups.

« Ce n'est pas frustrant de voir cela et il faut surtout continuer de le frapper. Éventuellement, comme tous les hommes, il finira par flancher à force d'être cogné », a soutenu le plaqueur Alan-Michael Cash, qui est bâti comme un cube de glace ou un morceau de roc selon votre préférence.

Malmenée par les blessures cette année, la ligne défensive des Alouettes a trouvé le moyen d'accomplir du boulot fort respectable et plusieurs remplaçants sont parvenus à contribuer.

À ce sujet, l'entraîneur Marc Trestman a vanté le travail de recrutement du directeur général Jim Popp ainsi que celui du nouveau coordonnateur défensif Jeff Reinebold.

« Jeff a réussi à implanter un système différent malgré plusieurs nouveaux joueurs. Jeff et son unité ont surmonté plusieurs épreuves parce que la chimie et la dynamique sont influencées chaque fois que tu perds un joueur. Son travail est l'une des raisons pour lesquelles nous sommes rendus ici », a prétendu Trestman sans s'avouer complètement satisfait de sa défense.

« Nous avons très bien joué à plusieurs occasions, mais je crois que nous avons rarement joué quatre quarts à la hauteur. C'est évident que nous sommes très exigeants envers nous-mêmes aussi. »

Avec une foule qui devrait tourner autour de 50 000 spectateurs au Stade olympique, les spectateurs les plus éloignés de l'action n'auront peut-être pas la vision idéale pour suivre la bataille des tranchées en détails, mais ils pourront remarquer l'impact de celle-ci sur le travail offensif des deux formations.

Les Alouettes disputeront, dès 12 h 25 à RDS, leur neuvième finale de l'Est en 11 ans et il s'agira du septième duel contre Toronto depuis 2002 à ce match. L'unique défaite montréalaise contre les Argos est arrivée en 2004 quand Calvillo est tombé au combat et que Ted White avait pris la relève.