Bravo au Rouge et Or, qui a atteint la Coupe Vanier grâce à une victoire de 36-6 sur les Golden Hawks de Wilfrid Laurier en fin de semaine. On a vu que le football au Québec est en santé.

Ce qui m’a le plus impressionné, c’est que ç’a été une victoire basée sur la stratégie, l’intensité, la robustesse, le plan de match et l’exécution. Ç’a été une domination totale. On aurait juré que les coordonnateurs défensif et offensif étaient dans le caucus de l’adversaire avant chaque jeu tellement on était bien préparé, tellement on savait ce qui s’en venait et qu’on avait bien étudié. Le Rouge et Or n’a pas semblé surpris par aucune stratégie des Hawks. Quand tu domines physiquement, que tu imposes ta volonté et que tu domines stratégiquement, il ne reste pas grand-chose à l’autre équipe. La préparation a été excellente.

En voyant les chiffres des Hawks avant la rencontre, je me disais qu’il allait falloir protéger le ballon, ce que Hugo Richard a fait, et que Richard devait être protégé aussi. Finalement, on n’a alloué qu’un sac du quart. La ligne à l’attaque a gagné 267 verges alors que les Hawks ont été limités à seulement 121, eux qui en gagnaient pourtant en moyenne 271 par match. Tout ce qu’il fallait faire, on l’a fait. La grosse machine du Rouge et Or s’est mise en marche.

Les points que j’ai trouvés intéressants du côté de l‘attaque, c’est qu’on a intégré des jeux structurés pour le quart-arrière Hugo Richard. On sait que c’est un gars mobile et que c’est un bon athlète, mais on ne l’a pas nécessairement vu beaucoup courir cette saison. Samedi, il a réalisé quelques courses improvisées, mais plus souvent structurées, pour un total de sept courses et 82 verges avec un touché. Quand on s’est rendu compte que les Hawks utilisaient des stratégies de couverture défensive où ils déployaient beaucoup de monde en couverture comparativement à peu de monde dans la boîte défensive, le Rouge et Or y a vu un avantage. Souvent, le Rouge et Or était à 7 contre 5 avec ses cinq joueurs de ligne à l’attaque, un porteur en plus du quart, c’était donc un jeu d’enfant de laisser le quart courir. Parfois le porteur de ballon devenait le centre arrière et ouvrait le chemin. D’autres fois, il n’y avait pas de porteur et ça devenait une question d’attirer le quart-arrière. Quand le quart ne court pas, défensivement tu as toujours l’avantage car on joue à 12 contre 11, mais quand il se met à courir, on joue soudainement à 12 contre 12. Cette dimension a vraiment surpris Laurier. Quand ce dernier arrivait avec des blitz, le Rouge et Or tentait la passe piège. C’est comme si on était toujours en avance de quelques jeux. Laval avait toujours des réponses prêtes pour les différentes couvertures et les différents blitz. Bravo aux joueurs qui ont exécuté le plan de match.

Préparation excellente, sélection de jeux excellente suivie d’une exécution excellente, voilà une recette gagnante.

ContentId(3.1207505):Blitz : Guerre des tranchées!
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Défensivement, on savait qu’on devait arrêter le jeu au sol, car Laurier était no 1 au Canada à ce chapitre. C’est intéressant car le Rouge et Or affrontait un système de blocage différent qu’on ne voit pas beaucoup au Québec, soit de nombreux blocs homme à homme ou encore des blocs où on décroche des joueurs de ligne et qu’on les amène du côté gauche ou droit. Il y avait beaucoup de chassés-croisés dans le champ arrière avec plusieurs porteurs de ballon, aussi des blocs en croisé au niveau de la ligne à l’attaque. Ça fait en sorte que défensivement, il faut être prêt et discipliné plus que jamais. Le front défensif a été excellent dans les circonstances. On ne s’est pas fait étourdir ou déranger par tous les mouvements dans le champ arrière. On a lu nos clés, on a pris nos responsabilités, on a rempli nos affectations et on a joué en groupe. C’est grâce aux petits détails qu’on a réussi. Pour freiner le jeu au sol, ce n’est pas l’affaire que d’un seul gars, c’est l’affaire de la défense au complet tout dépendant des stratégies. Des fois, il y a des stratégies où tu veux contenir le jeu, d’autres où tu veux faire déborder le jeu. C’est une affaire d’intensité, de robustesse, de vouloir et de désir. Il faut se salir le nez parce que c’est physique, et Laval a dominé à ce niveau.

J’ai déjà hâte de voir l’affrontement entre l’attaque du Rouge et Or et la défense des Dinos, dont le coordonnateur est l’ex-entraîneur des Alouettes de Montréal Tom Higgins.

La finale de la Coupe Grey est en place

Dans l’Est, le Rouge et Noir d’Ottawa a vaincu les Eskimos d’Edmonton 35-23.

On avait tous hâte de voir comment le Rouge et Noir allait amorcer la partie, car cette saison, chaque fois que l’équipe profitait d’une semaine de congé, elle se faisait démolir le match suivant. Ils ont d’ailleurs perdu 43-19 face aux Alouettes et 48-23 face aux Stampeders. Clairement, l’entraîneur-chef Rick Campbell s’est dit que ça ne pouvait plus continuer ainsi. Le Rouge et Noir s’est entraîné toute la semaine comme si c’était une semaine normale. Il a changé sa façon de faire et ç’a été payant, comme en témoigne un départ canon de 17-0. Les joueurs n’étaient pas rouillés.

Eskimos 23 - Rouge et Noir 35

Je trouve qu’ils ont bien géré l’adversité contrairement à l’autre équipe. Les conditions n’étaient pas évidentes au milieu d’une tempête de neige. Dans ce contexte, ça devient difficile de lancer le ballon et on s’attend à ce que les receveurs aient de la difficulté à changer de direction et à attraper le ballon. On a donc tendance à s’en remettre davantage au jeu au sol, sauf qu’ils ont perdu leur porteur régulier, Moses Madu, dès la première séquence du match. Heureusement, le remplaçant Kienen Lafrance a répondu à l’appel. Ce Canadien qui vient du Manitoba est habitué à ce genre de conditions et il a joué un match exceptionnel. Pendant la saison entière, il a accumulé 163 verges de gains au sol; il en a eu 157 en un seul match hier. Sa ligne à l’attaque a aussi bien fait contre le front défensif des Eskimos, ce qui est habituellement leur force.

Un héro inattendu pour le Rouge et Noir

Je parle aussi d’adversité parce que tout roulait pour Ottawa jusqu’à ce que le pointage se resserre en deuxième demie. Au quatrième quart, des échappés d’Henry Burris et du retourneur Khalil Paden ont porté la marque à 28-23. Tout le monde devait se demande si la chaîne venait de débarquer. On avait le contrôle du match, tout le monde avait du plaisir, tout le monde riait, puis l’ambiance a changé. Ottawa a tout de même résisté et est revenu plus fort durant une séquence importante avec des passes de Burris en deuxième essai pour faire avancer les chaîneurs, en plus du festival Kienen Lafrance et ses jeux au sol. Ils sont allés marquer un touché au sol pour sceller l’issue du match et écouler les dernières minutes au chrono.

Ils ont réussi à ne pas s’écrouler, alors que certaines équipes auraient pu sentir le tapis glisser sous leurs pieds et ne plus être capable de freiner la descente.

La logique respectée

Lions 15 - Stampeders 42

Du côté de Calgary, ils ont maintenu leur standard excellence en battant les Lions de la Colombie-Britannique 42-15. Quand tu as une fiche de 15-2-1, que tu finis premier dans la ligue et que tu profites d’une semaine de congé, ce serait bien triste de gâcher tout ça en perdant en finale de l’Ouest. Ce sont eux qui ont le mieux joué toute la saison, et les voilà maintenant à la Coupe Grey après une performance parfaite. Parfois, l’histoire du négligé ou d’une équipe qui arrive de nulle part, c’est divertissant, mais quand tu as déjà joué et que tu sais tout ce que ça prend pour en arriver à une telle fiche, tu ne veux pas voir personne la bousiller.

Aussi, bravo aux entraîneurs. Calgary n’avait pas joué depuis trois semaines. En plus, son dernier match, le 30 octobre, ne voulait rien dire contre les Als. Bo Levi Mitchell et plusieurs autres réguliers n’avaient même pas joué. Ç’a dû être difficile de gérer le calendrier pour Dave Dickenson. Je ne sais pas exactement comment il s’y est pris, mais il a visiblement effectué les bonnes décisions. Sa troupe est partie sur les chapeaux de roue si bien que c’était 32-0 à la mi-temps. C’était terminé, c’était une domination dans toutes les phases du jeu. C’est une équipe mature qui était prête et qui a bien exécuté sur le terrain dans la mesure de son talent.

Des Stampeders au galop!

Les finalistes se sont affrontés deux fois cette saison. Le verdict : un match nul et un gain des Stamps (48-23). Chaque fois, Henry Burris était absent, alors que Trevor Harris prenait la relève. Son retour peut changer la donne. D’autant plus qu’il va affronter son ancienne équipe. Il avait gagné la Coupe Grey avec eux en 2008, avant d’être échangé aux Tiger-Cats de Hamilton et de prendre le chemin de la capitale canadienne.