Ne manquez pas Gagner en français – Le Rouge et Or de l’Université Laval sur les ondes de RDS, vendredi à 23 h.

Lorsque j’ai commencé mon parcours à l’Université Laval, j’étais un adolescent. À ma graduation, j’étais devenu un homme. Je dis souvent aussi que j’étais un bon athlète à mes débuts universitaires, mais que je me suis transformé en joueur de football.

Comme le programme du Rouge et Or, la fin des années 1990 a été un tournant dans ma vie.

C’est en 1999 – l’année où l’Université Laval a savouré sa première victoire à la Coupe Vanier – que j’ai disputé ma première saison de football. J’étais alors un étudiant au Cégep de l’Outaouais. À cette époque, il n’y avait pas de programme de football au sein des institutions scolaires de ma région. J’ai donc évolué avec les Dukes de Gloucester au niveau midget en Ontario. J’ai instantanément eu la piqûre pour ce sport.

Je me souviens très bien d’avoir vu les Mathieu Brassard et Mathieu Bertrand du Rouge et Or. C’est drôle parce que mes souvenirs de la première conquête de l’Université Laval sont un peu vagues. Je ne peux pas vous dire où j’étais la journée du 27 novembre 1999 ni avec qui j’ai regardé le match.

Mais je me rappelle cette année-là d’avoir regardé cette équipe à la télévision alors que j’habitais chez ma mère. Je trouvais ça cool et je commençais à m’intéresser au football au même moment où le Rouge et Or est devenu la première université francophone au Canada à remporter les grands honneurs.

J’ai commencé à suivre ce que le Rouge et Or faisait et je réalisais ce que ce programme représentait en raison de ses exploits sur le terrain. Après la victoire à la Coupe Vanier, on voyait l’équipe un peu partout.

J’ai connu une très bonne saison à mon année recrue au football. Différents entraîneurs m’ont incité à m’essayer au niveau collégial québécois pour augmenter mes chances de jouer à l'université par la suite.

Je suis donc allé rejoindre mon ami de Gatineau, Phillip Gauthier, au Collège André-Grasset de Montréal. C’était seulement ma deuxième saison de football, mais les succès se sont poursuivis alors que j’évoluais aux postes de demi de coin et de retourneur. J’ai connu une année formidable à tous les points de vue.

Pourquoi choisir l’Université Laval?

J’ai été recruté par beaucoup de programmes universitaires après cette campagne. Je n’avais pas joué au football avant l’âge de 18 ans, alors je sortais un peu de nulle part. Toutes les universités québécoises me contactaient, elles qui étaient au nombre de quatre en 2001 puisqu’il n’y avait ni Montréal ni Sherbrooke à ce moment. Il y avait même des universités américaines et du reste du Canada qui m’approchaient.

Je pratiquais le football depuis deux ans, alors ce n’était pas la chose la plus importante dans ma vie. J’y trouvais beaucoup de plaisir et ça allait bien. Mais, d’abord et avant tout, ma priorité était de rester au Québec pour mes études.Matthieu Proulx

J’ai sérieusement considéré McGill, Concordia et Laval, bien que l’intérêt du Rouge et Or à mon endroit soit venu un peu après les autres.

J’ai visité l’Université Concordia et j’ai été sollicité par l’entraîneur-chef du moment, Gerry McGrath. J’ai visité l’Université McGill et l’entraîneur-chef de l’époque, Charlie Baillie, me voulait dans son équipe.

Après ces deux visites, Glen Constantin, qui est devenu le pilote du Rouge et Or en décembre 2000, m’a appelé un peu de nulle part. Je me souviens d’avoir reçu son appel. Alors c’était évident que l’Université Laval faisait maintenant partie de ma réflexion.

J’ai donc pris la route vers Québec avec mon ami Phil Gauthier pour aller visiter le campus de l’Université Laval. Nous sommes partis ensemble en automobile vers la Vieille Capitale, lui qui était aussi recruté par le Rouge et Or.

Ce fut le coup de foudre!

Je sentais quelque chose de spécial à l’Université Laval. C’était comme une famille. Les joueurs étaient très accueillants. Le stade était extraordinaire. J’étais jeune et j’étais impressionné par l’ambiance. On voyait déjà que la machine était enclenchée, mais que le Rouge et Or avait le potentiel de devenir immense comme on le connaît aujourd’hui. On constatait que c’était un programme spécial.

Cette visite m’a donc convaincu et il s’agissait simplement de confirmer mon choix avec mes parents. C’était clair en quittant Québec que c’était là où je voulais passer les prochaines années de ma vie.

Les entraîneurs ne m’avaient fait aucune promesse. Ils m’avaient montré la charte des positions et mon nom était en bas de tous les autres demis de coin. Ils m’avaient dit que j’allais devoir travailler fort pour devenir partant, mais j’ai quand même décidé d’y aller.

« The rest is history » comme on dit dans la langue de Shakespeare.

De 2001 à 2004, j’ai passé quatre belles années à l’Université Laval. J’ai levé la coupe Vanier à bout de bras à mes deux dernières saisons. J’ai ensuite été repêché par les Alouettes de Montréal en avril 2005 tout comme mon vieux chum de Gatineau, Phillip Gauthier.

À ce jour, le Rouge et Or compte maintenant huit titres canadiens, un record, et vise cette saison une troisième coupe Vanier d’affilée, ce qui n’a jamais été réussi au Canada.

Des années inoubliables

Glen Constantin me disait toujours que j’étais un diamant à l’état brut et que j’étais un espoir de haut niveau. À l’époque, je ne voyais pas cela. J’imagine qu’il avait l’œil pour dénicher le talent – ce que le temps nous a permis de prouver.

Mes quatre années avec le Rouge et Or ont été les plus formatrices de ma vie et les plus belles de ma carrière de football malgré mon parcours avec les Alouettes dans la LCF. Peu de choses se comparent au pur bonheur que j’ai vécu à l’université.

Je me souviens de mon premier camp d’entraînement et de mes premières rencontres avec mes coéquipiers lorsque nous mangions tous ensemble à la cafétéria durant le camp ou au restaurant Greco tout près du PEPS.

Il est difficile de trouver les mots pour décrire l’esprit d’équipe d’une formation de sport universitaire. C’est comme si tout le monde était similaire. Les joueurs proviennent des quatre coins du Québec, mais culturellement, on se ressemble. Nous étions tous des étudiants alors nous étions tous pauvres et cassés et c’était parfait de cette manière. Nous étions là pour porter les couleurs du Rouge et Or et pour vivre un trip.

Je suis arrivé à l’université et j’avais automatiquement 60 amis, car nous étions plus que des coéquipiers. Je n’ai jamais vraiment vécu la vie sociale étudiante. Je n’ai pas fait partie de l’association étudiante de droit. Je n’allais pas vraiment aux fêtes organisées par la faculté parce que je n’avais pas le temps en raison du football et de mes études.

Mes chums, c’était les gars de foot.

Quand je n’étudiais pas, j’étais au football. Lorsque je n’étais pas au gymnase ou sur le terrain, j’avais le nez dans mes livres. C’était mon parcours universitaire et ce fut des années extraordinaires.
180273.jpgJ’ai bénéficié d’un encadrement sans égal, que ce soit du côté de la préparation physique, mentale, tactique ou technique. Nous étions dirigés comme des professionnels. En retour, il était exigé de nous qu’on se comporte en professionnels.

Ce n’est donc pas un hasard que ce programme soit au sommet de la pyramide depuis plusieurs années. Le standard d’excellence exigé est probablement plus haut que n’importe où ailleurs.

Le Rouge et Or a influencé la pratique du football partout au Québec. Plusieurs de mes anciens coéquipiers sont devenus entraîneurs, et ce à tous les niveaux scolaires. Le Québec compte aujourd’hui un réseau de football scolaire très développé. Signe de cela, le Cégep de l’Outaouais a maintenant son équipe.

Le football n’a jamais été autant pratiqué au Québec et on le doit en partie au succès d’un programme francophone universitaire bien spécial pour moi, celui du Rouge et Or de l’Université Laval.