MONTRÉAL - Le repêchage de la NFL aura lieu dans moins d’un mois au prestigieux Radio City Music Hall, à New York.

Pendant que plusieurs espoirs sillonneront les rues new-yorkaises les 8, 9 et 10 mai prochain, le Québécois Laurent Duvernay-Tardif sera ici, au Québec, en attente d’entendre le téléphone sonner.

Sera-t-il nerveux? Certainement puisqu’il s’est consacré à temps plein à l’atteinte de ce rêve - auquel il ne pensait même pas avant sa dernière saison universitaire -, mettant même de côté ses études en médecine pendant un temps. Des études qui sont à ses yeux aussi importantes, sinon plus que le football.

Avant de se lancer dans cette aventure, le joueur de ligne offensive avait divisé le processus en trois étapes : la Classique Shrine, les tests physiques devant dépisteurs et le repêchage.

Duvernay-Tardif est passé de joueur canadien invité à la Classique Shrine à un espoir à part entière. Tout ça en trois mois. Même s’il a fait des pas de géant, il considère que la partie la plus difficile reste à venir, et pas à cause du repêchage en tant que tel.

« Je dois retourner à l’école et terminer mon mois de stage en pédiatrie. Il faut que je passe l’examen de cette branche le 2 mai. À travers tout ça, j’ai cinq visites privées avec des équipes de la NFL et je dois rester en forme. Je crois que j’ai assez de choses à gérer avant d’être anxieux pour le repêchage », relate-t-il lorsqu’il décrit son horaire d’ici le repêchage.

Le premier tour du repêchage se déroulera le jeudi 8 mai. Les chances que Roger Goodell prononce son nom sont infimes. De toute façon, il n’aura probablement pas le temps d’y penser puisqu’il passera la journée à l’hôpital, alors qu’il continuera son apprentissage de la médecine.

Le vendredi 9 mai sera une tout autre affaire… à l’exception de son stage en médecine. Le natif de Mont-Saint-Hilaire se lèvera comme la veille et il ira à l’hôpital. Malgré tout le sérieux qu’il met dans ses études - il a eu des notes parfaites lors des trois dernières années - Duvernay-Tardif aura peut-être la tête ailleurs.

À partir de 18 h 30, le repêchage de la NFL reprendra avec les sélections de deuxième et troisième rondes. Et à partir de ce moment, les chances d’entendre le téléphone sonner ne seront plus de l’ordre de gagner le gros lot à la loterie.

« Si le téléphone sonne au deuxième jour, tant mieux! Mais il se pourrait que je sois encore à l’hôpital. Ce serait assez cocasse », lance-t-il en riant. Gageons qu’on lui conseillera d’essayer de ne pas faire d’heures supplémentaires ce jour-là.

Sinon, il restera le troisième jour avec les sélections des quatre derniers tours. Et si on se fie à toute l’attention de la part des équipes de la NFL à son endroit, Duvernay-Tardif entendra la sonnerie de son téléphone tôt.

Un homme en demande

Il reste encore 28 jours avant le repêchage et les équipes de la NFL font encore leurs devoirs. Et elles profitent de ces derniers moments pour en savoir plus sur Laurent Duvernay-Tardif.

Laurent Duvernay-TardifAprès des résultats physiques et athlétiques au-dessus de la moyenne des joueurs à sa position devant neuf équipes de la NFL, le meilleur joueur de ligne universitaire au Canada en 2013 a été invité par quelques formations pour des visites privées.

Il a donc été à Green Bay, où il a foulé le mythique Lambeau Field. Il a ensuite visité les installations de Kansas City et de Miami, tout ça en quatre jours.

Il a rencontré les directeurs généraux et les entraîneurs de ligne offensive et il estime avoir bien fait, surtout en ce qui a trait aux connaissances stratégiques reliées au football.

« J’aborde ça avec calme et sang-froid. Je pense que c’est le secret. Chez les Dolphins, la visite était commune avec un autre joueur et tu voyais à quel point il était stressé. Comme à mon Pro Day, je suis relax et je ris avec les entraîneurs. Je me dis "si vous n’aimez pas mon accent, bien tant pis! C’est celui que j’ai" », explique-t-il à la blague, visiblement à l’aise avec tout ce processus.

Les Cardinals de l’Arizona, les Seahawks de Seattle, les Browns de Cleveland et les Bills de Buffalo ont aussi manifesté l’intérêt de rencontrer individuellement le bloqueur des Redmen. Sans compter les Eagles qui se sont déplacés à Montréal pour le voir s’entraîner, lundi dernier.

Faire rayonner le football d’ici

Il y a longtemps qu’un Québécois a fait autant parler de lui avant un repêchage de la NFL.

L’athlète de six pieds cinq pouces a maintenant sa propre fiche sur le site de la NFL. On peut y lire qu’il pourrait être repêché en troisième ou quatrième ronde.

Grâce à sa facilité à manier un stéthoscope et à bloquer les joueurs adverses, Duvernay-Tardif a même eu la chance de se retrouver dans le prestigieux magazine Sports Illustrated.

Deux pages complètes avec une photo gros plan modifiée de lui habillé en joueur de football, mais aussi vêtu d’un sarrau. L’article fait état de son parcours académique et sportif à l’Université McGill et de la possibilité de voir le Québécois évoluer dans la NFL un jour.

La NFL accueille Duvernay-Tardif

Il est trop tôt pour parler d’ambassadeur pour le football canadien et québécois, mais il commence déjà à jouer un rôle de conseiller auprès de joueurs de football qui voudraient suivre ses traces.

« Pour l’instant j’essaie de rester terre-à-terre et d’apprécier le processus. Sur ma page Facebook, on me contacte pour savoir comment ça fonctionne pour conjointement jouer au football et être dans un programme contingenté. Ça me fait plaisir de parler avec eux, que ce soit de futurs joueurs de McGill ou d’une autre université », se réjouit-il.

Mais le jeune homme de 23 ans revient rapidement à son réalisme qu’il affiche depuis le premier jour où les équipes de la NFL se sont intéressées à lui.

« Je pense que c’est plus tard que je vais voir si j’ai eu un rôle d’ambassadeur. Présentement, je suis sur un nuage, mais ça se peut que je sois libéré après le camp estival de l’équipe qui me repêche et qu’on ne réentende jamais parler de Laurent Duvernay-Tardif », exprime-t-il à la blague.

Si l’expérience de la NFL n’est pas concluante, neuf équipes de la Ligue canadienne accueilleront à bras ouverts l’un des meilleurs produits de l’histoire récente du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ).

Bref, qu’il le veuille ou non, on réentendra parler de lui.