MONTRÉAL - La saison 2019 a été celle des surprises dans la Ligue canadienne de football. À Montréal, mais aussi ailleurs dans le circuit Ambrosie.

Les Alouettes ont surpris tous les observateurs en terminant avec une fiche positive de 10-8, une première depuis 2012, après avoir complété la saison 2018 avec un dossier de 5-13. Les principaux facteurs expliquant ce virage à 180 degrés : l'entraîneur-chef Khari Jones et le quart-arrière Vernon Adams fils.

La direction des Alouettes a décidé une semaine à peine avant le début de la saison de congédier Mike Sherman pour confier le poste à Jones. Immédiatement, l'atmosphère au sein et autour de l'équipe s'en est trouvée modifiée.

Plus détendu que son prédécesseur, Jones a insisté pour que ses joueurs aient du plaisir en travaillant. Les résultats n'ont pas tardé. Même si l'équipe a amorcé la saison avec deux revers, elle a enchaîné avec trois victoires consécutives et six gains à ses huit sorties suivantes.

Pour la première fois depuis cinq ans, l'équipe a aussi accueilli un match éliminatoire à domicile. Les Alouettes se sont toutefois inclinés face aux Eskimos d'Edmonton en demi-finale de l'Est.

Pour comprendre l'éclosion d'Adams, il faut remonter jusqu'au début de l'année. En fait, jusqu'à l'exclusion permanente de la LCF du quart Johnny Manziel, acquis l'an dernier par le directeur général Kavis Reed. Manziel a contrevenu à des clauses de l'entente lui permettant de jouer dans le circuit canadien et ne peut plus évoluer au nord du 49e parallèle.

Ce qui laissait donc Antonio Pipkin comme partant désigné. Adams se trouvait alors au quatrième échelon dans l'organigramme du club. Mais un excellent camp lui a permis de monter dans l'estime de la direction, si bien que lors du premier match, c'était lui le substitut à Pipkin.

Ça n'aura duré que quelques quarts. Blessé, Pipkin n'a pas été en mesure de compléter la rencontre. Adams a pris les choses en mains et n'a plus perdu sa place. le reste appartient à l'histoire : il a amassé des gains par la passe de 3942 verges et lancé 24 passes de touché, en plus d'ajouter 12 majeurs par la course.

Pipkin a quant à lui glissé derrière Matthew Shiltz dans la hiérarchie.

Il n'y a pas qu'Adams qui se soit signalé sur le terrain. Le demi William Stanback a franchi le plateau des 1000 verges au sol pour la première fois de sa carrière, tandis que Eugene Lewis a fait de même en ce qui a trait aux verges sur réceptions.

Le secondeur Henoc Muamba a de nouveau été parmi les meilleurs de la LCF. Il a d'ailleurs été nommé joueur canadien par excellence lors du gala annuel du circuit Ambrosie. Stanback, le demi défensif Greg Reid et lui ont ensuite été élus au sein de l'équipe d'étoiles de la ligue.

Changements en profondeur

Il n'y a pas que sur le terrain où des changements se sont opérés chez les Alouettes.

En plus de montrer la porte à Sherman, l'équipe a démis de ses fonctions le directeur général Kavis Reed « pour des raisons de nature administrative ». Plusieurs rumeurs ont circulé, notamment que Reed aurait trouvé une façon de contourner le plafond salarial du circuit en effectuant des versements n'apparaissant pas dans les livres comptables ou encore qu'il n'aurait pas payer les frais de location de son appartement depuis de nombreux mois, mais les vraies raisons n'ont jamais été divulguées.

Le plus gros changement est toutefois survenu tout au sommet de la pyramide, alors que la famille Wetenhall, propriétaire du club depuis son retour en 1996, a décidé de se départir de l'équipe.

La ligue a repris l'équipe et la saga de la vente du club ne cesse d'alimenter l'actualité depuis le 31 mai. Alors qu'on prévoyait n'avoir besoin que de quelques semaines, le dossier est toujours en suspens.

Plusieurs groupes ou individus ont été liés à l'achat de l'équipe: Éric Lapointe, Clifford Starke, Vincent Guzzo. Les derniers en lice, les frères Jeffrey et Peter Lenkov, semblent être le premier choix de la LCF. Ils seraient à la tête d'un consortium au sein duquel Claridge, la firme d'investissements de Stephen Bronfman dirigée par l'ex-président du Canadien Pierre Boivin, le père de Patrick Boivin, le président des Alouettes, détiendrait une part importante du club.

Bronfman a d'ailleurs signifié, lors de son passage devant l'Office de consultation publique de Montréal, qu'il souhaitait faire de la place aux Alouettes dans son éventuel stade de baseball au Bassin Peel.

La coupe Grey aux Blue Bombers

Quand au reste du circuit Ambrosie, il a été dominé en 2019 par les Tiger-Cats de Hamilton, auteurs du meilleur dossier, 15-3. Ceux-ci n'ont toutefois pas été en mesure de mettre fin à leur disette de 20 ans sans coupe Grey, puisqu'ils se sont inclinés devant les Blue Bombers de Winnipeg, qui ont mis fin à leur séquence de 29 ans sans championnat.

Les Bombers ont remporté trois matchs à l'étranger pour mettre la main sur le titre: à Calgary en demi-finale de l'Ouest, à Regina en finale de l'Ouest, et de nouveau à Calgary, où était disputée la grande finale canadienne.

Le demi à l'attaque des Bombers Andrew Harris, suspendu deux matchs pour dopage cette saison, a mérité les titres de joueurs par excellence et joueur canadien par excellence de la Coupe Grey, après avoir été boudé pour les honneurs individuels de la saison. C'est le receveur de passes et spécialiste des retours des Tiger-Catsm Brandon Banks, qui a été préféré à Harris, meneur pour les gains au sol en 2019, à titre de joueur par excellence du circuit.

Rouge et Or, Carabins; Carabins, Rouge et Or

Au football universitaire, le RSEQ a pour une 10e année consécutive envoyé un de ses représentants à la Coupe Vanier, mais la saison a de nouveau été l'affaire de deux équipes, soit le Rouge et Or de l'Université Laval et les Carabins de l'Université de Montréal.

Les deux universités ont été les deux seules à terminer avec une fiche victorieuse : 7-1 pour Laval et 6-2 pour Montréal. Ce n'est donc pas une surprise si les deux institutions se sont affrontées en finale québécoise, les Carabins ayant le dessus 25-10. La demi-finale face aux Axemen d'Acadia n'a été qu'une formalité; une victoire de 38-0.

À la Coupe Vanier par contre, les Carabins n'ont pas été en mesure de trouver leur rythme et se sont inclinés 27-13 devant les Dinos de l'Université de Calgary, qui ont ainsi remporté un cinquième titre en 11 participations. Il s'agissait toutefois de leur première victoire depuis 1995.

Cette troisième participation à la grande finale du football universitaire canadien des Carabins est toutefois venu confirmer la place du programme dirigé par Danny Maciocia parmi les meilleurs du pays.