MONTRÉAL – Difficile de prédire le volet professionnel de la carrière de Régis Cibasu. Mais, il y a moins de cinq ans, c’était tout autant difficile de prédire que la NFL serait à sa portée.
 
Certes, contrairement à Laurent Duvernay-Tardif et Antony Auclair, cet athlète intrigant ne dispose pas d’un physique qui cadre à la perfection avec une position commune dans la NFL.
 
Toutefois, ceux qui le connaissent refusent de miser contre ses atouts et sa volonté de réussir. Après tout, Cibasu n’était qu’un athlète fascinant qui ne connaissait pratiquement rien à la position de receveur quand il a été recruté par les Carabins de l’Université de Montréal.
 
Pourtant, comme le rappelait son entraîneur Danny Maciocia, Cibasu a brillé dès son année recrue remportant même le titre de joueur par excellence de la coupe Vanier soulevée par les Bleus en 2014.
 
« Je dis souvent aux recruteurs que sa flèche pointe vers le haut. Si quelqu’un veut prendre du temps et investir en lui, ça peut devenir un joueur intéressant et qui pourrait dominer éventuellement », a soutenu Maciocia.
 
À ce propos, il demeure intrigant de savoir si une équipe de la NFL affichera la patience nécessaire pour investir dans un placement à « moyen terme » sur lui.
 
En cette période contractuelle très mouvementée, les Redskins de Washington sont la seule organisation qui a envoyé un dépisteur en sol québécois pour cette journée d’évaluation durant laquelle il s'est imposé dans quelques tests.

« Je suis content de ce que j'ai donné »

Darryl Franklin, le recruteur des Redskins, disait justement dans une brève conversation que certaines équipes sont parfois réticentes à miser sur un « projet » qui ne pourrait que rapporter dans trois saisons. Ça se comprend puisque les joueurs ne peuvent pas demeurer sur l’équipe d’entraînement pendant plus de trois années.
 
Ça ne veut pas dire que l’intérêt est minime. Des informations recueillies par le RDS.ca indiquent que quatre autres équipes, au minimum, ont effectué des démarches à son sujet récemment. Il s’agirait des Bears, des Steelers, des Raiders et des Buccaneers (à qui Auclair appartient).
 
Utilisé comme receveur avec les Carabins, Cibasu devra maintenant assimiler la position d’ailier rapproché pour s’établir dans la NFL. Dommage pour lui, mais s’il avait mesuré quelques centimètres de plus, il aurait été perçu comme un candidat très intéressant pour reproduire le parcours d’Auclair avec l’une des 32 équipes au sud de la frontière.
 
Le sympathique colosse doit donc prouver qu’il peut assumer ce nouveau mandat.
 
« Je voulais démontrer ma polyvalence, que je pouvais jouer comme ailier rapproché. J’espère qu’ils ont apprécié ce que je peux faire. Oui, il fallait que je m’adapte et je me suis pratiqué pour ça. Je dois démontrer que je suis capable de jouer un peu partout en attaque », a commenté Cibasu.
 
Les images des tests de Cibasu devraient ainsi produire quelques clics au cours des prochaines semaines. D’ailleurs, son résultat au L-test pourrait suffire à intriguer à plusieurs formations.

Cibasu impressionne au « bench press »!

Le hic, c’est que les vidéos de Cibasu en tant qu’ailier rapproché, en situation de match, n’existent pas et les équipes de la NFL auraient voulu confirmer s’il se débrouille assez bien comme bloqueur pour aspirer à ce niveau.  
 
« Il a bien fait ça (dans les tests lundi). On savait qu’on devait travailler là-dessus. En plus, il a réussi 18 répétitions au bench press donc les gens réalisent qu’il va s’imposer physiquement. Il doit seulement s’habituer en se pratiquant », a indiqué Maciocia à ce sujet.  
 
De son côté, Cibasu a employé une réponse teintée de confiance et de dévouement.
 
« Ce n’est aucunement un gros défi. Je suis quelqu’un qui m’adapte. Si je dois jouer ailier rapproché, je vais le faire, si c’est H-back, je vais le faire. Si je dois jouer secondeur, je vais y aller aussi. Ça ne me dérange pas, je suis prêt pour le changement au prochain niveau », a-t-il lancé avec le sourire.
 
La présence des Redskins est intéressante puisque cette organisation a souvent misé sur une option de H-back dans son système offensif. Cet ailier rapproché qui entame le jeu en retrait de la ligne offensive semble cadrer à merveille avec Cibasu. Cet outil sert autant à bloquer qu’à capter des passes avec agilité.
 
Par contre, certains doutes persistent à son endroit. Une source d’une équipe de la LCF, consultée il y a quelques jours, a jugé que Cibasu n’avait pratiquement aucune chance de percer dans la NFL. En fait, cette personne doutait même qu’il soit invité par une équipe pour un essai.
 
Cibasu est conscient que la marche est haute, mais il a toujours réagi en redoublant d’ardeur au travail.
 
« En quatre ans avec nous, il n’a pas manqué une pratique, un match, une séance de musculation ou même une séance de course. Il n’a jamais posé de problème à l’extérieur du terrain ou à l’école. Il aime travailler et il est très fier. Quand on lui donne une chance, il va tout donner pour démontrer que la personne a pris une bonne décision », a témoigné Maciocia.
 
Pour cette journée historique pour le programme des Carabins, car il s’agissait d’une première pour l’Université de Montréal, Cibasu a justement pu compter sur l’appui de ses coéquipiers qui s’étaient déplacés en grand nombre.
 
« Ça m’a fait vraiment chaud au cœur de les voir là pour me supporter et ça m’a donné de la force », a convenu Cibasu qui est déjà transporté par l’élan provoqué par Duvernay-Tardif et Auclair.
 
Cibasu obtiendra des réponses à partir du repêchage qui se déroulera du 26 au 28 avril.
 
« Les gens aimeraient qu’il soit repêché, mais je suis de l’autre école, je préfère qu’une équipe lui donne une opportunité. C’est la chose qu’on demande pour qu’il puisse aller à un camp et démontrer ce qu’il peut faire. Ensuite, tu peux vivre avec la décision qui sera prise », a proposé Maciocia.
 
Ménard-Brière croit qu’il a sa place
 
Le reste de la journée a appartenu au botteur Félix Ménard-Brière qui attire l’attention principalement pour ses bottés de dégagement et d’envoi. Ayant déjà vécu une expérience encourageante avec les recrues des Giants de New York en 2017, il se permet d’y croire.
 
« J’essaie chaque année, ça peut fonctionner cette fois comme dans trois ans. Chaque année, je dois sortir là-bas et me faire valoir pour qu’ils connaissent mon nom un peu », a expliqué celui qui est reconnu comme un bon athlète.
 Félix Ménard-Brière
L’an passé, Ménard-Brière a décliné une offre des Blue Bombers de Winnipeg pour leur équipe d’entraînement.
 
« À ce moment, la meilleure décision pour moi était de revenir (avec les Carabins) pour avoir plus de temps de jeu et de pratique avec mon entraîneur Denis Boisclair », a-t-il justifié.
 
À 25 ans, Ménard-Brière se dit convaincu qu’il peut rivaliser avec les botteurs de la NFL. Ses participations à des camps de spécialistes des unités spéciales aux États-Unis ont permis de gonfler cette confiance.
 
« Au Québec, on n’a rien à envier avec eux. Je rivalisais très bien avec les autres. J’ai pu me comparer avec les spécialistes des grandes écoles comme Alabama ou Michigan et j’ai remarqué que j’avais le talent pour le faire. »
 
La seule ombre de cette audition n’avait rien à voir avec lui. Le dôme était tout simplement trop petit pour la puissance de sa jambe si bien que tous ses bottés frappaient la toile. Ménard-Brière a trouvé une manière habile de ne pas se laisser affecter.
 
« Va falloir qu’ils m’invitent avec eux au soleil », a répliqué Ménard-Brière pour que les équipes puissent bien évaluer son répertoire.
 
Sans perdre son calme, il a écouté les conseils du recruteur des Redskins.
 
« Il voulait voir certaines choses spécifiques et il était satisfait de ce qu’il a vu. Il m’a dit ce que je devais travailler pour être meilleur. Même si j’ai eu une bonne performance, je veux toujours pousser plus loin. Il avait des commentaires positifs et c’est encourageant », a conclu Ménard-Brière qui a surtout été évalué pour sa technique.

« Ils doivent connaître mon nom »