Amateurs de football, je vous propose un survol des sujets d’actualité qui ont attiré mon attention dans la LCF.

1- Le choix des Als de ne pas promouvoir Richard

Les Alouettes n’ont pas joué la semaine dernière, mais il y a quand même eu quelques nouvelles dignes d’intérêt. Tout d’abord, on ne peut passer sous silence la situation des quarts. Antonio Pipkin est blessé, de sorte que Vernon Adams Jr. sera le quart partant face aux Tigers-Cats de Hamilton. À  travers tout ça, il faut noter le retour dans l’organisation de Brandon Bridge, un quart que les Als avaient repêché avant qu'il se promène, jouant notamment pour les Argonauts de Toronto et les Roughriders de la Saskatchewan.

Bridge devient en quelque sorte le vétéran de groupe de quarts-arrières des Alouettes, à 27 ans. Je comprends la décision de se tourner vers une police d’assurance en l’absence de Pipkin. Bridge connaît Khari Jones et les systèmes employés par l’équipe.

Considérant que la blessure de Pipkin ne semble pas trop grave, il me semble que ça aurait été une belle occasion pour les Oiseaux de promouvoir Hugo Richard de l’équipe d’entraînement. Quand on parle de jeunes quarts canadiens possédant du potentiel, il faut leur donner la chance de démontrer celui-ci. Lorsqu’on a mis Richard sous contrat, on lui souhaitait d’obtenir une réelle chance de se faire valoir.

Ce n’est pas ce qui s’est produit à date; il n’a bénéficié d’aucune répétition mis à part lors du deuxième match préparatoire, en toute fin de match. On l’avait d’ailleurs envoyé exécuter des jeux qu’il n’avait jamais pratiqués pendant le camp. Il n’avait pas mal fait malgré qu’il ait été victime d’une interception.

À mon sens, l’absence de Pipkin aurait justifié qu’on amène Richard dans l’équation. Il aurait pu se familiariser avec les schémas de jeux à l’entraînement et être habillé pour les matchs. Disons-le : c’est rare que l’on fait appel au troisième quart de l’équipe...

Je comprends qu’à ce point-ci de sa carrière, Bridge est devant Richard en termes de ce qu’il peut offrir. Mais il aurait été avisé d’avoir une vision plus globale de la situation et d’offrir une opportunité à l’ancien quart du Rouge et Or de l’Université Laval.

2- Des ajouts attendus au personnel d'entraîneurs

Demeurons dans l'entourage des Alouettes pour ce deuxième point. Les ajouts de Marquay McDaniel et de Robert Gordon au personnel d’entraîneurs des Alouettes représentent une excellente nouvelle.

En raison des départs de Mike Sherman et d’André Barboza, les Als n’avaient que neuf instructeurs en poste sur une limite établie à 11. C’est une bonne chose que l’équipe ait profité de la semaine de congé pour ajouter des renforts dans le personnel d’entraîneurs offensifs. Ce sont deux anciens receveurs qui connaissent bien la ligue. Ils pourront bien seconder Khari Jones, qui aura probablement la tête plus tranquille pour gérer le reste de la formation.

J’ai hâte de voir à quel point cela peut changer les résultats sur le terrain. Mais il faut saluer la rapidité avec laquelle l’équipe a réglé ce dossier urgent.

Ces embauches viennent cependant avec deux points d’interrogation. D’une part, est-ce que le personnel défensif aurait pu bénéficier d’une tête pensante de plus? Et d’autre part, aurait-il fallu miser sur un instructeur dont les forces résident plus dans le jeu au sol? Les ajouts de McDaniel et Gordon font que le personnel s’y connaît beaucoup plus dans le jeu aérien. La faiblesse de l’équipe réside à mon avis dans sa ligne à l’attaque. Il aurait pu s’avérer utile d’embaucher une ressource dont la spécialité est la guerre des tranchées.

3- Les Ti-Cats qui pulvérisent les Argos

On a eu droit tôt dans la saison à la raclée de l’année. Je parle ici de la démolition des Argonauts de Toronto par les Tiger-Cats, qui l’ont emporté 64-14 durant la fin de semaine.

C’est le genre de rencontre qui ne sert pratiquement à rien d’analyser. Avec un écart de points aussi prononcé, c’est évident que tout a fonctionné pour Hamilton, et que rien n’allait pour Toronto.

Maintenant, quelles répercussions aura ce résultat sur les deux équipes?

Chez les Ti-Cats, évidemment ça rehausse la confiance de tout le monde. Le danger qui les guette est toutefois l’excès de confiance. L’équipe a une fiche de 2-0 et vient de détruire ses rivaux ontariens. Il serait facile de perdre de vue que la saison est encore jeune et qu’il reste énormément de football à jouer. Cette performance impressionnante ne peut leur monter à la tête.

Chez les Argos, l’idée à retenir est probablement qu’il faut brûler les bandes vidéo de ce match et de passer à autre chose. Ça ne sert à rien de s’éterniser sur une performance aussi exécrable. Avec autant de changement dans l’effectif et au plan des entraîneurs, c’était certain qu’il y aurait une courbe d’apprentissage à respecter à Toronto.

Ce match doit être perçu comme un tremplin pour Corey Chamblin et sa troupe. Mais c’est certain qu’il laissera des séquelles. Lors des prochains rendez-vous face aux Ti-Cats, ce sera difficile de se convaincre que l’équipe est capable de battre un club qui nous a écrasés par 50 points. Il y a une inégalité quant au talent, à la profondeur et au coaching, et ç’a paru samedi dernier.

4- Des Eskimos étonnants après deux matchs

Des questions se posaient quant aux attentes qu’il était raisonnable d’avoir envers les Eskimos d’Edmonton pour la saison 2019 en raison des nombreux changements de personnel.

Peu d’équipes ont été aussi affectées par les départs que le Rouge et Noir d’Ottawa dans l’Est, et les Eskimos dans l’Ouest. D’abord, Edmonton a vu son quart étoile Mike Reilly quitter vers la Colombie-Britannique. S’ajoutent à cela les départs des receveurs Duke Williams (parti dans la NFL) et Derel Walker (maintenant un membre des Argos). Du côté défensif, plusieurs joueurs ont aussi quitté le navire, de sorte que les Eskimos ont dû se tourner vers l’autonomie pour combler de nombreuses pertes.

Force est d’admettre après deux victoires en deux rencontres que la formation albertaine paraît très bien malgré la vague de changements. Il était difficile de tracer des conclusions hâtives lorsque les Eskimos ont vaincu les Alouettes, mais d’enchaîner avec un gain convaincant face aux Lions a été un énoncé puissant.

Edmonton a remporté la guerre des tranchées; le quart Trevor Harris avait l’air d’un joueur toutes étoiles. Il a rejoint son receveur Greg Ellingson – avec lequel il avait évolué à Ottawa – avec régularité.

Défensivement, ils ont aussi été éclatants, comme en témoigne leur récolte de sept sacs aux dépens de Reilly. Il a d’ailleurs été solidement rabattu au sol dès le premier jeu du match.

Bref, les Eskimos sont tout feu tout flamme pour débuter la saison. Ils auront la chance de poursuivre sur leur lancée jeudi soir (sur RDS2), mais le défi sera de taille face aux Blue Bombers de Winnipeg, qui sont eux aussi invaincus après deux matchs. On parle d’équipes qui s’imposent comme des puissances du circuit jusqu’à présent.

5- Thomas-Erlington, le couteau suisse des Ti-Cats

C’est rare que je discute d’un même joueur ou d’un même sujet deux semaines d’affilée, mais le Québécois Sean Thomas-Erlington ne me donne pas le choix avec ses prestations épatantes du début de saison.

J’ai répété à quelques reprises qu’il allait être à surveiller en tant que demi offensif partant d’une très bonne formation. Il n’a pas déçu dans la semaine no 2, se mettant en évidence comme un joueur-clé durant la domination des siens face aux Argonauts. Thomas-Erlington est un athlète polyvalent, ce qui lui permet d’exceller dans toutes les facettes de son rôle. Il est un joueur très fiable en ce qui a trait à la protection du quart, s’établit de plus en plus comme une cible redoutable dans le jeu aérien à partir du champ-arrière, et court avec puissance. Son match de plus de 100 verges au sol face aux Argos était impressionnant.

Mon collègue Bruno Heppell me faisait remarquer avec justesse que Thomas-Erlington tombe toujours vers l’avant. Il trouve des moyens d’aller chercher les quelques verges supplémentaires plutôt que d’être amené au sol. Il trouve les petites ouvertures qui permettent à son équipe de se rapprocher d’un premier essai.

Bref, il a été étincelant encore la semaine dernière, et on continuera de suivre les progrès de Sean Thomas-Erlington avec les Tiger-Cats cet été.

* propos recueillis par Maxime Desroches