Amateurs de football, je vous propose un survol des sujets d’actualité qui ont attiré mon attention dans l'entourage des Alouettes et à travers la LCF.

1- C'est bon pour le moral

Ça faisait trop longtemps que les Alouettes n'avaient pas donné une raison à leurs partisans de célébrer lors d'un match local. Il a fallu attendre la semaine no 4 pour assister à la rencontre inaugurale au Stade Percival-Molson. Les attentes n'étaient pas très élevées compte tenu des résultats obtenus lors des deux premières sorties sur la route.

Donc, c'était tout à fait logique d'aborder ce match en se disant que ce serait difficile contre un club qui avait battu les Als par 31 points la semaine précédente. Des toiles avaient même été installées pour couvrir des sections du stade afin de réduire la capacité de celui-ci. L'annonce avait été faite par l'équipe durant la saison morte, mais de le voir frappait l'imaginaire.

Finalement, les Oiseaux nous ont agréablement surpris, et même plus. D'abord, c'était la dernière rencontre de la carrière de Luc Brodeur-Jourdain. On sentait l'engouement et l'engagement des joueurs, des instructeurs et des partisans qui l'ont vu tout donner pendant des années. C'était le meilleur des trois matchs, et celui-ci a été marqué par la performance époustouflante du demi offensif William Stanback, qui a compilé des statistiques qui n'avaient pas été affichées par un porteur de ballon des Als depuis les années de Mike Pringle.

La défaite du vendredi précédent a été vengée, et on a eu droit à un déluge offensif, un fait qui est loin d'être coutume pour les Montréalais. D'ailleurs, je ne me rappelle pas de la dernière fois qu'ils avaient inscrit 36 points au tableau. Bref, le spectacle de qualité offert aux amateurs a insufflé une énergie à laquelle on avait rarement eu droit ces dernières années. Ça fait du bien!

Ce genre de match est rassurant pour la situation du football canadien dans une ville où, il faut le dire, on sentait s'effriter le sentiment d'appartenance. Si les Als peuvent faire revivre quelques moments du genre à leurs partisans, ça aidera à entretenir l'espoir.

Et en ce qui a trait aux sections fermées en raison de la faible vente de billets, je dois avouer que ç'a eu un effet insoupçonné : les partisans ont été concentrés dans un plus petit espace, et ça s'est ressenti positivement dans l'ambiance qui y régnait.

2- Sublime Stanback

Je n­'ai pas le choix de revenir sur l'impressionnante prestation de William Stanback dans le champ-arrière des Alouettes face aux Tiger-Cats de Hamilton. Sa soirée de rêve lui a valu une place parmi les étoiles de la semaine, un autre fait rare pour les joueurs des Als depuis quelques saisons.

Ça m'apparaît clair qu'on a affaire à un pur-sang capable de tout faire : il court avec puissance et vitesse et se débrouille bien dans la protection du quart contre la passe. On le savait depuis qu'on l'a vu mettre le pied sur le terrain. Stanback est un joueur explosif, et c'est qui lui avait permis de déloger dans ses fonctions Tyrell Sutton, le corps et l'âme de l'attaque depuis quelques saisons.

Il suffit de regarder la course de 21 verges pour le touché que Stanback a réussie à la fin du match face aux Ti-Cats pour comprendre à quel point il est un athlète phénoménal.

On souhaite maintenant qu'il puisse garder le pied sur l'accélérateur et enchaîner les bonnes performances. Évidemment, il ne faut pas s'attendre à des récoltes de 200 verges au sol à chaque match, mais Khari Jones doit se rendre compte qu'il est la solution aux difficultés que connaît la ligne offensive. Quand on s'en remet à la course plutôt que de mettre de la pression sur un jeu aérien qui n'est pas encore à point, les résultats sont passablement meilleurs pour l'attaque des Als.

3- Difficile de ne pas remarquer Roberson

Passons d'une étoile de la semaine à une autre : le demi de coin des Stampeders de Calgary Tre Roberson s'est vraiment établi comme un joueur à surveiller jusqu'à présent cette saison. Il s'est fait l'auteur de trois interceptions lors de la semaine no 1, avant de retourner une interception pour un touché qui a finalement été annulé par une pénalité à son deuxième match.

Puis, face aux Roughriders de la Saskatchewan, il a remis ça en réalisant deux autres interceptions dans une victoire de 37-10 des siens. Il est fort possible qu'il devienne un des joueurs qui quitteront en direction des États-Unis pour tenter sa chance dans la NFL en 2020.

Ce qui est intéressant dans le parcours de Roberson, c'est qu'il est un ancien quart-arrière qu'on a converti en joueur défensif. Il a joué derrière le centre pour les Hoosiers de l'Indiana dans la NCAA à sa première année d'admissibilité dans le football collégial. C'était la première fois qu'une recrue avec le statut de quart partant dans l'histoire du programme.

Il a ensuite fini à Illinois State, mais n'a pas eu la chance de se tailler un poste comme quart dans la NFL. En 2016, on l'a ensuite essayé à la position de demi de coin avec les Vikings du Minnesota. Il a évolué au sein de l'équipe d'entraînement mais n'a jamais obtenu une réelle chance. Chose certaine, il l'a obtenue avec les Stamps l'an dernier et l'a saisie à deux mains.

Son parcours comme général d'une attaque l'aide certainement à comprendre les patrons de jeux des équipes adverses. Il ne fait pas de doute qu'il est un joueur très cérébral. Les instincts y sont, et il est un très bon athlète. Tous ces ingrédients réunis font de lui une vedette en devenir dans le football canadien.

4- Fin de match loufoque et improbable

On a eu droit à une fin de quatrième quart improbable entre les Argonauts de  Toronto et les Lions de la Colombie-Britannique samedi dernier.

Chaque sport a ses règlements contestés, que certains pourraient même qualifier de ridicules. La LCF n'y échappe pas, et je parle ici du fameux simple accordé lorsqu'on dégage et que le ballon traverse la zone des buts. C'est le même principe lorsqu'on tente un placement et que le ballon ne passe pas entre les poteaux. Si le retourneur capte le ballon et met le genou au sol, c'est un point pour l'équipe adverse. On appelle ça communément le « rouge ».

La blague qui revient au sujet de ce règlement, c'est que nous les Canadiens sommes tellement gentils qu'on décide d'accorder un point même lorsqu'on rate. Samedi, cette situation s'est présentée dans un scénario où le match était égal 17-17 dans les derniers instants. L'essence de ce règlement n'est pas de voir un simple déterminer de l'issue d'une rencontre, mais c'est pourtant ce qui s'est produit lorsque le botteur des Lions Sergio Castillo a raté la cible sur 42 verges. Son botté avait cependant assez de force pour déporter le retourneur Chris Rainey légèrement à l'extérieur de la zone des buts. Donc, les visiteurs l'ont emporté 18-17.

Ça n'arrive pas souvent qu'on en arrive à ça, mais il me semble qu'il serait avisé de modifier le règlements pour qu'on puisse éviter un tel dénouement. Il serait vraiment dommage qu'on voit un match d'importance comme une rencontre éliminatoire ou même le match de la Coupe Grey se décider de la sorte.

5- Deux bons quarts : une nécessité

Le début de la campagne 2019 de la LCF nous sert à nouveau de preuve qu'il est nécessaire pour les neuf clubs de miser sur deux quarts-arrières de qualité. On a vu ces dernières années des partants tomber au combat et rater de longues portions du calendrier. Ce début d'année ne fait pas exception : sur les neuf formations, cinq d'entre elles ont déjà eu recours à leur quart substitut en raison de blessures.  Ç'a été le cas pour Montréal, Calgary, la Saskatchewan, Toronto et Winnipeg. Pour l'instant, seuls Edmonton, Ottawa, Hamilton et la Colombie-Britannique ont utilisé le même quart dans tous leurs matchs... et on n'est qu'à la semaine no 5.

C'est assez pour nous rappeler l'importance d'offrir aux quarts réservistes des répétitions afin de les garder frais. Il faut leur donner la chance d'embarquer dans le match quand le contexte s'y prête car on ne sait jamais quand leur numéro sera appelé en raison d'une malchance. C'est devenu impératif pour espérer aspirer aux grands honneurs.

* propos recueillis par Maxime Desroches