C’est dimanche qu’auront lieu les demi-finales d'association dans la Ligue canadienne de football.

RDS diffusera à 13 h la première entre les Roughriders de la Saskatchewan et le Rouge et Noir d’Ottawa, puis la seconde à 16 h 30 entre les Eskimos d’Edmonton et les Blue Bombers de Winnipeg.

Les Roughriders à Ottawa
Avant-match

Il faudra s’attendre à un match chaudement disputé entre les Riders et le Rouge et Noir. Ils ont partagé les honneurs cette saison, avec une victoire de chaque côté. Quand on additionne le total de points produits dans les deux matchs, c’est 50 à 50, et dans les deux cas, il y a eu des remontées spectaculaires. Les Riders ont gagné le premier match 18-17 alors qu’ils perdaient 17-0, puis Ottawa a gagné 33-32 alors qu’ils perdaient 32-20. Ça va même plus loin que ça. Si on fait le calcul lors des cinq derniers matchs, c’est 139 à 139. C’est assez particulier, et prometteur.

Un Rouge et Noir reposé

Une autre chose qui saute aux yeux, et c’est toujours important, surtout quand on arrive en éliminatoires dans un match sans lendemain : les revirements. On ne peut pas avoir deux équipes plus aux extrêmes. La Saskatchewan débarque dans la capitale fédérale avec un ratio de +14, tandis que celui des locaux est de -12. C’est le pire parmi les équipes en éliminatoires. C’est là que ça va se jouer, si le Rouge et Noir n’est pas capable de protéger le ballon, il ne pourra pas remporter la victoire. On va leur souhaiter de se présenter avec leurs bottes de travail car pour cette équipe, se tirer dans le pied a été une spécialité en 2017. Particulièrement au quatrième quart, ils ont trouvé des moyens de perdre des matchs.

Il y a aussi la situation des quarts-arrières qui sera à surveiller. Malgré le fait que Trevor Harris a disputé du bon football dans les dernières années, ça va être son premier départ en carrière dans les éliminatoires. Ce sera intéressant de voir comment il va réagir. De l’autre côté, chez les Riders, il y a un monstre à deux têtes, parfois même à trois têtes, car on utilise trois hommes derrière le centre.

Dernièrement, c’est toujours Kevin Glenn qui amorce la rencontre, et dès qu’il y a trop de pression ou que ça ne va pas bien, on fait signe à Brandon Bridge qui amène une dynamique différente, qui est plus mobile et qui a un bras plus fort. C’est une recette qui pour l’instant semble fonctionner pour les Riders. J’ai souvent surnommé Glenn « l’agent double », parce qu’il est capable de faire gagner les deux équipes. On dirait qu’il a toujours une crampe au cerveau au mauvais moment pour aider ses adversaires. Aujourd'hui, c’est comme si l’entraîneur Chris Jones avait trouvé le moyen d’éviter cette crampe au cerveau en le sortant plus tôt du terrain pour amener Bridge. Sauf que Bridge, même s’il est très confiant, parfois j’ai l’impression qu’il ne fait que garocher le ballon le plus loin possible en espérant qu’un de ses receveurs l’attrapera. Il peut être victime de revirements lui aussi. Le troisième quart, un autre ancien des Alouettes de Montréal, est Vernon Davis. Il est surtout là dans des situations particulières, comme sur de courts gains. Chez les deux autres, c’est plus une question de feeling. C’est un système qui fonctionne pour Jones, mais j’ai toujours pensé que si tu dois utiliser deux quarts, c’est comme si tu n'en avais aucun. S’il y avait réellement un VRAI no 1, on ne se casserait pas la tête avec un tel système.

Un autre élément qui sera bien important, et c’est une des raisons pour laquelle je favorise Ottawa, c’est que j’aime beaucoup comment la ligne à l’attaque s'est comporté dans le dernier tiers de la campagne. Ce n’est pas compliqué, on a alloué 30 sacs du quart lors des 12 premiers matchs, mais seulement 3 sacs lors des 6 derniers. La protection est là, mais le jeu au sol aussi est présent. Pour moi, c’est William Powell qui va faire la différence. Je pense qu’Ottawa est équipé pour contrôler le ballon et contrôler la ligne d’engagement. Ça va faire en sorte de protéger la défense d’Ottawa. Sa jeune tertiaire a beaucoup de talent mais peu d'expérience. Quand on regarde la Saskatchewan, c’est assez épeurant comme groupe de receveurs. Je me dis que la meilleure défense pour Ottawa, c’est l’attaque, question de s’assurer qu’on contrôle le ballon et que les Riders ne puissent réaliser de gros jeux explosifs.

C’est la troisième fois que les Riders traversent dans l’Est depuis l'instauration du règlement du croisement en 1996, et ils n’ont jamais gagné. Ce n’est pas parce qu’on dit que l’Ouest est plus fort que l’Est que ça garantit une victoire, ça demeure une grosse commande.

En bref, ce qui fait surtout pencher mon vote en faveur du Rouge et Noir, c’est sa ligne à l’attaque exceptionnelle et son jeu au sol dominant.

Les Eskimos à Winnipeg
Avant-match

Voilà deux équipes avec une fiche de 12-6. Winnipeg a gagné ses deux matchs contre Edmonton, donc ils n’ont pas de sentiment d’infériorité et de complexes. Par contre, les Eskimos ont terminé en force avec cinq victoires d’affilée. Du côté de Winnipeg, on a fini couci-couça et leur dernière victoire remonte au 1er octobre. Il y a malheureusement eu des blessés et la défense n’a pas été aussi dominante. En attaque, on marque beaucoup moins de points également.

Leur gros point d’interrogation reste cependant le quart-arrière Matt Nichols, qui est blessé au mollet gauche. On ne sait pas s’il va jouer. S’il joue, on ne se sait pas s’il sera partant, s’il va être en mesure de terminer la rencontre ou s’il va être en mesure d’éviter la pression et de performer comme nécessaire face à une ligne défensive des Eskimos assez dominante.

Un élément qui ressort beaucoup dans ce duel, c’est la guerre des tranchées. On parle beaucoup de cette expression, c'est toujours important et ça fait une grosse différence, mais ici c’est vraiment ce qui ressort du lot parce qu’on a la meilleure ligne à l’attaque de la LCF, celle des Bombers, contre l’une des meilleures (sinon la meilleure) ligne défensive, celle des Eskimos. On ne peut pas avoir une meilleure confrontation. Cette confrontation va faire foi de tout, surtout si Nichols ne peut jouer et qu’on doit faire confiance au réserviste. Si jamais Nichols joue, c’est clair qu’il va falloir de la protection car il ne sera peut-être pas aussi mobile qu’il le désire. Il y a beaucoup de pression sur la ligne à l’attaque, c’est elle qui va décider de l’issue de la partie. Tout ça pour dire qu’il va falloir du jeu au sol et du jeu équilibré. Tout revient pour moi vers la ligne à l’attaque.

Chez les Eskimos, Mike Reilly, qui va sûrement être élu joueur par excellence de la LCF cette année, compte sur un groupe de receveurs exceptionnels avec notamment le porteur de ballon CJ Gable. Ils sont équipés pour marquer beaucoup de points. C’est pour ça que je dis que la meilleure défense est d’avoir le ballon et de le contrôler.

La défense des Bombers est exceptionnelle pour voler le ballon à l’adversaire et c’est la meilleure défense pour créer des revirements. Mais c'est tout ou rien avec cette défense. C’est aussi celle qui a accordé le plus de gros jeux, que ce soit des passes de plus de 30 verges ou des courses de plus de 20 verges. Au total, on a accordé 53 jeux comme ça et c’est le plus haut total. À l’inverse, on a provoqué 42 revirements. Encore là, si les Eskimos sont capables de protéger le ballon, les statistiques disent qu'il est possible d’aller chercher des verges et de marquer des points. Quelle défense des Bombers va se présenter?

J’ai hâte aussi de voir l’attaque des Bombers. Ils ont marqué huit fois plus de 33 points lors des 11 premiers matchs. De ce lot, ils ont marqué quatre fois 40 points ou plus. Ils étaient en feu. Mais quand on regarde les sept derniers matchs, pas une fois ils n'ont dépassé 30 points. Depuis le 22 septembre, Nichols a quatre passes de touché et seulement deux passes de plus de 30 verges. L’attaque est en panne sèche, elle n’est pas aussi dominante qu’avant. Ça va mettre encore plus de pression sur les Bombers. Pour moi, ça se joue clairement sur la guerre des tranchées et le jeu au sol avec Andrew Harris.

En tout cas, s'il y a une équipe qui est capable de gagner un match de façon laide (ugly win), c’est bien les Bombers. Ce sont des experts pour nous sortir un touché défensif ou un touché des unités spéciales. Il faut faire attention. Malgré tout, je favorise les Eskimos pour triompher car je pense qu’ils représentent la meilleure équipe et qu'ils jouent le meilleur football à ce stade-ci de la saison.