Kevin Glenn l'admet lui-même, il a été toujours perçu comme le négligé ou celui qui ne devrait pas évoluer au poste de quart-arrière. À sa 12e saison dans la LCF, sa première avec les Stampeders de Calgary, les étoiles se sont alignées pour qu'il tente enfin de soulever la coupe Grey.

Glenn est reconnaissant de disputer la 100e Coupe Grey pour une panoplie de raisons et il réalise aussi très bien qu'il n'aurait pas cette chance si son coéquipier Drew Tate n'était pas tombé au combat en raison d'une blessure.

« J'en viens parfois à penser que c'est le destin qui m'a placé ici », a admis Glenn qui est un athlète fort agréable à questionner.

Sa carrière n'a pas été de tout repos dans la Ligue canadienne de football. Après des séjours en Saskatchewan, à Winnipeg et à Hamilton, ils se retrouvent au sein d'une équipe qui possède tous les outils pour croire en ses chances. Glenn est convaincu que son parcours parsemé d'embûches sera un allié de taille face aux Argonauts de Toronto.

« Je crois que mon expérience va m'aider. C'est le plus gros match du football canadien et tous les yeux sont tournés vers nous, mais en même temps, on continue à lancer des ballons, les attraper et faire des plaqués comme nous l'avons si bien fait depuis le début de la saison », a-t-il relativisé.

Glenn a vécu des moments professionnels plus démoralisants en 2009 quand il a été libéré par les Blue Bombers. Heureusement, il avait une autre raison pour voir la vie d'un bon œil.

« C'était vraiment difficile, mais la chose qui m'a le plus aidé cette année-là, c'est que mon fils est né environ une semaine après cette libération. Je me suis donc occupé de cette responsabilité et les choses ont bien tourné puisque mon agent m'a trouvé du boulot avec les Tiger-Cats », a-t-il raconté.

À 33 ans, son rendement pourrait diminuer sauf qu'il présente plutôt parmi les meilleures statistiques de sa carrière. En fait, son pourcentage de passes complétées n'a jamais été aussi élevé et il présente son deuxième plus haut coefficient d'efficacité.

Glenn l'admet d'emblée, son entraîneur John Hufnagel a joué un rôle majeur dans son travail. Même en tant qu'athlète professionnel, Glenn est impressionné par la feuille de route de l'entraîneur des Stamps.

Il faut dire que Hufnagel a été l'entraîneur des quarts pour Peyton Manning, Tom Brady et Mark Brunell ainsi que le coordonnateur offensif d'Eli Manning, et ce, dans leurs meilleures années.

« Il a dirigé tellement d'excellents quarts! Je savais qu'il avait un énorme vécu en football et quand c'est le cas, ça t'incite à croire en un entraîneur. Tu veux l'écouter et lui poser des questions parce que tu peux toujours apprendre avec lui », a confié Glenn.

Blagueur à ses heures, Glenn a également parlé de la carrière de joueur de son entraîneur émérite.

« Je n'ai pas eu la chance de le voir jouer parce qu'il est trop vieux, mais nous avons un peu des chemins similaires. Nous avons chacun joué à Calgary, Winnipeg et en Saskatchewan », a-t-il déclaré en riant sur la carrière de Hufnagel qui a pris fin en 1986.

Évidemment, Glenn aurait adoré travailler avec ce spécialiste des quarts plus tôt.

« Il te parle avec le langage de quart-arrière, ce qui rend ses explications très faciles à comprendre, et tu peux visualiser ce qu'il te dit. Il a un grand talent de communication et il prend soin de ses joueurs. »

Il s'est inspiré de Dave Dickenson

Glenn a grandi à Detroit et il a souvent regardé des matchs de la LCF dans sa jeunesse.

« Je garde quelques souvenirs dont certains de Doug Flutie. Je me souviens aussi d'avoir écouté la Coupe Grey de 2000 avec Damon Allen (une victoire contre les Alouettes). J'étais à la maison et c'était amusant puisque j'ai joint la LCF l'année suivante », a dévoilé Glenn qui adorait les quarts Randall Cunningham, Dan Marino et Warren Moon en grandissant.

Durant son développement, Glenn s'est également inspiré d'un autre quart au gabarit semblable, un certain Dave Dickenson qui est aujourd'hui son coordonnateur offensif.

« Quand j'étais plus jeune à mes débuts dans LCF, je le regardais aller et j'essayais de l'imiter dans certains gestes. Il était notamment très bon quand il courait vers sa gauche pour ouvrir ses épaules et décocher des passes. »

« Je l'ai beaucoup regardé faire ce geste et je ne lui ai jamais dit, c'est la première fois qu'il lira cela », a-t-il admis avec plaisir.

Même s'ils ont déjà été des rivaux sur le terrain, Glenn et Dickenson s'entendent bien.

« J'ai une bonne relation avec lui même si c'est un peu difficile à expliquer parce que nous avons joué un contre l'autre. Je le connais depuis longtemps et je le taquine souvent en disant que je porte le 15 à cause de lui, c'était son numéro à Calgary », a rigolé Glenn.

« Il n'est pas un dictateur et il écoute les commentaires des joueurs car il comprend que c'est toi qui devra se débrouiller sur le terrain », a conclu le joueur de cinq pieds et dix pouces.