MONTRÉAL – Parmi ses dernières volontés, un jeune homme souffrant d’un cancer en phase terminale souhaitait le rencontrer, lui, le nouveau commissaire de la LCF.

 

Certes, Randy Ambrosie avait une bonne idée du mandat qui l’attendait quand il a été nommé le 14e commissaire de l’histoire de la LCF. Mais il ne se doutait pas qu’un tel dossier allait atterrir sur son bureau.

 

Véritable passionné de la LCF, le battant de 19 ans rêvait de pouvoir discuter de son sport préféré avec Ambrosie qui est originaire du Manitoba tout comme lui. Les Blue Bombers ont donc acquiescé à son souhait en effectuant la demande officielle et le commissaire ne s’est pas fait prier.

 

Tout avait donc été organisé pour que cette rencontre spéciale se produise avant un match à Winnipeg auquel le jeune homme et le commissaire assisteraient.

 

Mais la maladie s’est acharnée mettant en péril ce rendez-vous. C’était mal connaître le commissaire qui n’avait pas dit son dernier mot.

 

« J’ai reçu un message à mon atterrissage que je ne pourrais pas le rencontrer, il était retourné à la maison. Je suis sorti de l’avion, j’ai appelé les Bombers et je leur ai dit que j’allais simplement louer une voiture pour conduire jusqu’à sa maison familiale qui était environ à 1h45 de route.

 

« J’ai passé une magnifique heure avec lui et sa famille. Ce jeune homme avait une si grande passion pour la LCF et la vie. Il avait un agenda plein de choses dont il souhaitait discuter avec moi. Malheureusement, il est décédé quelques semaines plus tard », a raconté Ambrosie au RDS.ca.

 

Le cœur gros sur le chemin du retour, Ambrosie s’est juré de conserver ce moment comme une source d’inspiration.

 

« Ce que je retiens de tout ça, c’est que le travail que je fais est important. J’ai la responsabilité de donner le plus que je peux dans ce travail de différentes façons. Je parle à tous les partisans que je peux », a exprimé le dirigeant de 54 ans.

 

Il veut refléter que ce rôle demeure un privilège à ses yeux.

 

« Je dois faire de mon mieux pour être une bonne personne dans cette fonction. Je ne vais jamais oublier ce jeune homme. J’espère que ça me rappellera ma responsabilité de bien faire envers les gens. Il m’a démontré à quel point la LCF est importante pour certains partisans », a-t-il confié.

 

Partenaire des joueurs

 

Ambrosie avait justement axé sa philosophie sur une approche humaine. Durant sa carrière d’athlète, il avait défendu ses pairs en s’impliquant dans l’Association des joueurs de la LCF. Maintenant qu’il se retrouve de l’autre côté de la table, il n’a pas l’intention de se braquer contre le camp opposé.

 

« La relation peut être très positive. Après tout, au final, nous sommes des partenaires dans cette aventure. J’ai dit que je voulais être le plus grand fan des joueurs et j’y tiens. Je veux gagner leur respect et ça peut nous mener très loin de bâtir d’une manière constructive », a insisté Ambrosie. Randy Ambrosie et Doug Flutie

 

D’ailleurs, le commissaire a annoncé de nouvelles mesures dans ce sens. Dès 2018, le calendrier sera prolongé d’une semaine pour éviter des segments de trois parties en onze ou douze jours par exemple. De plus, les entraînements avec équipement complet seront abolis durant la saison régulière.

 

Pierre Vercheval, un ami de longue date, considère que son accent sur les joueurs sera bénéfique.

 

« Il a compris que la business, c’est des relations humaines. Il est très humble et rassembleur, il va impliquer les gens. Je pense qu’il aura un bon impact sur le côté des affaires, mais aussi pour la relation avec les joueurs. Oui, ses patrons sont les neuf équipes donc les décisions doivent faire du sens côté économiquement, mais il est bien placé pour mettre en avant-plan ce qui peut protéger les joueurs autant pendant qu’après leur carrière », a exprimé Vercheval.

 

Son avis sur les Alouettes et la croissance de la LCF

 

Ambrosie a fait son entrée alors que les Alouettes de Montréal peinent à se sortir du pétrin. Les ennuis qui se succèdent font craindre le pire à certains partisans notamment en raison des démarches autour d’un retour éventuel des Expos. Les fervents des Oiseaux croient que l’arrivée d’un propriétaire québécois permettrait de raffermir le lien avec le public.

 

« Je dois d’abord dire que Bob et Andrew Wetenhall ont été de merveilleux partenaires pour la LCF depuis de nombreuses années. Je pense que ce serait une erreur de ne pas respecter tout ce qu’ils ont fait pour le football au Canada, au Québec et à Montréal. Mon engagement est de les aider autant que je peux à ramener cette gloire d’antan à Montréal. Les Québécois aiment les gagnants, ce sont des gens fiers qui veulent voir leur équipe connaître du succès », a réagi Ambrosie.

 

Randy AmbrosieLe grand patron de la LCF ne craint pas le départ des Alouettes. En fait, il oeuvre plus à placer les pions pour qu’une expansion s’effectue dans un contexte optimal.

 

« On pourrait aisément ajouter la 10e équipe d’ici trois à cinq ans. Mais il faudra le faire quand on sera prêt, on doit se préparer à grandir. On veut développer un modèle afin de pouvoir expliquer comment procéder à ceux qui cogneront à notre porte. On souhaite que les nouvelles équipes viennent ajouter de la valeur à notre ligue. Ça doit fortifier notre place dans le cœur des partisans », a déclaré le commissaire.

 

En juillet, Ambrosie a accédé à cette fonction à la suite d’un parcours couronné de succès dans le monde des affaires. Avant même d’accrocher ses crampons, il avait entamé sa carrière en finances et il est devenu un spécialiste pour développer les compagnies qui l’ont embauché.

 

Bref, il pourrait se la couler douce et se contenter de regarder son sport en tant que partisan comme il l’a fait en assistant à plusieurs parties de la coupe Grey. Il a plutôt décidé de s’investir à fond pour propulser la LCF vers son potentiel maximal.

 

« À mon avis, il n’y a pratiquement pas de limites. Je peux facilement m’imaginer que les revenus doublent d’ici cinq à sept ans. Je pense qu’on a un potentiel qu’on ne réalise même pas aujourd’hui. Grâce au numérique, je vois une ouverture vers des marchés internationaux. Le Canada est si respecté à travers le monde qu’on pourrait donc recruter des athlètes d’ailleurs sur la planète. Ensuite, on pourrait diffuser des matchs à l’international. Pour l’instant, on n’a pas vraiment envisagé ces options, mais je souhaite ouvrir cette possibilité avec les gouverneurs et les propriétaires pour la CFL devienne atteigne un plus grand rayonnement », a argué Ambrosie qui tient à ce que les joueurs touchent leur part de l’équation.

 

Son plan consiste donc à écouter toutes les suggestions. Il n’est plus question de suivre les vieilles méthodes seulement parce que ça fonctionne ainsi depuis longtemps. Après avoir consulté ses employés, il a hâte d’en faire autant avec des témoins privilégiés.

 

« Je suis content de ce que j’ai effectué jusqu’ici, mais je suis déçu de ne pas avoir pu connaître les entraîneurs et les directeurs généraux autant que j’aurais voulu. Ce n’était pas possible en arrivant pendant la saison, mais j’espère me reprendre après celle-ci. Je veux passer plus de temps avec eux pour avoir leur input et leur poser des tas de questions. Je crois que ça fera de moi un meilleur commissaire », a déclaré l’homme originaire de Winnipeg.

 

Conséquent, il a géré le dossier de Johnny Manziel en sondant l’avis de son entourage. L’athlète au passé chaotique pourra tenter sa chance dans le circuit canadien en 2018.

 

« Quand on est confronté à un athlète qui a traversé des épreuves à l’extérieur du terrain, on doit s’entourer d’experts pour nous aider. Il faut reconnaître nos limites. Je vais donc me fier à des experts pour saisir où ces personnes sont rendues dans leur cheminement. Plusieurs athlètes ont profité d’une deuxième chance pour se reprendre et connaître de magnifiques carrières. Voilà ce qu’on souhaite », a mentionné Ambrosie.

 

Son influence a été bien accueillie sur cet enjeu tout comme celui concernant Art Briles. Ambrosie a su convaincre les Tiger-Cats de Hamilton de renoncer à l’idée d’embaucher cet entraîneur controversé.  

 

Maintenant, c’est le cas de Jonathan Hefney qui retient l’attention. L’ancien demi défensif des Alouettes de Montréal a effectué une sortie publique pour réclamer un meilleur soutien envers les athlètes qui, comme lui, éprouvent des ennuis de santé après leur carrière.

 

« On doit travailler avec l’Association des joueurs sur différents sujets. Les gouverneurs désirent qu’on fasse de notre mieux pour le bien des joueurs, mais je ne vais jamais essayer de négocier publiquement, ça pourrait devenir un manque de respect. Il faut parler de ces sujets et devenir les meilleurs partenaires que l’on peut pour les joueurs », a conclu Ambrosie.