MONTRÉAL - L'Association des joueurs de la Ligue canadienne de football (AJLCF) a tendu la main aux dirigeants du circuit Cohon, dimanche, afin que reprennent les négociations pour le renouvellement de la convention collective.

Le président de l'AJLCF, Scott Flory, a contacté le commissaire de la Ligue canadienne, Mark Cohon, afin que les deux parties se réunissent de nouveau pour tenter de trouver un terrain d'entente. Ils ont convenu de se revoir mercredi.

« Je trouvais cela important qu'on se retrouve de nouveau à la même table. Je voulais m'assurer qu'on négocierait de bonne foi et nous avons convenu de cette réunion de mercredi, a déclaré Flory dans un entretien avec La Presse Canadienne. On ne sait pas comment ça va aller, mais une chose est certaine: on ne peut pas s'entendre si on ne se trouve pas dans la même pièce à négocier. »

La semaine dernière, la ligue a rompu de façon abrupte les négociations qui duraient depuis plusieurs mois et a fait parvenir une lettre ouverte aux partisans, dans laquelle elle a pour la première fois de son histoire dévoilé les détails de sa dernière offre, datant du 15 mai dernier. Flory avait alors qualifié cette sortie publique "d'attaque planifiée" de la part du circuit, estimant que la trêve médiatique de 24 heures que s'étaient imposée les deux parties avait été "violée".

Dans cette lettre, Cohon faisait valoir que le salaire moyen serait augmenté de 12 pour cent pour se chiffrer à 92 917 $ cette saison et le plafond salarial passerait de 4,4 à 4,8 millions $ cette saison, en hausse de neuf pour cent. La dernière offre de la ligue ferait également grimper le salaire minimum de 11 pour cent dès cette saison, qui passerait de 45 000 $ à 50 000 $. Il atteindrait 55 000 $ d'ici cinq ans.

Ce que l'AJLCF souhaite, c'est d'obtenir un plafond salarial lié aux revenus du circuit et non fixe.

« Ce qu'on veut, c'est un système qui modernise la façon de faire dans la LCF, qui corresponde à ce qui se fait dans les autres ligues professionnelles, mais à plus petite échelle, pour correspondre à la Ligue canadienne, note Flory. Le pourcentage de revenus payés aux joueurs est aux alentours de 50 pour cent _ 47-48 dans la NFL, 50 dans la LNH et la NBA. De notre côté, ce qu'on demande, c'est 35 pour cent, alors nous trouvons que c'est raisonnable. »

Présentement, il n'y a pas de partage de revenus.

« On ne reçoit rien. Lors des dernières négociations, on parlait de 56 pour cent des revenus, mais la ligue nous a approchés pour nous faire part que ça ne pourrait pas fonctionner, a expliqué Flory. Nous avons alors convenu de leur donner une fenêtre de quatre ans au cours de laquelle nous avons accepté un plafond salarial prédéterminé de façon à ce que la ligue puisse engranger le plus de revenus possibles et se refaire une santé, d'éponger toutes les pertes qu'ils prétendaient avoir essuyées. Maintenant, il est temps de revoir cette entente. On veut un système de partage où le plafond est lié aux revenus, ce qu'ils ne sont pas prêts à faire pour l'instant.»

« Ils proposent un plafond fixe avec de légères augmentations pendant la durée du contrat de travail. De notre côté, on estime que la ligue a pu croître en raison de la qualité du spectacle offert sur le terrain. C'est pourquoi il y a plus de gens dans les estrades et que les revenus sont en hausse. Même chose pour les revenus de commandites et le contrat de télé. Avec le nouveau contrat de télévision, chaque équipe recevra environ 2,7 millions $ de plus. »

« Le commissaire a déclaré que six des huit équipes bouclent leur budget ou font des profits. Nous croyons que les deux équipes dont il parle qui ne sont pas profitables sont les Tiger-Cats de Hamilton, qui auront un nouveau stade, ce qui fera augmenter substantiellement leurs revenus, et les Argonauts de Toronto, qui seraient sur le point de passer aux mains du groupe MLSE, propriétaire des Maple Leafs, des Raptors et du Toronto FC, selon nos rapports. L'avenir de la ligue est donc très prometteur et les joueurs veulent partager les bénéfices. Mais nous ne demandons rien d'excessif: nous ne voulons absolument pas faire mal à la ligue, nous voulons grandir avec elle. »

En plus des questions financières, l'AJLCF cherche à assurer la sécurité de ses membres.

« La sécurité des joueurs est très importante. Prenons les entraînements avec équipement: dans la NFL, avec toutes les dernières recherches concernant les risques de commotions et de blessures sérieuses causées par les coups répétés à la tête, on a réduit le nombre d'entraînements avec équipement à 14 par saison. Ce qu'on voudrait, c'est d'en avoir une par semaine seulement. Ce que la ligue propose, c'est d'en tenir 28 par saison. L'argent ne vaudra rien si nous ne sommes pas en santé pour en profiter après notre carrière. »

La présente convention collective vient à échéance le 29 mai, à minuit, ce qui pourrait menacer le début des camps d'entraînement, qui doivent s'amorcer le 1er juin. Le coup d'envoi du calendrier régulier est prévu pour le 26 juin. La seule grève de l'histoire de la LCF est survenue pendant les camps d'entraînement de 1974. Une nouvelle entente avait été ratifiée avant que des parties du calendrier régulier ne soit annulées.

« Les bulletins de vote de grève ont été envoyés à toutes les équipes sauf celles de l'Alberta, où la loi ne nous permet pas de voter une grève tant que le contrat de travail n'est pas échu, a admis Flory. Mais nous sommes raisonnablement optimistes en vue des négociations de mercredi. »