La victoire des Stampeders à la Coupe Grey par la marque de 27-16 contre le Rouge et Noir d’Ottawa va faire le plus grand bien à l’organisation de Calgary.

Depuis une décennie, cette équipe est le standard d’excellence au sein de la Ligue canadienne de football. Ils ont pris le relais après la dernière Coupe Grey des Alouettes de Montréal en 2010 comme étant la meilleure formation du circuit. Ils présentent un dossier de plus de 10 victoires à répétition, ils sont toujours dans la lutte pour le premier rang dans l’Association ouest et ils atteignaient le match ultime pour une troisième année consécutive. Le seul hic, c’est qu’ils s’étaient inclinés à leurs deux dernières présences, même s’ils avaient, à mon avis, la meilleure équipe sur le terrain pour ces affrontements.

Rouge et Noir 16 - Stampeders 27

Si l’an dernier, les Stampeders n’avaient pas été en mesure de compléter les gros jeux contre les Argonauts de Toronto, ils ont remédié à la situation cette année devant le Rouge et Noir.

J’avais de l’empathie pour ce que traversaient les Stampeders, car j’avais vécu une situation similaire avec les Alouettes par le passé alors que nous avions été longtemps considérés comme l’équipe qui dominait en saison régulière, mais qui ne pouvait remporter la Coupe Grey. On avait baissé pavillon à trois occasions en finale (2005, 2006 et 2008) avant de finalement l’emporter en 2009.

J’étais content pour eux et c’était surtout mérité qu’ils parviennent enfin à se défaire de cette étiquette d’équipe qui gagne en saison, mais pas au moment où ça compte le plus, à la Coupe Grey.

Celui qui a été nommé joueur par excellence du circuit, Bo Levi Mitchell, a connu un bon match, surtout en première demie. Il a contrôlé le rythme de la rencontre et il a réalisé les gros jeux aux bons moments. C’est ce qu’il faut retenir alors que les statistiques des deux équipes sont passablement similaires.  

Le quart a terminé les séquences lorsqu’il se retrouvait dans la zone payante, a évité les erreurs et la défense a provoqué plusieurs revirements. Trevor Harris a été dérangé tout au long du match et il a d’ailleurs été victime de trois interceptions.

C’était un élément clé et ils ont remporté cette bataille, donc chapeau aux Stamps pour leur conquête.

Je veux mentionner un bémol par rapport à cette rencontre et vous devinerez que je veux glisser un mot sur la qualité du terrain. Ce sera très certainement un sujet qui sera abordé par la Ligue en vue des prochaines années.

Sur le plan de la météo, il était difficile de demander mieux pour cette période de l’année à Edmonton. On avait eu un gros soleil toute la journée et on était tout près du point de congélation, mais rien de dramatique. Malgré tout, le terrain avait les allures d’une véritable patinoire.

On n’a ainsi pas été capable d’apprécier le plein potentiel des joueurs chez les deux équipes. On n’a qu’à penser aux joueurs sur le front défensif qui doivent connaître d’excellents départs pour attaquer le quart, c’était impossible dans ces conditions. C’était dommage de ne pas avoir eu la meilleure version des deux équipes sur le terrain pour ce match ultime.

Certains ont déjà lancé comme idée de devancer le calendrier régulier. Le premier match de la saison s’est tenu le 14 juin et c’est vrai qu’il pourrait être devancé plus tôt dans le mois. Par contre, l’année prochaine, le match de la Coupe Grey se tiendra à Calgary. Sur le plan météo, il ne devrait pas y avoir une grosse différence entre le 25 ou le 15 novembre. Je ne sais pas quelle sera la solution, mais il faut à tout de moins s’assurer que les terrains qui accueillent ce match soient équipés adéquatement afin de répondre aux caprices de Dame Nature. C’est rare que les récentes surfaces synthétiques posent autant de problèmes, mais pour être allé sur le terrain avant la rencontre, j’ai réalisé alors l'ampleur du défi que les joueurs allaient devoir relever, alors que je marchais sur une patinoire. La qualité du terrain représente le principal enjeu à mon avis, si on veut corriger le tout dès la 107e édition de la Coupe Grey.

Une convention collective à surveiller

Qui dit Coupe Grey dit la fin de la saison de la Ligue canadienne, mais l’entre-saison ne sera pas de tout repos alors que plusieurs dossiers seront traités. C’est une grosse saison morte en raison principalement des négociations en vue d’une convention collective. C’était un sujet qui revenait sur plusieurs lèvres lors des derniers jours à Edmonton. Il en a été question avec des représentants de l’Association des joueurs et avec le commissaire et alors que ce dernier semble confiant qu’ils en arrivent rapidement à une entente, les joueurs paraissent campés sur leur position.

Parmi les sujets qui seront sans aucun doute abordés, il faut penser à la sécurité des joueurs, les assurances à long terme, ce qui a touché notamment Jonathan Hefney des Alouettes qui a lancé une collecte de fonds du GoFundMe afin de l’aider à payer ses opérations au cou aux États-Unis à la suite de sa blessure. L’expansion à Halifax et le plafond salarial seront aussi des sujets soulevés lors des négociations alors que la Ligue est dans un tournant.

La situation est encourageante présentement pour la LCF, mais l’arrivée de l’Alliance of American Football, de la XFL et le souhait de faire une expansion, notamment avec le Mexique sont à prendre en ligne de compte pour l’avenir du circuit. Cette convention sera donc essentielle pour la santé financière de la Ligue en raison des dossiers sur la table. Il faut s’attendre à une entente pour une durée de cinq ou huit ans, mais plus longue elle sera, mieux ce sera. Les joueurs sauront ainsi mieux sur quel pied danser et c’est pour cette raison qu’autant de joueurs vedettes deviendront joueurs autonomes au cours de l’hiver. Ils pourront ajuster leur prochain contrat en fonction de ce qui sera décidé au cours des négociations.

Ce sera un dossier à suivre au cours des prochains mois et cette convention collective sera lourde de conséquences.

Les Texans sont à surveiller

Place à la NFL maintenant! Au terme de la dernière semaine, force est d’avouer que les Texans de Houston représentent une équipe complète. Ils viennent de signer une huitième victoire de suite grâce à leur gain contre les Titans du Tennessee. C’est tout un revirement de situation après avoir entamé la campagne avec un dossier de 0-3.

Évidemment, il faut regarder du côté du quart-arrière pour expliquer une part des succès de cette formation. Sans être flamboyant, DeShaun Watson fait du bon travail et il est efficace. Il se sert bien de sa mobilité, distribue bien le ballon et surtout le protège adéquatement. Encore une fois, il n’a été victime d’aucune interception lundi soir et a lancé deux passes de touché. Il n’a atteint le plateau des 300 verges qu’une seule fois au cours de la campagne et cumule un ratio de 20 passes de touché contre neuf interceptions, dont trois sont survenus lors de la série de revers en lever de rideau.

Watson compte sur un bon groupe de receveurs avec évidemment DeAndre Hopkins, l’un des meilleurs du circuit, l’ajout de Demaryius Thomas aide et Keke Coutee s’établit de plus en plus comme un receveur fiable. Les ailiers rapprochés font aussi leur boulot, alors malgré la perde de Will Fuller V, les Texans peuvent connaître du succès sur le plan aérien.

Il est du moins assez menaçant pour ouvrir des brèches pour le jeu au sol et c’est ce qui s’est produit contre les Titans alors que Lamar Miller a conclu le match avec 162 verges au sol, dont 97 ont été amassés sur une seule course pour le touché.

On a donc d’un côté une attaque qui bouge bien le ballon et contrôle le temps de possession, et en défense, tout roule également. Cette unité mise sur l’un des fronts défensifs des plus menaçants du circuit avec J.J. Watt, Whitney Mercilus et Jadeveon Clowney qui peuvent sans arrêt appliquer de la pression. Au deuxième niveau, Zach Cunningham et Bernadrick McKinney sont de véritables marteaux. Finalement, la tertiaire est opportuniste comme elle en a fait preuve la semaine précédente lorsque Justin Reid a retourné une interception sur 101 verges pour le touché.

Avec cette victoire contre les Titans, les Texans assurent à toute fin pratique d’une place en éliminatoires et j’ai hâte de voir leur confrontation contre les Colts d’Indianapolis le 9 décembre prochain. Ce sont les deux meilleures équipes au sein de cette division et elles pourraient bien causer des surprises dans l’Américaine aux puissances actuelles, soit les Chiefs, les Patriots et les Steelers.

Plus rien ne va pour les Jaguars

Une équipe qu’on aurait pu retrouver dans ce groupe en début de saison, mais qui a connu tellement de ratés que je dois l’identifier comme ma déception de l’année dans la NFL, les Jaguars de Jacksonville.

Rien ne va plus, alors que l’an dernier ils ont atteint la finale d’Association pour s’incliner dans un match serré contre les Patriots. Ils avaient vaincu auparavant les Steelers de Pittsburgh sur leur route. On pensait alors qu’ils étaient à surveiller cette saison, mais ils viennent d’encaisser une septième défaite de suite pour porter leur dossier à 3-8.

C’est évident que Blake Bortles est pointé du doigt pour ses performances et on a d’ailleurs nommé Cody Kessler comme partant. La direction a décidé de congédier le coordonnateur offensif Nathaniel Hackett pour promouvoir l’ancien coordonnateur offensif des Alouettes et entraîneur-chef des Argonauts de Toronto Scott Milanovich à ce poste. Il était l’entraîneur des quarts avec les Jaguars et c’est une belle opportunité pour lui, après un beau parcours au Canada, de montrer ce qu’il peut faire. La situation est loin d’être facile cependant.

Ce qui retient mon attention dans cette équipe également, c’est le problème qu’il semble y avoir dans le vestiaire en ce qui concerne le tempérament de certains joueurs. Ils s’étaient débarrassés de Dante Fowler en raison de son attitude et lors de la dernière semaine, on a vu Leonard Fournette en venir aux coups avec un joueur des Bills de Buffalo.

On voit que les problèmes sont enracinés profondément dans cette équipe. On parle d’une équipe qui faisait preuve d’attitude la saison dernière également, mais elle parvenait à l’emporter peut-être avec une certaine naïveté et on jouait sans pression.

On réalise comment les choses peuvent changer rapidement dans la NFL, mais il faut en conclure que ce n’est pas parce qu’une équipe connaît une saison fructueuse qu’elle saura se maintenir au sommet. Les Jaguars sont très talentueux, mais ils ont des problèmes à régler à d’autres niveaux.

Un règlement à revoir

Mon dernier point cette semaine concerne la rencontre opposant les Steelers de Pittsburgh et les Broncos de Denver.

Dans un match fort divertissant, nous avons tout vu, un long touché de JuJu Smith-Schuster, une passe de touché d’un botteur à un joueur de ligne et une autre bonne prestation du porteur de ballon non repêché des Broncos Phillip Lindsay.

Deux éléments en particulier ont retenu mon attention et je veux revenir sur l’un des règlements que je déteste le plus dans la NFL, soit l’échappé à la porte des buts. Je ne peux comprendre qu’un joueur qui échappe le ballon et que celui-ci quitte le terrain dans la zone des buts offre alors un touché de sûreté et c’est l’autre équipe qui obtient la possession. C’est complètement ridicule et je ne comprends pas pourquoi les équipes ne s’insurgent pas davantage contre ce règlement.

On a assisté à un tel jeu au terme d’une séquence de 12 jeux et 74 verges en 6 minutes 37 secondes. Xavier Grimble saisit une passe et tente de s’étirer pour atteindre la zone des buts, mais il échappe le ballon qui quitte la zone des buts. J’ai de la misère à croire qu’on pénalise un effort à ce point et ce jeu aura fait la différence dans un match serré. J’espère que la NFL va changer ce règlement.

L’autre facteur que je retiens de ce match, c’est qu’avec deux victoires contre des adversaires de taille, les Broncos sont de retour dans les discussions pour les éliminatoires. Il y a trois semaines, on croyait que Vance Joseph allait possiblement perdre son poste à la fin de la saison et peut-être même au cours de celle-ci, mais après des victoires contre les Chargers et les Steelers, la situation a changé.

Les Broncos ont également un calendrier avantageux devant eux. Ils vont affronter les Bengals, probablement la pire équipe de la NFL, les 49ers, les Browns, les Raiders et les Chargers. L’équipe pourrait conclure la saison avec une fiche de 9-7 ou 10-6 et se classer pour les éliminatoires.

Une telle situation pourrait sauver le poste de Joseph, même si ce n’est pas nécessairement ce qui est souhaité comme l’équipe a encore plusieurs lacunes. Certaines décisions de l’entraîneur et sa gestion ont mené à des défaites de son équipe au cours de la saison. La fin de la saison va peut-être lui permettre de conserver son poste, mais je ne suis pas certain que ce soit la bonne chose pour l’organisation.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant