La prestation de l'attaque des Alouettes de Montréal vendredi dernier contre les Blue Bombers de Winnipeg a encore une fois été une déception.

Je ne m'attendais pas à des miracles de Johnny Manziel. Je ne croyais pas qu'il pouvait tout changer soudainement, mais on avait vu que l'arrivée d'Antonio Pipkin avait dynamisé cette attaque. On aurait été en droit de s'attendre à voir plus de punch à l'offensive. Malheureusement, ça n'a pas été le cas et les Alouettes se sont inclinés 31-14.

L'attaque n'a généré que 14 points et dans la Ligue canadienne, c'est nettement insuffisant pour gagner des matchs.

Manziel a quand même envoyé quelques signaux encourageants. On l'a vu bien bouger le ballon. On a vu qu'il était capable d'improviser sur le terrain et de créer des jeux avec ses jambes. Quand le système se brise, il est capable de provoquer quelque chose. C'est sa force de provoquer les choses comme il le faisait à l'université. Son problème toutefois est qu'il a parfois du mal à voir les jeux quand il sort de la structure.

Manziel éprouve aussi des ennuis avec ses fondamentaux comme son jeu de pied, sa façon de lancer le ballon et son positionnement en général qui n'est pas toujours bon, ce qui provoque parfois l'imprécision de ses passes. On a vu le ballon sortir « flottant » quand il passait. Les passes n'avaient pas la vélocité qu'on aimerait voir, une déception à mes yeux. C'est un élément qu'il doit améliorer.

Quand on regarde de façon plus large, il est clair qu'on ne peut pas évaluer la prestation de Manziel sans parler des autres. Le quart arrière n'a pas eu beaucoup d'aide de sa ligne à l'attaque et de ses receveurs de passes. Dans les circonstances, il est difficile de connaître du succès.

Un retour fructueux

Carson Wentz était de retour au poste de quart avec les Eagles de Philadelphie. Il avait été exceptionnel la saison dernière alors qu'il avait conservé un dossier de 11-2. Il avait aussi complété 33 passes pour des touchés contre sept interceptions. Malheureusement, il s'est blessé en décembre et on a vu Nick Foles prendre la relève et mener l'équipe à la conquête d'un premier Super Bowl.

En début de saison, on a toutefois vu le mauvais Foles. Il ne ressemblait pas à celui qui avait guidé les siens aux grands honneurs. On a plutôt vu celui qui avait connu des ennuis durant la saison régulière. J'avais peur que l'on précipite le retour au jeu de Wentz parce que les choses ne tournaient pas rond en début de campagne.

Au départ, on disait que Wentz raterait au moins un mois d'activités, mais après deux semaines, on parlait déjà d'un possible retour, ce qui me faisait craindre le pire. Heureusement, ses prestations de la fin de semaine démontrent qu'il était fin prêt. On a vu qu'il était vite, agile et qu'il bouge bien. À de nombreuses reprises, il a dû quitter sa pochette et il semblait très à l'aise, ce qui démontre qu'il n'a pas été ennuyé par son genou.

En plus, Wentz est allé gagner le match contre les Colts d'Indianapolis, qui présentent une bonne unité défensive.  Il a réussi 25 de ses 37 passes pour des gains de 255 verges. Il a affiché un ratio de plus de 67% avec une passe pour un majeur et une interception, dont il est responsable.

Dans l'ensemble, il a offert une bonne performance, lui qui n'avait pas joué depuis près de dix mois.

La défense des Colts surprend

Avant le début de la saison, nombreux étaient les observateurs qui voyaient les Colts d'Indianapolis comme la pire formation de la NFL.  On s'attendait à une saison longue et pénible, mais l'unité défensive est nettement plus solide qu'anticipée. Les Colts se retrouvent à peu près au milieu de peloton dans les différentes catégories défensives pour les points accordés et les verges allouées notamment. Le club est toutefois troisième pour les sacs du quart et il n'a accordé que trois touchés par la passe et deux au sol. Il y a donc des statistiques où les Colts sont supérieurs à la moyenne. On est loin d'être en queue de peloton comme on le pensait.

Afin d'aider d'Andrew Luck, il faut miser sur une bonne défense et il y a deux joueurs qui retiennent particulièrement mon attention. Il s'agit de Margus Hunt et Darius Leonard.

Hunt avait été un choix de deuxième ronde des Bengals de Cincinnati en 2103 et il faut être honnête pour dire qu'il a été une déception depuis son arrivée dans la NFL. Depuis le début de la saison toutefois, cet ailier défensif contrôle ce qui se passe sur le terrain. On le sent très fort et c'est comme s'il avait une nouvelle vie avec sa nouvelle équipe.

Leonard est premier dans la NFL avec 41 plaqués en plus d'avoir réussi trois sacs du quart. Il a aussi rabattu deux passes et provoqué une perte de ballon. Il a également recouvré un ballon échappé. C'est une recrue qui avait été un choix de deuxième ronde de South Carolina State et il est vraiment impressionnant. Selon moi, il va devenir l'un des bons jeunes secondeurs dans la NFL pour les cinq prochaines années. Il est très rapide et on raconte que son attitude est phénoménale.On n’a rien à lui reprocher.

Le brio de Hunt et Leonard fait que la défense des Colts sort du lot depuis l'ouverture de la saison.

Les revendications d'Earl Thomas

Les Seahawks de Seattle vivent une situation tout à fait particulière avec l'un de leurs joueurs, Earl Thomas.

Ce dernier tenait à négocier une nouvelle entente durant la saison morte, mais la direction des Seahawks ne tenait pas à lui offrir ce qu'il souhaitait. Il écoule actuellement la dernière année de son contrat de quatre ans d'une valeur de 40 millions. Cette saison, sa rémunération sera de 8,5 millions.

Même s'il ne fait pas pitié du point de vue financier, il estime qu'il est en droit de mériter un nouveau contrat qui ferait de lui, l'un des joueurs défensifs les mieux payés dans la NFL. Il a même demandé d'être échangé. Il ne s'est pas pointé aux entraînement hivernaux en plus de sauter le camp d'entraînement.  Il s'est finalement pointé le bout du nez juste à temps pour le début de la saison pour s'assurer de toucher son salaire, un peu comme le fait  Le'Veon Bell des Steelers de Pittsburgh. Mais Thomas livre la marchandise jusqu'ici.

Thomas a réalisé trois interceptions jusqu'ici, ce qui le place sur un pied d'égalité au premier rang dans la ligue. Il excelle aussi sur les plaqués avec 18, mais il continue de se faire les choses de son côté. Ainsi, il a raté deux entraînements cette semaine en déclarant qu'il investissait en lui-même. Il a des rancunes contre les Seahawks, il ne s'en cache pas. Il essaie de provoquer son équipe pour forcer une transaction ou une libération pour lui permettre d'aller jouer ailleurs.

Thomas est censé être un leader chez les Seahawks, mais il ne donne pas l'exemple en ratant des pratiques. En plus, il ne se gêne pas pour descendre l'équipe publiquement. Je ne sais pas combien de temps la situation va perdurer et comment Pete Carroll va gérer tout ça parce qu'il est l'un des meilleurs maraudeurs du circuit.

L'avenir est maintenant à Cleveland

Le jeune quart des Browns de Cleveland Baker Mayfield a offert une performance sublime jeudi dernier contre les Jets de New York.

Mayfield a littéralement transformé l'équipe quand il est sauté sur le terrain. La direction avait un plan quand elle l'a sélectionné au premier rang de l'encan universitaire lors du dernier repêchage. On prévoyait qu'il soit l'auxiliaire à Tyrod Taylor pour la saison, le temps de lui permettre de bien assimiler la NFL. C'est la philosophie du nouveau directeur général John Dorsey.

Dorsey avait employé la même recette avec Patrick Mahomes derrière Alex Smith chez les Chiefs de Kansas City. Les résultats donnent raison à Dorsey puisque Mahomes démontre qu'à sa deuxième année, il est fin prêt pour prendre l'attaque en mains. Dorsey voulait faire la même chose avec Mayfield.

Les performances en dents de scie de Taylors jumelées à une blessure ont provoqué l'arrivée de Mayfield dans l'action. Dès son entrée, on a eu une bonne idée de son talent avec des passes vives. On voyait qu'il avait confiance et malgré sa petite stature, et que certaines équipes ne voulaient pas courir de chance avec lui, les Browns ont fait de lui le tout premier choix du repêchage. Dorsey avait dit qu'il faisait confiance à ses yeux. Trop souvent, on se fie aux statistiques et aux grilles d'analyse, mais au final, le sport se joue avec des athlètes de talent.

Baker Mayfield excelle en dépit de son gabarit. Il est allé jouer à Texas State sans bourse d'études où il a eu du succès. Puis, il est allé à Oklahoma encore une fois sans bourse d'études où il est devenu partant et récipiendaire du trophée Heisman. On ne lui a jamais rien donné et je suis persuadé qu'il ne tiendra rien pour acquis. Les Browns ont trouvé un quart de premier plan pour les prochaines années. J'ai vraiment hâte de suivre sa progression.

*propos recueillis par Robert Latendresse