MONTRÉAL – Ça faisait longtemps que les sourires avaient été aussi nombreux dans le vestiaire et sur le terrain du Rouge et Noir d’Ottawa. Le plaisir était au rendez-vous pour la dernière étape d’un camp qui est autant précieux pour les jeunes participants que pour les joueurs.

 

Ce camp sportif, élaboré en partenariat avec Autisme Ontario, a vu le jour en 2016 sous l’initiative de Moton Hopkins, un ancien joueur du Rouge et Noir, dont le frère aîné doit composer avec le trouble du spectre de l’autisme.

 

À ce moment, Jean-Philippe Bolduc venait d’atterrir avec le Rouge et Noir après avoir été libéré par les Stampeders de Calgary et c’était tout naturel pour lui de s’impliquer dans cette cause qui est chère à ses yeux.

 

« Lorsque Moton m’en a parlé la première fois, j’étais sur l’équipe de pratique donc j’avais un peu plus de temps libres que les réguliers et je suis allé faire un tour. C’était super le fun et très bien organisé.

 

« De fil en aiguille, je me suis retrouvé à me pointer pour chaque séance tous les deux lundis pendant 90 minutes. Ça faisait partie de mon horaire et je suis devenu partie intégrante de son camp éventuellement », a raconté le Québécois de 28 ans.

 

Quand Hopkins a quitté le Rouge et Noir, Bolduc s’est assuré de poursuivre ce bel engagement.

 

Tandis que les six premières séances de ce camp se déroulent sur le superbe terrain adapté Miracle Field – qui a été en grande partie financé par la Fondation des Blue Jays de Toronto – la conclusion se tient au domicile du Rouge et Noir.

 

« On leur organise une soirée pizza et on invite les parents, frères et sœurs. On joue sur le terrain avec les vrais équipements de football, on visite le vestiaire et on mange dans le lounge des joueurs. Les enfants peuvent aussi regarder un film », a décrit Bolduc qui a reçu un coup de main de ses coéquipiers Michael Klassen et Richie Leone cette année.

 

Avant de les laisser repartir à la maison, Bolduc s’assure de leur remettre un cadeau.

 

« On leur donne notre carte de joueur autographiée, une photo encadrée ainsi qu’une casquette et un ballon du Rouge et Noir. C’est bien important pour eux d’avoir un souvenir physique, pour identifier le tout à cette expérience », a expliqué l’ancien du Rouge et Or de l’Université Laval.

 

Les liens tissés deviennent authentiques au point que Bolduc se fait tirer la pipe par certains participants.

 

Jean-Philippe Bolduc« Patrick (sur cette photo de Roch Lambert), c’est un grand fan de sports et des Sénateurs et je le croise aux matchs. Pour ma fête ou pour Noël, ça lui arrive de m’envoyer un foulard et des bas du Canadien, il sait que je suis un fan du CH. C’était sa façon de me taquiner quand ça allait mal pour le Canadien », s’est rappelé Bolduc avec un sourire dans la voix.

 

« Je pense aussi à Alexandre (photo principale) qui participe à un camp semblable au hockey. Il m’a demandé d’y aller avec lui et je vais me joindre à eux pour quelques séances cet hiver. Ça fait chaud au cœur qu’il souhaite que je sois là », a admis l’athlète qui s’illustre sur les unités spéciales.

 

Il s’agit du constat classique, mais tous ces moments avec ces jeunes rappellent à Bolduc et ses coéquipiers qu’il n’y a pas que le football dans la vie.

 

« C’est bien aussi pour nous de revenir un peu sur terre. On se rend compte qu’on est choyés même avec une fiche de 3-7. On est en santé et tout va bien. Notre entraîneur, Coach Campbell, nous dit souvent que le football est crucial pour nous, mais que ce n’est pas la chose la plus importante. Des activités comme celle-là, ça nous permet de décrocher à 100% », a exposé celui qui dispute sa quatrième saison dans la LCF.

 

Bolduc l’a bien compris et il s’assure de s’impliquer de différentes manières.

 

« Je dis souvent que le football est une grande partie de ce que je fais, mais pas nécessairement ce que je suis. Quand je suis arrivé avec le Rouge et Noir, j’ai voulu saisir le plus d’occasions que je pouvais pour influencer les jeunes. »

 

Un bon ambassadeur pour le Rouge et Noir

 

C’est à son tour de le faire parce qu’il avait lui-même été inspiré par un joueur de la LCF. Quand il jouait au Collège Bourget, il se souvient de la visite de Phillip Gauthier qui est aujourd’hui l’un de ses amis. C’est à ce moment qu’il a cru en son rêve d’accéder au football professionnel.

 

« Le Rouge et Noir nous donne la chance d’être présent dans plusieurs programmes. Je me retrouve impliqué dans plusieurs causes et je trouve ça vraiment plaisant. Ça me procure de belles expériences. Je fais partie d’une organisation complète, une belle équipe de foot dans laquelle on peut aussi s’épanouir dans d’autres facettes de notre vie », a indiqué celui qui s’est bien intégré dans cette organisation.

 

Jean-Philippe BolducEn se consacrant à un métier comme le sien et en s’impliquant dans la communauté, Bolduc a trouvé une réponse intéressante pour sa prochaine carrière.

 

« Ça me confirme que je ne ferai pas du bureau de 9 à 5. Je crois bien que je vais me retrouver dans le football toute ma vie. C’est une façon d’avoir un impact positif sur bien des gens. Tous les jours, on croise des gars qui ont vécu des choses pas faciles dans leur vie. Ils viennent de quartiers peu favorisés et le football a eu de grands bienfaits pour eux », a relevé Bolduc qui se verrait dans l’organigramme sportif d’une équipe professionnelle.

 

Avant de se lancer dans sa prochaine aventure, Bolduc souhaite voir le Rouge et Noir relancer sa saison. Il continue de croire que c’est possible en s’appuyant sur un argument valable.

 

« On ne peut pas juste se baser là-dessus, mais on a encore huit parties à disputer dont cinq contre Toronto (trois) et Vancouver (deux). Je ne veux pas garantir de victoires, mais je crois que ce sont des matchs qui peuvent être à notre portée. On se retrouverait avec une fiche moins pire, on est en mesure de sortir la tête de l’eau. On a démontré qu’on peut être compétitifs contre de bonnes équipes en battant Calgary en début d’année sur leur terrain. On a aussi perdu par un point contre eux à domicile.

 

« On est une équipe plus compétitive que notre fiche peut l’indiquer. Les gens dans la LCF le savent et c’est à nous d’être plus opportunistes dans les prochaines semaines, parce qu’on n’aura pas de deuxième chance dans la deuxième moitié », a conclu Bolduc en admettant que les quarts Dominique Davis et Jonathon Jennings voudront mieux faire à partir du match du 7 septembre contre les Argonauts.