Cinq éléments ont retenu mon attention lors de la dernière semaine d'activités dans la Ligue canadienne de football et c'est un plaisir de les partager avec vous.

Une défensive impressionnante

L'unité défensive des Stampeders de Calgary est la défense la plus redoutable de la LCF depuis le début du calendrier. Tout porte à croire qu'il en sera ainsi pour le reste de la saison, car cette équipe possède tous les outils pour dominer l'adversaire.

Il y a quelques statistiques qui illustrent ce que j'avance. Les Stampeders ont alloué qu'une moyenne de 9,5 points par partie. L'équipe qui arrive en deuxième place dans cette catégorie accorde une moyenne de 21 points par rencontre. En quatre rencontres, la défense de Calgary n'a accordé que trois  touchés, ce qui est franchement spectaculaire dans une ligue où tout est mis en place pour que des points soient marqués.

Les Stampeders accordent en moyenne 245,5 verges par match. Le club en deuxième place dans cette  catégorie est à 326,5 verges, soit plus de 75 verges de plus. Calgary domine largement au chapitre des revirements avec 14, et ce, en seulement quatre rencontres.  Cette défense n'a donné que trois passes de plus de 30 verges depuis le début de la saison. Il faut le faire.

C'est impressionnant comme chiffres, mais il serait étonnant que cette tendance se poursuive toute la saison, mais sur un échantillonnage de quatre parties, c'est spectaculaire. Les Stampeders arrivent à ce type de résultats grâce à une stabilité au niveau des joueurs et avec la présence d'un coordonnateur défensif qui est en place depuis des années. Il y a aussi des joueurs qui font la différence à chaque niveau de la défense. Il y a des joueurs qui sont capables d'appliquer la pression, des secondeurs qui plaquent très bien et une tertiaire qui est capable d'aller chercher le ballon.

Je lève mon chapeau à cette unité défensive et bonne chance aux équipes qui vont s'y frotter. Notamment les Alouettes de Montréal en fin de semaine.

L'imprévisible

Le quart du Rouge et Noir d'Ottawa Trevor Harris est vraiment un athlète imprévisible cette saison. Tout peut arriver avec lui. Il peut être soit bon, soit  mauvais. Je sais que ses deux contreperformances  sont survenues contre Calgary, une équipe dont je viens de vanter les capacités défensives impressionnantes.

Certains diront que les receveurs n'ont pas fait le travail dans les matchs où Harris a mal paru, mais on se rend compte qu'avec lui, c'est tout ou rien.  La différence entre les parties face à Calgary et les autres équipes est trop importante pour dire que c'est parce que l'on jouait contre les Stampeders. Dans les victoires, Harris a passé pour 345 et 342 verges alors que dans les défaites, le Rouge et Noir n'a passé que pour 135 et 93 verges.

Quand Harris est dans sa zone et qu'il trouve son rythme, les choses vont extrêmement bien et on pourrait le considérer comme l'un des meilleurs du circuit. Mais quand les choses ne tournent pas rond, on pourrait le considérer comme l'un des pires. Il présente l'éventail le plus varié de la ligue. Un jour, il joue comme celui qui va gagner la coupe Grey et le lendemain comme le gars qui est sur le point d'être retranché. C'est dommage parce que c'est l'étiquette qu'il traine depuis le début de sa carrière.

Je ne sais pas si Ottawa va poursuivre avec lui à l'avenir. Ce que j'entends, c'est qu'on n'est pas sûr de ce que Harris peut offrir. Il sera joueur autonome à la fin de la saison et malgré son immense talent, il n'est pas certain qu'on veuille miser sur un quart aussi imprévisible d'une semaine à l'autre.

Les sanctions en gradation?

Dylan Wynn des Argonauts de Toronto a été suspendu pour un coup à la tête de C.J. Gable des Eskimos d'Edmonton. Je veux souligner cette suspension, car je crois qu'il est temps que l'on sévisse de façon plus importante dans la LCF pour les coups à la tête. On en parle dans les différents sports depuis longtemps, mais il est  temps que l'on mette fin à ces coups qui sont dangereux  en sévissant davantage.

Beaucoup de ligues ratent le bateau, mais je sens une tendance que j'aime dans la LCF. On a suspendu Kyries Hebert du Rouge et Noir il y a deux semaines pour un coup à la tête contre un joueur de Calgary. Cette fois, c'est Wynn qui a écopé. J'aime que le commissaire Randy Ambrosie agisse rapidement à la suite des gestes et l'on constate que la sécurité est au centre ses préoccupations. On l'a vu lorsqu'il a prolongé la saison d'une semaine et qu'il a devancé le calendrier pour donner plus d'espace entre les parties pour donner plus de temps aux joueurs. Ça évite aussi aux clubs de jouer plusieurs parties dans un court laps de temps. On a aussi enlevé les protections à l'entraînement pendant la saison.

Je sens une cohérence avec les décisions prises récemment. Ça envoie le message clair aux joueurs que ce type de comportement était inadmissible. J'espère maintenant que ces suspensions ne seront qu'un plancher dans la mesure où à l'avenir, on ne pourra pas écoper de moins comme sanction pour des gestes similaires. Pour les récidivistes, je souhaite voir les suspensions aller en gradation. On peut donner une partie de suspension cette saison et faire monter la même suspension à deux parties pour un geste semblable l'an prochain jusqu'à ce qu'on mette fin à ce fléau. Je comprends qu'on ne puisse pas donner six matchs à un joueur dès cette année, mais on pourrait y arriver d'ici quelques saisons. C'est pour cela que je crois qu'une gradation est nécessaire.

Il reste du chemin à faire toutefois.  Je me souviens du coup porté par Tyrell Sutton des Alouettes à l'endroit de Corey Tindal du Rouge et Noir. Ce coup a été sanctionné par une amende à Sutton, mais je m'explique mal comment Tindal a pu rester dans la partie. Il aurait dû être sorti de la rencontre. Je ne comprends pas pourquoi l'observateur indépendant et l'équipe médicale de l'équipe n'ont pas agi pour sortir ce joueur visiblement ébranlé.

Je vois qu'il y a des progrès pour pénaliser les agresseurs, mais il faut aussi protéger les joueurs blessés, qui souvent se relèvent par orgueil. À mes yeux, dès qu'un joueur est ébranlé, on devrait le sortir du match. Je sens qu'on est frileux de ce côté tant au Canada qu'aux États-Unis.

Le retour de Travis Lulay

Travis Lulay a été un quart exceptionnel qui a été nommé joueur par excellence lors d'un match de la coupe Grey. Il avait toutefois été récemment surpassé par le jeune quart Jonathon Jennings avec les Lions.

L'an dernier, Lulay allait bien jusqu'à ce qu'il se blesse et il s'est écoulé 309 jours avant son retour sur le terrain en raison des sous-performances de Jennings et du fait que l'on voulait insuffler un peu d'attaques aux Lions.

Le retour de Lulay a été positif malgré une interception lors de la première séquence à l'attaque. Lulay a bien bougé, fait des passes avec aplombs, on le sentait en confiance dans le caucus et on l'a vu revenir en force en fin de partie pour gagner 20-17 sur Winnipeg. Il a démontré qu'il n'abandonnait jamais et qu'il croyait en ses moyens. Il pourrait relancer la saison des Lions, un club qui a désespérément besoin de punch à l'attaque.

Le travail de Lulay a permis de faire oublier une cuisante défaite de 41-19 devant les Blue Bombers la semaine précédente. C'est de bon augure pour la Colombie-Britannique et c'est plaisant de voir Lulay connaître un tel  match.

Ses statistiques ont été de 28 passes complétées en 41 tentatives et 326 verges. Il a réussi une passe de touché et il a été intercepté une fois.

Pas aussi automatique qu'on le croit

Bien des gens croient que le premier jeu est pratiquement dans la poche en situation de troisième essai et court à faire parce qu'il y a une verge qui sépare le joueur défensif du ballon. Les équipes y vont régulièrement dans cette situation parce qu'on assume qu'une faufilade du quart bien faite donnera un premier jeu.

J'ai discuté de cette stratégie avec mon collègue Pierre Vercheval lors du match présenté à RDS entre Ottawa et Calgary en fin de semaine. Il faut savoir que c'est un jeu très stratégique qui est étudié en vidéo et qui est répété souvent à l'entraînement.  Je me souviens avec Marc Trestman, on répétait à chaque entraînement pour s'assurer qu'on le maîtrise bien. C'est un jeu qui peut faire la différence entre la victoire et la défaite parce que si vous échouez, c'est un revirement contre vous.

 L'équipe à l'attaque essaie de trouver la confrontation qui sera la plus avantageuse pour réussir, mais ce n'est pas donné de le réussir à tout coup et on l'a vu lors du match entre Winnipeg et la Colombie-Britannique alors que les deux clubs ont échoué deux fois chacune pour un total de quatre revirements. C'est plutôt rare d'assister à ça. Ça illustre toute l'importance de ce jeu et de l'importance de bien l'exécuter.

Alors, il faut arrêter de croire que c'est banal et que c'est un jeu de routine. D'ailleurs, le taux de réussite depuis le début de la saison est de 81%, comme quoi ce n'est pas automatique.

*propos recueillis par Robert Latendresse