MONTRÉAL – Vernon Adams fils a été un témoin privilégié – et un acteur de premier plan – de l’ascension irrésistible du receveur Cooper Kupp qui est devenu une grande vedette de la NFL. D’ailleurs, Adams fils est persuadé que Kupp n’aurait pas été ignoré par les meilleures universités s’il avait été un receveur noir.

 

Même s’il a trouvé cela dommage pour son ami, voilà ce qui a permis à Adams fils de s’illustrer à ses côtés avec les Eagles d’Eastern Washington.

Adams se souvient de l’avoir vu arriver, en 2012, sur le campus, avec son physique frêle de 165 livres! Mais il a rapidement constaté son immense talent athlétique et son intelligence sportive supérieure à la moyenne. Sans surprise, pour sa première année, Kupp a hérité d’un statut redshirt ce qui lui permettait de s’entraîner sans disputer les parties.

 

« Il était vraiment petit à ce moment. Souvent, quand les gars doivent se contenter d’un rôle de redshirt, ils ne prennent pas ça au sérieux et ils font la fête amplement. Mais pas lui, il était même plus sérieux que les partants! Je savais donc que ça irait bien pour lui quand il aurait développé sa charpente. La confirmation est venue contre une grosse université dès sa première partie en 2013 », a confié Adams fils au RDS.ca.

 

« Il a démarré en trombe (cinq attrapés pour 119 verges et deux touchés). Je savais déjà qu’il serait excellent, mais là j’ai vraiment compris à quel point il serait dominant », a ajouté le quart-arrière des Alouettes en parlant d’un duel contre Oregon State.

 

Quelle belle petite histoire, se dit-on naïvement, de voir qu’un receveur pas très imposant (six pieds deux pouces et 208 livres en 2022) se hisse parmi l’élite de la NFL en venant d’un petit programme sous-estimé. Mais Adams fils nous ramène sur terre bien vite.

 

« Il ne recevait pas le respect qu’il méritait parce que c’est un receveur blanc... Si c’était un Noir, il aurait été bien mieux perçu. C’était comme ça à l’époque. Maintenant, les gens voient ce qu’il a accompli cette année et ils comprennent. Mais pour tous ceux qui étaient à Eastern Washington, ce n’est pas surprenant. Je savais qu’il serait le meilleur, il l’était déjà depuis bien des années », a maintenu Adams fils avec conviction.

 

« Après tout, c’est le meilleur receveur qui a joué au niveau universitaire que ce soit FBS, FCS ou en Division II. Il a été meilleur que Jerry Rice et tous les autres. Si tu es un Noir et que tu fais ça, c’est clair que tu es repêché en première ronde. C’est comme au poste de quart-arrière, il y a une dizaine d’années, les équipes regardaient la couleur de peau et la grandeur pour le repêchage. Les équipes ne se tournaient pas vers le quart-arrière noir plus petit et mobile. Le style de jeu a changé, les ailiers défensifs sont plus athlétiques et l’ancienne génération des Brady et Roethlisberger se retire », a-t-il expliqué.

 

Cooper Kupp et Vernon Adams filsLes statistiques démontrent qu’il n’exagère pas. En 2013, à sa véritable première saison universitaire, Kupp a pulvérisé ses adversaires avec une récolte de 1691 verges (112,7 verges de moyenne par match) et 21 touchés! Il n’a pas ralenti dans ses trois autres saisons ayant même une moyenne de 149,3 verges par partie en 2015.

 

À défaut de jouer pour un programme réputé, Kupp évoluait dans un système offensif qui demandait aux receveurs de s’ajuster à la couverture défensive et il a donc raffiné son art dans ce petit coin reculé près de la frontière de l’Idaho.

 

Cela dit, Adams fils assure qu’il ressemblait déjà à l’athlète qui a fasciné les partisans en 2021.

 

« Il était sensiblement le même joueur, voilà pourquoi son succès ne me surprend pas. Il a toujours été un receveur qui facilite la vie du quart-arrière. Il passait beaucoup de temps dans les salles de réunion avec moi et les autres quarts-arrières. Il le fait encore avec (Matthew) Stafford, il était pareil à 18-19 ans. C’est un pro qui sait comment aborder les matchs, il comprend comment le quart-arrière pense. Il lisait les défenses aussi bien que le quart-arrière donc il savait quand le ballon serait lancé vers lui », a décrit Adams fils qui a été son quart-arrière en 2013 et 2014 avant de transférer avec les Ducks d’Oregon.

 

Dans son salon, à Seattle, le numéro 8 des Alouettes ne pouvait donc pas s’empêcher de rire en voyant comment certaines équipes de la NFL tentaient de le surveiller sur certains jeux.

 

« Quand je voyais les Buccaneers ou un autre club continuer de vouloir le couvrir à un contre un avec un maraudeur, je savais déjà ce qui allait se passer, c’était clair qu’il réussirait un jeu », a noté Adams fils notamment en référence à son long gain décisif contre la troupe de Brady.

 

Durant la saison 2018, Kupp s’était malheureusement blessé à un genou le privant de participer au Super Bowl LIII (la défaite de 13-3 contre les Patriots).

 

« C’est vraiment excitant (qu’il puisse se reprendre). Après la saison qu’il vient de connaître, c’est encore plus cool et unique ! », a-t-il convenu.

 

Autre preuve que Kupp n’était pas comme les autres, il a choisi de se marier très jeune, à 22 ans, avec sa copine Anna. Garçon d’honneur à ce mariage en 2015, Adams fils demeure en contact avec Kupp.

 

Cooper Kupp et Vernon Adams fils« À Eastern Washington, on s’amusait à faire des confrontations individuelles, il jouait demi de coin et je jouais receveur ou l’inverse. Je l’ai taquiné avec ça la semaine dernière en lui disant ‘Ça ne me dérange pas ce que tout ce que tu accomplis désormais dans la NFL, je serais encore capable d’avoir le dessus sur toi’ », a confié Adams fils avec le sourire.

 

Reste maintenant à prédire la suite de sa carrière. Une saison de 1947 verges et 16 touchés, ça ne se surpasse pas en cliquant des doigts.  

 

« Il ne peut pas faire vraiment mieux ou plus !, avoue Adams fils en riant. Il a un bon quart-arrière et une bonne défense donc il récoltera au moins 1000 verges par année pour le reste de sa carrière, je suis prêt à le garantir. »

 

Difficile de voir que Wieneke n’a pas encore signé

 

Du côté de la Ligue canadienne de football, l’ouverture du marché des joueurs autonomes s’effectuera le 8 février. De manière bien honnête, Adams fils reconnaît qu’il se soucie du sort de l’une de ses cibles préférées, Jake Wieneke, qui n’a pas encore trouvé de terrain d’entente avec les Alouettes.

 

« Ouais, c’est un peu difficile pour moi, mais je sais que ça fait partie du métier. L’équipe doit regarder le portrait dans son ensemble pour que ça fonctionne. Jake est une grande partie de mon succès sur le terrain et à l’extérieur. C’est une bonne personne et un bon joueur, j’espère qu’on pourra arranger le tout », a-t-il réagi.

 

En attendant, Adams fils foule le terrain régulièrement pour continuer sa progression. Sa collaboration avec Anthony Calvillo, le nouvel entraîneur des quarts, s’enclenchera véritablement sous peu.  

 

« Je lui ai parlé deux fois, après son embauche et il y a deux semaines. Je voulais savoir ce qu’il voyait quand il regardait mes matchs, ce que je dois travailler selon lui. J’ai eu une conversation avec lui, Khari (Jones, l’entraîneur-chef), Danny (Maciocia, le directeur général) et l’entraîneur des receveurs (Michael Lionello). Ils m’ont donné leurs commentaires et je vais me concentrer là-dessus jusqu’au camp d’entraînement », a expliqué Adams fils dont le dernier match remonte au 11 octobre.

 

Une fois que la période cruciale de l’autonomie sera passée, le travail sera poussé à un autre niveau.

 

« Il faut que j’identifie ma cible de rechange sur chaque jeu. Ils savent que j’aime compléter de gros jeux, mais c’est parfois mieux de se tourner vers son dépanneur à proximité comme William Stanback et lui donner une autre occasion de peut-être filer pour 15 verges », a conclu Adams fils qui a célébré son 29e anniversaire en janvier.