MONTRÉAL - Pendant que ses anciens coéquipiers sont confrontés à la très réelle possibilité de passer une année complète sans football, William Stanback vit d’espoir. L’ancien porteur de ballon des Alouettes a commencé à faire ses bagages pour Las Vegas, où il s’envolera bientôt pour participer au camp d’entraînement des Raiders. 

Dans quelles conditions se déroulera son retour dans la NFL, Stanback l’ignore, mais il refuse de laisser l’incertitude affecter son état d’esprit. 

« Je suis en contact avec plusieurs membres du personnel des Raiders et en gros, on m’a dit de me tenir prêt pour un départ entre le 19 et le 24 [juillet], révèle l’athlète de 26 ans. Une fois arrivé là-bas, les choses devraient rouler comme à l’habitude. Le camp d’entraînement devrait commencer le 28 alors présentement, je suis assez confiant [qu’il y aura une saison]. » 

Stanback a été mis sous contrat par les Raiders en janvier après deux saisons passées dans la Ligue canadienne. En 30 matchs avec les Alouettes, il a cumulé des gains totaux de plus de 2200 verges et maintenu une moyenne de 6,3 verges par course. Ce rendement lui aurait sans doute valu une augmentation de salaire substantielle sur le marché des joueurs autonomes de la LCF, mais le natif de Hempstead, dans l’État de New York, s’est vu offrir une autre occasion à saisir. 

Six mois après avoir obtenu sa libération des Alouettes, Stanback réalise que le moment n’aurait pu être mieux choisi pour accepter pareille opportunité. Mais il est loin de se croire sorti de l’auberge : la prochaine saison de la NFL n’apparaît pour l’instant pas menacée par la pandémie de COVID-19, mais son entre-saison n’en a pas moins été perturbée. 

Pour un ancien exilé qui tente de tirer le maximum de sa deuxième chance, les conditions ne sont pas idéales. 

« J’essaie de rester positif en tout temps. Je sais que les bulletins d’information sont remplis de nouvelles qui devraient m’inquiéter, mais j’essaie de ne pas m’y attarder et de rester concentré sur ce qui m’attend parce que le contexte n’est pas favorable pour tenter de se tailler une place dans une équipe de la NFL. J’aurai peu de temps pour montrer ce que je sais faire et comment je peux contribuer à l’équipe. J’ai juste hâte que ça commence. S’il n’y a pas de saison, je serai dévasté. Mais présentement, chaque jour qui passe me rapproche de mon objectif. » 

Un camp d’entraînement contracté limiterait la capacité de Stanback à s’intégrer à un groupe de demis offensifs qui compte quatre joueurs qui ont vécu le déménagement d’Oakland à Vegas. Il lui offrirait aussi logiquement moins d’opportunités de se faire valoir sur le terrain. Selon les rumeurs qui sont arrivées à ses oreilles, le calendrier préparatoire pourrait être coupé de moitié et ne comprendre que deux matchs au lieu des quatre habituels. 

« C’est un peu frustrant parce que j’ai l’impression qu’il y a toujours quelque chose qui se met sur mon chemin quand je m’approche des grandes ligues, affirme celui qui a brièvement fait partie de l’organisation des Packers de Green Bay en 2017. Que ce soit moi qui me mets dans le pétrin, une blessure, un joueur repêché qui m’est préféré ou un détour forcé vers le Canada, j’ai vécu beaucoup d’adversité. Mais comme je l’ai dit, j’essaie de rester positif et de me convaincre qu’il y aura une saison et que j’aurai une chance équitable d’y participer. » 

Les moyens du bord 

Confiné à Long Island, Stanback a dû se préparer pour sa prochaine audition avec les moyens du bord. 

« J’ai passé beaucoup de temps dehors à peaufiner ma condition physique et mon jeu de pieds. Un quart-arrière de l’équipe du Nassau Community College est venu me lancer des passes. J’ai aussi plusieurs amis qui jouaient dans la XFL. Ensemble, on se rendait dans un champ juste en face de chez moi où à l’école secondaire du coin, et on s’entraînait. Il y a une colline pas loin sur laquelle on a fait des sprints. Tout ce à quoi vous pouvez penser comme plan B, on l’a fait. » 

À partir du 27 avril, plutôt que de s’envoler pour participer au mini-camp des recrues et aux activités obligatoires (OTAs) qui font généralement partie de l’entre saison,  Stanback a pris part à des rencontres virtuelles avec le groupe de porteurs de ballon des Raiders. Il a pu commencer à y tisser des liens avec ceux qu’il espère être ses futurs coéquipiers. C’était aussi l’occasion pour lui de démontrer qu’il faisait bien ses devoirs en apprenant assidûment le livre de jeux. 

« C’était assez dur au tout début, admet-il. Chaque jour, du matin au soir, j’étais à l’étude et je prenais ça extrêmement au sérieux. Je savais, évidemment, qu’on n’aurait pas la chance de me voir en personne, de prendre la véritable mesure de ma vitesse. Alors je ne pouvais me permettre d’être à côté de mes souliers quand on me posait des questions sur le livre de jeux. C’était leur seule façon de me tester, de m’évaluer et en temps de pandémie, je n’avais pas vraiment d’excuse pour manquer mon coup. Je ne voulais pas avoir l’air du gars qui se la coulait douce. Je me suis bâti une belle confiance avec le temps et je crois que j’arriverai au camp avec une bonne base sur laquelle travailler. » 

Stanback, qui a joué son football universitaire dans un programme de deuxième division à Virginia Union, considère qu’il a toujours été plus facile pour lui de se faire justice sur le terrain que dans la salle de classe. Pour cette raison, les derniers mois ont été particulièrement éprouvants. 

« Je ne suis pas aussi bon que certains pour étudier. Certains gars peuvent regarder un jeu sur un bout de papier ou sur un iPad et tout de suite se l’imaginer dans leur tête. J’ai plutôt besoin de l’exécuter sur le terrain pour bien l’assimiler, alors j’ai dû redoubler d’effort. Mon frère était là pour tester mes connaissances et je n’ai rien lâché, mais c’était dur. Madden ne vous apprend vraiment pas tout! »

*D’après une entrevue réalisée par Didier Orméjuste