Certains diront que la fin de semaine des matchs éliminatoires dans la NFL est la préférée des amateurs et cette année, les duels en placent laissent entrevoir des rencontres excitantes au possible, et ce, jusqu’à la fin.

Pour vous montrer à quel point il est difficile d’entrevoir l’issue des différentes rencontres, les quatre équipes qui vont évoluer sur la route pour ce premier affrontement d’après-saisons, soit les Colts (c. Texans), les Seahawks (c. Cowboys), les Chargers (c. Ravens) et les Eagles (c. Bears), ont des chances véritables de l’emporter. Ça fait longtemps que je n’ai pas vu des affrontements aussi relevés dès le premier tour.

La dernière fois qu’un tel scénario c’était produit, c’était lors des séries de 2016. Les Packers avaient vaincu les Redskins, les Seahawks avaient eu le meilleur sur les Vikings, les Chiefs avaient eu raison des Texans et les Steelers avaient eu le dernier mot sur les Bengals alors qu'ils étaient tous des équipes évoluant à l'étranger.

Si on peut dresser un parallèle entre cette édition et cette année dans les éliminatoires, plusieurs quarts d’expérience avaient eu le dessus sur un jeune loup à la même position dans l’équipe adverse.

Avant de voir si un tel scénario pourrait se répéter, il convient de se pencher sur certains éléments pour chacune des confrontations qui pourraient faire pencher la balance pour une formation ou pour l’autre.

Un duel de protection et de pression

Dans le premier affrontement, il ne faut pas chercher bien loin pour trouver un argument en faveur de l’équipe qui ne sera pas à son domicile. Les Colts ont battu cette année les Texans sur leur propre terrain.

La clé du succès pour ce match à mon avis se situe au niveau de la protection du quart-arrière. On est aux antipodes avec ces deux formations alors que les Colts n’ont concédé que 18 sacs du quart durant toute la saison, alors que la ligne à l’attaque des Texans en a alloué 62 et de ce nombre, 12 avaient été enregistrés seulement par les Colts.

Si on met cette situation en perspective, on croirait que Deshaun Watson est le nouveau Andrew Luck. Il fut un temps où l’actuel quart des Colts étaient celui qui se faisait le plus frapper. En plus des 62 sacs, il ne faut pas mettre de côté les 168 fois où Watson a été projeté au sol et cette statistique dérange inévitablement un quart à un moment.

Si un tel revirement de situation est survenu du côté d’Indianapolis, c’est en grande partie en raison du travail de Frank Reich et de son groupe d’entraîneurs. Pour qu’une équipe passe d’un ratio élevé de sacs accordés à seulement 18 en cours d’une saison, il aura fallu faire comprendre à Luck qu’il ne pouvait tout faire seul et que son équipe avait besoin de lui en santé sur le terrain.

Celui qui a raté l’entièreté de la campagne l’an dernier avait tendance à tenir parfois le ballon trop longtemps dans ses mains et parfois à se sacrifier pour aller chercher le premier jeu. Pour ajuster le tout, l’équipe s’est tournée vers des concepts simples afin que le quart dégaine rapidement. Il dispose souvent d’une protection maximale avec bloqueurs et ailiers rapprochés afin de lui donner du temps lorsqu’il attaque les zones profondes. Luck peut également se tourner vers sa mobilité et le jeu au sol a aidé sa cause cette saison.

Je ne peux passer sous silence la présence de deux recrues sur la ligne à l’attaque avec Quenton Nelson, qui a été sélectionné pour le Pro Bowl, et Braden Smith, qui évolue dans l’ombre sur le côté droit de la ligne. Les prestations de Nelson font oublier à quel point le bloqueur à droite est efficace et joue un grand rôle dans les succès de l'équipe cette saison.

Le jeu au sol ouvrira la voie des airs

Si on se tourne vers l’affrontement entre les Seahawks et les Cowboys, il y a encore un indice qui laisse entrevoir que l’équipe à l’étranger a toutes les raisons d’y croire. La formation de Pete Carroll a remporté ses trois derniers matchs contre Dallas et chaque fois, l’attaque a été limitée à 13 points ou moins et n’a inscrit qu’un touché. On pourrait donc croire que la confrontation est même à l’avantage de Seattle, même s’ils ne seront pas devant leurs partisans.

Ce que je vais garder à l’œil cependant, c’est le jeu au sol, et pour les deux équipes. Chacune des formations a les éléments pour connaître du succès par la course et peut frapper fort avec de longs jeux par moments. On sait qu’un jeu terrestre efficace peut ouvrir la porte pour des feintes et d’éventuels jeux explosifs.

D’un côté, Seattle est numéro un pour les verges par match à ce chapitre avec 160. Cet élément est un élément central de leur plan de match, comme le démontre leur deuxième rang avec 534 portés, ce qui leur confère le second rang, pour une moyenne de 4,8 verges par course. Ils ne cachent pas leurs cartes alors qu’ils présentent des formations pour courir et ils connaissent tout de même du succès.

La même recette est suivie chez les Cowboys alors qu’ils sont dans le top-10 avec 123 verges au sol par rencontre. Ils viennent au 10e rang pour le nombre de courses avec un total de 439, donc eux aussi ont la volonté de se tourner vers leur porteur de ballon.

Il faudra voir comment les unités défensives vont réagir et celle des Cowboys parvient à tirer son épingle du jeu jusqu’à maintenant, n’allouant que 95 verges par match (5e rang) et ne concédant que 3,8 verges par course. Ils affichent de telles statistiques mêmes si cette unité a été testée alors qu’elle a fait face à 400 courses au cours de la campagne.

Pour Seattle, c’est là qu’il faudra voir si les Cowboys vont être assez patients avec leur plan de match. Comme de fait, la défense des Seahawks alloue en moyenne 113 verges par rencontre, mais elle est 30e pour le nombre de verges par course avec 4,9 par portée. Elle a seulement fait face à 366 courses cette saison, donc le front défensif n’a pas été autant testé que celui des Cowboys. Elliott pourrait faire la différence ici.

Il restera à voir si une attaque parviendra à surprendre la défense adverse avec quelques gros jeux par la passe. Dallas devra se méfier alors que l’attaque des Seahawks vient au cinquième rang pour les jeux de plus de 40 verges avec 13. On sait que Russell Wilson est capable d’étirer le jeu et de lancer dans les zones profondes, mais encore une fois, la défense des Cowboys a fait ses preuves cette saison avec le sixième rang pour les jeux de plus de 20 verges.

Le jeu au sol sera sans nul doute une priorité, mais ce match pourrait se décider sur un jeu explosif.

Les Chargers retrouvent Jackson

Pour l’affrontement Chargers-Ravens, la formation de Los Angeles a un avantage qu’aucune autre formation n’a eu contre Lamar Jackson, c’est-à-dire celui de l’affronter deux fois alors qu’il est le quart partant.

La dynamique sera différente que lors du premier affrontement alors que les Ravens évolueront cette fois à domicile, mais il ne fait aucun doute que les Chargers seront mieux outillés pour leur préparation. D’autant plus que l’unité défensive a bien fait lors du précédent match, particulièrement en première demie.

Elle a seulement alloué 138 verges d’attaque et 40 au sol à ce moment. Si on enlève en plus le touché de 68 verges de Mark Andrews, pour le plaisir, il ne reste plus grand-chose à l’attaque des Ravens en deuxième demie.

Il sera donc question du plus grand test de Lamar Jackson dans sa jeune carrière contre une équipe qui en a vu d’autres sur la route et il ne pourra plus compter sur l’élément surprise.

Dans cette confrontation, la bataille du temps de possession sera cruciale. Lorsque Jackson était aux commandes de l’attaque, celle-ci avait le ballon en moyenne 35 minutes et 30 secondes, ce qui en laisse peu pour l’adversaire. La seule défaite de Jackson est survenue alors qu’il a perdu cette confrontation du temps de possession et c’était contre les Chiefs de Kansas City.

Pour que les Ravens conservent le ballon plus longtemps que leurs rivaux, ils devront être tout aussi efficaces sur les troisièmes essais. Avec Jackson, ils convertissent 44 % de leurs troisièmes essais contre 33 % pour leur rival.

Les Chargers ont connu des difficultés à ce chapitre avec un ratio de 4/13 en pareille situation. Si j’avais un conseil à leur donner, ce serait d’éviter les sacs du quart et les pénalités. En moyenne, ils avaient à convertir des troisièmes jeux et 11 verges à parcourir. S’ils veulent l’emporter, ce ne sera pas avec cette méthode.

C’est bien beau poursuivre des séquences, mais encore faut-il savoir les terminer. J’ai hâte de voir quelle attaque saura faire preuve de finition pour inscrire des touchés lorsqu’elle sera dans la zone payante.

Avec Jackson, l’attaque des Ravens n’a pas un jeu de passes dynamiques et la donne se complique donc dans cette portion du terrain. Les défenses ont moins peur d’y aller avec des défenses homme-à-homme, car elles n’ont pas à défendre le long jeu. Il y a donc plus de ressources dans la boîte pour arrêter le jeu au sol. On en voit les conséquences pour les Ravens qui ont marqué 10 touchés en 23 tentatives dans la zone payante avec Jackson comme quart. Sur le plan défensif, en sept matchs, la défense n’a permis à l’équipe adverse d’atteindre cette zone qu’à 16 occasions. Par contre, elle a concédé 11 touchés à ce moment. Dans un match chaudement disputé, ça pourrait être la différence.

Les Eagles négligés... encore

Dans cette rencontre, les Eagles vont arriver à Chicago avec leur expérience du dernier Super Bowl, Nick Foles qui est « Moniseur gros match » depuis l’an dernier et dans le rôle de négligés qu’ils ont endossé lors de leurs plus récents parcours vers les grands honneurs. Je ne serais pas surpris de revoir certains masques de chien pour l’occasion…

Plus sérieusement, la ligne à l’attaque de Philadelphie joue du meilleur football dernièrement et c’est de bon augure contre un front défensif des plus dominants.

C’est le seul duel éliminatoire qui présente cette année deux équipes qui ne se sont pas encore affrontées cette saison. Il faut remonter à l’an passé et les Eagles l’avaient alors emporté 33-3. Vous conviendrez qu’il ne sert à rien de s’en remettre à ce match pour une référence en vue de celui de dimanche.

Ce qui pourra faire pencher la balance ici, c’est la bataille des revirements. Les Bears ont un ratio de plus-12, alors que les Eagles affichent un différentiel de moins-6, le pire parmi les équipes toujours en lice. Par contre, même si les Bears ont provoqué 36 revirements au cours de la saison, ils n’en ont que deux à leurs trois dernières sorties. Pour Philly, ils ont réalisé et concédé autant de revirements. Ils sont donc plus efficaces pour protéger le ballon, alors que les Bears ont connu des difficultés pour le soutirer.

La défense des Bears n’a plus besoin de présentation alors qu’elle vient au troisième rang pour les sacs avec 50 et au premier rang pour les interceptions avec 27. En même temps, Nick Foles est un quart qui se débarrasse du ballon rapidement. Il n’a encaissé que quatre sacs lors des matchs contre les Rams, les Texans et les Redskins qui ont de bons fronts défensifs.

Ainsi, chaque équipe a ses chances de passer au tour suivant en fin de semaine ce qui nous laisse croire que les matchs devraient être chaudement disputés.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant