Peut-être que les défenses gagnent effectivement les championnats, mais cette saison, les attaques auront vraisemblablement leurs mots à dire, alors que nous avons droit aux quatre meilleures unités offensives dans le carré d’as. On sent le vent de changement vers cette facette du jeu dans la NFL, alors que de nouveaux règlements tendent à favoriser les attaques. Il n’est pas surprenant de voir des équipes qui connaissent du succès avec le ballon se rendre aussi loin en éliminatoires.

On peut se dire aussi à première vue que les équipes à domicile pour ces dernières rencontres dans le Super Bowl ont un réel avantage, car lorsqu’on regarde qui a remporté les 10 dernières finales d’Association au cours des cinq dernières années, elles ont toutes été gagnées par l’équipe qui évoluait devant ses partisans. La dernière fois que le contraire s’est produit, c’était en 2012 alors que les Ravens avaient eu le meilleur sur les Patriots à Foxborough et les 49ers avaient signé une victoire à Atlanta contre les Falcons. Il reste à voir si les Patriots et les Rams pourront renverser cette tendance.

Les deux duels nous offrent des repères, alors qu’il s’agit d’une prise 2 cette saison pour chacun des affrontements.

Si je commence par celui opposant les Patriots et les Chiefs à Kansas City, si Bill Belichick et sa bande veulent avoir des chances de l’emporter, ils devront connaître un début de match canon. Ils doivent espérer avoir le même succès que lors de leur dernier affrontement devant les Chargers de Los Angeles.

Contre les Chiefs, les Pats n’ont pas le choix de jouer avec une avance, car ils doivent suivre le rythme de l’attaque de Patrick Mahomes qui va très certainement inscrire des points. Ils peuvent ainsi réduire quelque peu au silence la foule toujours très bruyante du Arrowhead Stadium et le jeu au sol demeure une partie importante dans le plan de match. Ce faisant, il limite l’impact des chasseurs de quart de la défense des Chiefs qui sont leur meilleur atout. J’ai l’impression de revoir en quelque sorte l’unité défensive des Colts il y a quelques années sous la poigne de Peyton Manning. Ce dernier offrait les devants à son équipe et Dwight Freeney et Robert Mathis pouvaient attaquer le quart sans relâche en deuxième demie.

Les Chiefs n’ont peut-être pas l’unité la plus convaincante sans le ballon, mais leurs ailiers défensifs savent appliquer de la pression avec constance.

Prendre l’avance n’est pas garant de succès à tout prix pour les Pats alors qu’ils ont bien failli se faire jouer le tour lors du premier match de la saison entre les deux équipes. La formation de la Nouvelle-Angleterre menait 24-9 après deux quarts, mais ils l’ont emporté 43-40.

À l’inverse, les Chiefs peuvent tout aussi bien connaître le même genre de départ que lors de leur rencontre de deuxième tour en éliminatoires devant les Colts. Ils ont pris les devants, ont enlevé de la pression sur leur défense et les partisans s’en donnaient à cœur joie dans les gradins. Il ne fait donc aucun doute que le début de match donnera déjà une bonne idée de l’allure de la rencontre.

Un poison à choisir

L’attaque des Chiefs n’a plus besoin de présentation cette saison et ce sera tout un défi pour l’unité défensive des Patriots en raison de tous les outils à la disposition de Mahomes.

Dites-vous que cette équipe avait inscrit 40 points lors du premier match malgré des statistiques qui, regardées froidement, sont plus qu’ordinaires. Cette attaque n’avait alors enregistré que 18 premiers jeux et avait converti seulement quatre de ses 10 jeux sur des troisièmes essais. Elle n’avait inscrit que deux touchés en cinq présences dans la zone payante et n’a eu le ballon que durant 23 minutes et demie. Mahomes avait été victime de deux interceptions en plus de ne pas rejoindre des receveurs alors qu’ils étaient fins seuls au moins à trois occasions. Je vous dis tout ça, mais ils ont tout de même amassé 40 points.

Vous comprendrez pourquoi je dis qu’il sera primordial pour l’attaque de Tom Brady de dominer le temps de possession.

La défense de la Nouvelle-Angleterre tentera également de limiter les gros jeux qui sont le pain et le beurre de leurs prochains adversaires. Dans la défaite contre les Pats, ils avaient enregistré des touchés sur une distance de 75 verges, 67 verges en plus de réaliser des jeux sur 31 et 28 verges, et en prime, un retour de botté de 97 verges. Ils avaient attaqué les zones profondes en deuxième demie et ils avaient converti trois jeux en pareille situation pour des gains de 169 verges et deux majeurs. La défense devra donc forcer Mahomes à être patient, mais c’est plus facile à dire qu’à faire.

D’une certaine façon, elle devra choisir son poison, mais est-ce qu’il y a véritablement un meilleur choix qu’un autre? À titre d’exemple, si une équipe décide d’arrêter Tyreek Hill, Travis Kelce a de fortes chances de connaître un bon match et l’inverse est tout aussi vrai.

La preuve, Oakland avait décidé d’enlever Hill de l’équation cette saison alors qu’il n’avait amassé que 13 verges, mais Kelce en avait obtenu 168 en 12 attrapés et deux touchés. Par contre, lors de la première semaine d’activités, les Chargers avaient décidé de surveiller étroitement Kelce qui avait terminé son match avec seulement une récolte de six verges. Hill a alors accumulé les gains appréciables avec un total de 169 verges et deux touchés. Contre les Pats, Kelce avait été la principale cible en défense alors qu’il avait été frappé en plusieurs occasions. Il avait terminé la rencontre avec 61 verges, mais Hill avait obtenu 142 verges et trois touchés. Si jamais ils parviennent à limiter ces deux joueurs, les Chiefs ont toujours Sammy Watkins qui est de retour en santé et qui peut réaliser sa part de longs jeux. Il pourrait profiter de cette attention accrue sur ses coéquipiers.

Alors qu’on connaît très bien ce que les receveurs des Chiefs peuvent accomplir, je me demande si ce n’est pas la première fois que la formation de KC va s’ennuyer de Kareem Hunt. Depuis son départ, Damien Williams a très bien fait et Spencer Ware pourrait être disponible pour ce match, mais Hunt est bel et bien le joueur des Chiefs qui a fait mal aux Pats lors des deux derniers affrontements entre les deux équipes. Il a amassé un impressionnant total de 431 verges et quatre touchés lors de ces sorties. C’est vrai que Williams fait de l’excellent travail, mais il n’est pas aussi explosif que son prédécesseur.

On se souviendra en 2017 que Hunt avait conclu sa soirée avec 17 courses pour 148 verges et un touché, tout en obtenant deux touchés par la voie des airs. L’année suivante, il a avait enregistré 80 verges au sol et 105 verges par les airs tout en inscrivant un touché. Il a toujours été un facteur et il est vrai que les Chiefs se sont bien débrouillés sans lui. On aura un indice dimanche si c’est le joueur qui était la kryptonite des Pats ou si le système des Chiefs pour le jeu au sol est la source de ses succès.

Le jeu au sol est sans nul doute une menace chez les Patriots et les chasseurs de quart des Chiefs devront être disciplinés et s’assurer d’être efficace dans cette facette avant de vouloir constamment appliquer de la pression. On entend à ce sujet : " you have to stop the run before you can have fun ", qui est dans le cas présent d’attaquer le quart. Les ailiers défensifs doivent se salir le nez avec le jeu au sol avant de penser à plaquer Tom Brady.

On peut s’attendre à ce que le jeu au sol soit un élément central de la stratégie des Pats à l’attaque sur la route, mais il faut faire attention avec Belichick. Lorsqu’on s’attend à quelque chose, il n’est pas rare qu’il nous présente le contraire. La défense des Chiefs devra être tout aussi intraitable sur les troisièmes essais que lors du match contre les Colts. Andrew Luck n’a converti aucun troisième essai en neuf tentatives ce qui permettait à Mahomes et son attaque de revenir rapidement sur le terrain.

Il ne faut pas s’attendre à une défensive de zone passive comme celle des Chargers la semaine dernière. Brady ne s’est pas fait frapper à outrance et ses receveurs étaient libres ce qui a donné une journée somme toute facile au boulot.

Point positif chez les Chiefs, alors que la défense joue définitivement mieux que lors de la semaine six dans ce revers de 43-40, Justin Houston sera cette fois en uniforme, tout comme Eric Berry, Daniel Sorensen et cette fois le match est au Arrowhead Stadium.

Un retour progressif pour LDT

Les Chiefs pourront aussi compter sur la présence du garde québécois Laurent Duvernay-Tardif qui avait aussi raté la dernière confrontation. Ce dernier a  eu une bonne nouvelle lorsqu’il a appris que les Chiefs avaient retiré son nom de la liste des blessés. Chaque année, les équipes ont deux occasions au cours de la saison pour procéder à un tel mouvement de personnel et c’était la dernière chance cette semaine que le Québécois retrouve éventuellement son poste.

Nous avons tous hâte de voir comment les Chiefs vont gérer cette situation, mais une chose est certaine, LDT apporte une profondeur non négligeable sur le plan de la qualité à Andy Reid.

On ne se cachera pas que malgré son retour, la situation est loin d’être idéale. Le meilleur scénario aurait été celui à l’image de ce que les Bears sont parvenus à faire avec Kyle Long alors qu’il a pris part au dernier match de la saison régulière avant de disputer le premier tour éliminatoire comme partant contre les Eagles. Après une blessure majeure, c’est le genre de retour progressif qui est privilégié par les organisations. Par contre, c’est un luxe que ne peuvent pas se permettre les Chiefs alors qu’ils s’apprêtent à disputer la finale de l’Association américaine.

Le remplaçant à Laurent, Andrew Wylie a bien fait en son absence du côté de droit de la ligne, mais il a connu quelques ennuis aussi. Il revient à l’entraîneur de déterminer quels sont les 11 meilleurs joueurs selon les situations qui peuvent être sur le terrain.

Afin d’établir si Laurent sera employé comme partant en fin de semaine, il devra passer avec succès trois étapes. Dans un premier temps, le médecin de l’équipe devra mentionner tant au joueur qu’aux entraîneurs que tout est beau et qu’il n’y a pas de risque qu’il aggrave cette blessure ou qu’elle le dérange encore. Il doit montrer qu’il est rétabli à 100 %.

Par la suite, Laurent lui-même doit être confiant qu’il peut tout donner. Parfois, une blessure demeure dans la tête du joueur, mais ce ne doit pas être le cas avec le Québécois qui doit se sentir en pleine possession de tous ses moyens. C’est souvent entre les deux oreilles qu’un joueur se sent véritablement prêt à revenir au jeu, et non pas uniquement sur le plan physique.

Finalement, l’entraîneur a le dilemme, mais c’est un beau problème. Reid peut compter sur le retour au jeu de l’un des bons gardes dans la NFL ou se tourner vers un remplaçant qui fait bien dernièrement et l’équipe a continué d’engranger les succès avec la combinaison actuelle sur la ligne à l’attaque.

L’un des éléments qui jouent contre LDT, c’est le fait qu’il y a de moins en moins d’entraînement avec l’équipement complet. C’est donc dire qu’il peut difficilement recréer un environnement de match avec les contacts. Tous les joueurs ont des petits bobos à cette période de l’année, sauf Laurent qui a été tenu à l’écart depuis la cinquième semaine d’activités. Sans entraînement digne du camp d’entraînement, il ne lui sera pas facile de retrouver son synchronisme. C’est bien beau de pratiquer son jeu de pieds, mais lorsqu’il va arriver dans le match et qu’un joueur de plus de 300 livres va le percuter avec hargne, la donne sera complètement différente. C’est donc dommage que son retour n’ait pas eu lieu il y a quelques semaines comme je le mentionnais plus tôt.

Ses défis seront donc sur le plan du synchronisme et du cardio, car bien qu’il s’est entraîné sur ce point, ce n’est pas la même chose lors d’un match avec les émotions qui entrent aussi en ligne de compte. Je ne suis toutefois pas inquiet en ce qui concerne les stratégies. S’il y a en bien un qui est au niveau sur le plan cognitif et afin d’être sur la même page que ses coéquipiers pour les formations et décortiquer le plan de match, c’est bien Laurent.

Mon impression c’est qu’il sera habillé et le but est qu’il retrouve sa préparation de match, sa routine qu’il suivait lorsqu’il était partant. Ce n’est pas la même intensité quant à l’approche lorsqu’un joueur sait qu’il ne jouera pas au final ou très peu. Mais peu importe ce qui sera décidé pour lui, l’objectif est de le préparer pour le Super Bowl. Si jamais les Chiefs viennent à s’y rendre à la suite d’une victoire, Laurent doit avoir eu des répétitions, avoir participé à un match avant la rencontre ultime. Si jamais il dispute tout le match en fin de semaine tant mieux, mais le plan est qu’il voit de l’action pour une éventuelle participation au Super Bowl et qu’on n’ait pas le même débat dans deux semaines. La décision finale revient aux Chiefs et je trouve que le scénario ressemble à leur approche concernant Eric Berry. L’organisation a pris le pari de ne pas l’opposer aux Colts afin qu’il soit à son mieux pour une éventuelle confrontation avec Rob Gronkowski cette semaine.

Les Chiefs n’ont certainement pas ramené Laurent dans la formation, et libéré un joueur par la même occasion, pour qu’il soit un simple spectateur. Le plan est sans nul doute qu’il ait des répétitions, dans un retour sans doute progressif, afin d’enlever tout questionnement si l’équipe devait jouer de nouveau dans deux semaines pour les grands honneurs.

Les Rams en terrain connu

Dans l’autre match de ce carré d’as, les Rams peuvent arriver au Superdome en confiance ou du moins sans le sentiment de l’inconnu, car ils y ont joué cette saison. Le choc de la foule, du bruit dans ce stade ne pourront pas les surprendre.

De plus, Aqib Talib est en uniforme ce qui n’avait pas été le cas lors du match entre les deux équipes qui s’était soldé par un gain de 45-35 en faveur des Saints. Il ne faudrait pas se surprendre qu’il soit dans les souliers de Michael Thomas tout au long de ce match. Le receveur des Saints a connu moins de succès cette saison lorsqu’un demi-défensif jouait physique à son endroit et c’est dans les cordes de Talib.

Il voudra l’accrocher au début du jeu afin de le déconcentrer et tenter ultimement de briser son synchronisme avec Drew Brees. Lors de l’affrontement de la 9e semaine, Marcus Peters avait eu comme commande d’arrêter Thomas et ce dernier avait conclu ce match avec 211 verges et un touché, sur 72 verges pour la victoire. C'était loin d'être mission accomplie pour le joueur des Rams.

Sean Payton voudra utiliser différentes formations pour aider son receveur à se démarquer et il sera intéressant de suivre ce jeu d’échecs.

C’est tout de même dans cette situation que Tre'Quan Smith ou Keith Kirkwood devront prendre la relève. Et si trop d’attention est donnée à Thomas, Alvin Kamara pourra en bénéficier. Les Rams ne pourront pas non plus employer la même stratégie que lors de leur match contre les Cowboys alors qu’ils amenaient les effectifs pour arrêter Ezekiel Elliott et le jeu au sol, en défiant Dak Prescott de les battre. Drew Brees peut le faire avec son bras, donc ce n’est pas à tenter.

CJ Anderson est un ajout chez les Rams qui pourra aussi avoir un impact positif. La semaine dernière, les Rams ont amassé 273 verges au sol contre les Cowboys et depuis qu’Anderson est en uniforme, la formation de Los Angeles a enregistré en moyenne 232 verges par match dans cette facette du jeu. Vous imaginez la pression en moins sur les épaules de Jared Goff! Si jamais ce match devait se régler en duel de quarts entre Brees et Goff, il est difficile de ne pas prendre pour celui des Saints.

Le jeu au sol pourra non seulement lui enlever cette pression de devoir porter son équipe à bout de bras et de plus, le meilleur plaqueur de La Nouvelle-Orléans, Sheldon Rankins est blessé. Donc il y a un coup à jouer pour les Rams sur ce plan.

Ceux qui se souviennent du premier affrontement, ce qui avait fait défaut aux Rams, c’était un passage à vide au deuxième quart. C’était l’égalité 14-14 lorsque les Rams ont tenté un jeu truqué au lieu d’un placement à l’intérieur de la zone payante. Les Saints ont arrêté ce jeu et l’attaque a remonté le terrain pour inscrire un touché. Les Rams ont ensuite tenté un placement de 51 verges qui a raté et encore une fois, leurs adversaires ont ajouté sept points au tableau. La séquence suivante, Goff a lancé une interception et les Saints ont enregistré un autre majeur. En l’espace d’un quart, les Saints ont pris une priorité de 35 à 17. La chaîne a débarqué pour les Rams et ils se devront évidemment d’éviter pareil scénario.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant