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Comme c'est le cas chaque mardi, je vous propose cinq éléments à retenir au terme de la septième semaine d'activités dans la NFL.

1. C'est le temps de paniquer à Foxborough


Il faut se poser de sérieuses questions sur les Patriots de la Nouvelle-Angleterre après une défaite par une marge de 27 points au Gillette Stadium, la plus sévère subie à domicile depuis le début de l'ère Bill Belichick. L'histoire nous dit qu'il ne faut pas compter les Pats pour battus, mais présentement, ce n'est plus du tout l'équipe qui nous a fait mentir à plusieurs reprises au cours des dernières décennies.


La version 2020 des Pats n'est pas la même que toutes ces autres équipes. Celle-ci a beaucoup plus de faiblesses et se montre vulnérable dans plusieurs facettes du jeu. La performance face aux 49ers de San Francisco en est une preuve tangible, et ça s'est vu à travers l'ensemble de l'effectif. L'attaque manque cruellement de punch; on n'a pas la même qualité de receveurs.


Dans le cas de Julian Edelman, on s'imagine qu'il est blessé. Toujours est-il qu'il n'offre pas du tout le même rendement que par les années passées. S'il y avait l'éternel débat à savoir si c'est Tom Brady qui faisait de Bill Belichick un bon coach, ou Belichick qui faisait de Brady un bon quart-arrière, je peux vous assurer d'une chose : c'est Brady qui faisait d'Edelman un aussi bon receveur.


Edelman est un receveur de « timing » qui excelle contre les couvertures de zone. Il doit s'ajuster à nouveau quart-arrière et le synchronisme n'y est simplement pas, à l'exception du match contre les Seahawks de Seattle (un bémol ici, car la tertiaire des Seahawks concède des verges à gauche et à droite). Ça demeure un excellent receveur, mais il lui manque son général. Même chose du côté des ailiers rapprochés; on tente de rebâtir cette position depuis plusieurs saisons, mais sans succès.


En ce qui a trait à Newton, il traverse une très mauvaise séquence. Je ne sais pas si c'est une question de santé ou de système, mais sa mécanique le laisse tomber. Il n'a plus l'air d'un quart-arrière élite comme il l'a déjà été dans la NFL. Et ce que je n'aime pas voir, c'est que son attitude un peu bougonneuse revient, celle-là même qu'on lui a souvent reprochée au fil des ans. Ce n'est pas bon signe quand ça refait surface.


Du côté défensif, ce n'est guère mieux. On sait que plusieurs joueurs ont choisi de passer outre la saison 2020,  mais ça demeure une unité qui est à des années lumières de ses performances de l'an dernier. En 2019, il était très difficile de lancer le ballon contre les Pats. Cette année, leurs adversaires arrivent à courir et à lancer à leurs dépens sans trop de problème.


Il y a donc un problème de personnel évident. On s'ennuie de Tom Brady, c'est certain. Ça sert de rappel que tu auras beau avoir les meilleurs instructeurs au monde, parfois ça ne suffit pas. Et Belichick est en grande partie responsables des insuccès actuels de son équipe, car il n'est pas seulement l'entraîneur-chef mais aussi le directeur général des Pats.


2. Les Falcons : réinventer des manières de perdre


Lors de la 2e semaine de la saison, les Falcons d'Atlanta ont perdu face aux Cowboys de Dallas après avoir eu une probabilité de victoire de 99,9 % en fin de rencontre. La semaine suivante, contre les Bears de Chicago, ils ont encaissé un autre revers avec une probabilité de victoire 99,6 %. Puis il y a deux jours, encore une fois les Falcons ont bêtement échappé un match qu'ils auraient dû gagner, cette fois-ci avec une probabilité estimée à 98,7 % contre les Lions de Detroit.


Ça fait donc trois fois qu'Atlanta perd une rencontre qu'ils étaient favoris à plus de 98 % de remporter au 4e quart, alors qu'au total dans le reste de la NFL, c'est arrivé seulement quatre autres fois depuis le début de la saison. C'est vraiment spectaculaire, cette suite d'effondrements qui est en train de devenir la marque de commerce de l'équipe.


Face aux Lions, comment les Falcons ont-ils réussi à trouver une façon de perdre? Tirant de l'arrière par deux points avec une minute à jouer, ils se sont approchés à la ligne de 10 des Lions, alors que ces derniers n'avaient plus de temps d'arrêt disponibles. Il aurait été facile d'égrainer les secondes au cadran et de tenter un court botté de précision pour la victoire. Mais pour une raison qu'on ne peut s'expliquer, Todd Gurley a inscrit un touché malgré un effort pour ne pas basculer dans la zone des buts. Tout indique que Gurley avait reçu comme consigne de ne pas marquer le touché même si les Lions lui en laissaient la chance.


Quand tu es rendu que tu inscris des touchés lorsque ce n'est pas le temps et que ça finit par te coûter le match, ce n'est vraiment pas ta saison. Gurley aurait simplement pu plonger à la ligne d'engagement ou déposer un genou au sol. Il n'y pas d'excuse. Quelques instants plus tard, ce qui devait arriver arriva : Matthew Stafford a rejoint T.J. Hockenson sur 11 verges pour créer l'égalité 22-22, et le converti d'après-touché de Matt Prater a donné une victoire inusitée aux visiteurs.


On a congédié Dan Quinn il y a deux semaines, mais le constat demeure le même : les Falcons trouvent de nouvelles façons de perdre des matchs.


3. OBJ : une blessure bénéfique aux Browns?


Avant de monter aux barricades par rapport à mon titre, je vous prierais de lire la réflexion qui m'amène à croire que Cleveland ne souffrira peut-être pas tant que ça de la perte d'Odell Beckham Jr. pour le reste de la saison.


Je crois profondément que les Browns forment une meilleure équipe sur le terrain avec leur receveur étoile, mais je pense par ailleurs que son absence pourrait être bénéfique au système offensif que cette équipe tente d'implanter.

J'ai envie ici de dresser un parallèle avec ce que les Rams de Los Angeles vivent cette saison par rapport aux dernières années passées avec Todd Gurley, un joueur ultra bien payé qu'on avait identifié comme le joueur offensif autour duquel bâtir. Souvent, on forçait la note avec lui, mais le moment n'était pas toujours bien choisi pour le faire. En le laissant partir durant l'entre-saison, c'est comme si les Rams s'étaient donné les coudées franches. Soudainement, on ne bâtit plus autour d'un élément particulier, mais on peut distribuer le ballon en misant sur ce qu'on fait bien. C'est l'intégralité du livre de jeux offensif des Rams qui fait sa force.


J'ai l'impression que c'est ce qui pourrait se passer chez les Browns au cours des prochains mois. Au lieu de sortir du cadre offensif pour remettre le ballon entre les mains d'OBJ, ils pourront se tourner vers le jeu le plus efficace dans les circonstances. L'idée de vouloir plaire à un des joueurs les mieux payés de l'équipe n'est jamais bien loin dans l'esprit des entraîneurs, qui sont humains après tout. Kevin Stefanski est un très bon entraîneur qui maîtrise bien son système de jeux et qui l'a bien enseigné à son équipe. Celui-ci passe par le jeu au sol, et ça va rappeler aux Browns que c'est ainsi qu'ils obtiendront du succès.


Loin de moi l'idée de penser que les Browns se hisseront au sommet du classement – ils doivent d'abord vaincre de bonnes équipes – mais ce sera néanmoins intéressant de voir le progrès offensif de cette unité à la suite de la perte de Beckham Jr.


4. Les Seahawks ne peuvent aspirer aux grands honneurs


Dans un match fou dimanche soir entre les Cardinals de l'Arizona et les Seahawks de Seattle, deux attaques incroyables se sont donné la réplique coup pour coup jusqu'en prolongation. C'était probablement le duel le plus divertissant du week-end.


On a vu des éclairs de génie de la part de Russell Wilson encore une fois, mais aussi quelques bévues qui, une fois additionnés, ont fini par contribuer à coûter le match aux Seahawks. Wilson a été victime de trois interceptions – ça arrive même aux meilleurs –, mais le problème est que dès que le quart vedette n'est pas parfait cette saison, Seattle se retrouve en danger de perdre.


Il est vrai qu'on a modifié plusieurs règles dans la NFL afin d'en faire une ligue plus offensive où il se marque plus de points pour faire en sorte que les équipes explosives se rendent au Super Bowl. D'ailleurs, après sept semaines d’activités, on assiste à la plus grande production de points par match dans l'histoire de la ligue, à 50,9 en moyenne. Bref, ça fonctionne. Ça offre la chance à des attaques explosives de gagner et Seattle en est la preuve.


Mais il faut quand même un minimum de qualité de jeu défensif pour remporter des matchs importants. Il faut particulièrement être en mesure de déranger les quarts adverses, c’est pourquoi il te faut des chasseurs de quarts. Tu dois absolument avoir au sein de ton unité défensive un, deux et idéalement même trois joueurs capables d’attaquer le quart adverse. C'est une condition sine qua none pour les équipes aspirantes au championnat. Avec la qualité actuelle des quarts, tu vas te faire tailler en pièces si tu montres une incapacité à les rabattre au sol ou simplement à leur faire ressentir une certaine pression.


Pour l'instant, les Seahawks n'ont pas cette composante cruciale. Leur pourcentage de sac par passe tentée est de 3,14 %, ce qui les situe au 29e rang dans la ligue. Mais puisque les statistiques de sac du quart ne font pas foi de tout, mentionnons aussi qu'à l'oeil nu, il est facile de voir que les Seahawks laissent trop souvent de trois à quatre secondes de plus aux quarts pour réaliser un jeu. Tout compte fait, je dirais que l'équipe de Pete Carroll est certainement une des pires dans le circuit Goodell pour appliquer de la pression sur la pochette protectrice. Difficile d'aligner plusieurs victoires ou de gagner des matchs face aux meilleures formations de la ligue de cette façon.


La date limite des transactions dans la NFL est le 3 novembre. Si les Seahawks sont en mesure d'aller chercher un joueur capable de faire une différence dans cette facette capitale du jeu, ils amélioreront significativement leurs chances de remporter des matchs éliminatoires dans quelques mois. L'ajout d'un joueur pouvant remplir ce mandat, jumelé au retour au jeu de l'excellent demi de sûreté Jamal Adams, pourraient changer la dynamique de cette unité défensive, qui pour l'instant se fait malmener par les bonnes attaques du circuit.


5. Dans le dossier Bostic, la NFL n'envoie pas le bon message


Tout indique au moment d'écrire ces lignes que le secondeur de ligne de Washington Jon Bostic ne fera pas suspendu pour avoir frappé vicieusement à la tête le quart des Cowboys de Dallas Andy Dalton dans le 3e quart de leur affrontement de dimanche. Le coup était délibéré et violent, mais surtout très dangereux pour le joueur visé.


Depuis une dizaine d'années, la NFL met les efforts pour enrayer le genre de coups qui mettent fin à des carrières. Ils ont investi des millions afin de démontrer le sérieux de leur démarche. On nous bombarde de messages publicitaires vantant les nouveaux protocoles de la ligue en matière de sécurité des joueurs. Tout ça, c'est du beau glaçage, mais le gâteau, ça se passe sur le terrain. C'est là où se passe les incidents dangereux. Et quand ça se produit, on est réticent à prendre les décisions qui s'imposent.


Je peux vous assurer que si Bostic se retrouvait avec une suspension de deux ou trois matchs sans solde, il y aurait moins de chances qu'il soit un récidiviste par la suite, bien plus qu'avec une amende de 5000 $ ou 10 000 $. Si cette suspension est de cinq ou six matchs, ce sont les autres joueurs qui ont tendance à jouer à la limite de la légalité qui vont faire une prise de conscience. C'est la façon de faire qu'on devrait privilégier, mais la NFL se défendra en prétextant que Bostic n’est pas un récidiviste. Sérieux ? Vous le direz au prochain joueur qui se fait arracher la tête par un de ses coups vicieux.

Aucune annonce officielle n'a été faite par la NFL pour l'instant, mais si on se fie aux informations qui circulent, il semble qu'on va rater une belle occasion de passer un message fort.