Pour une dernière fois cette saison, notre chroniqueur Matthieu Proulx relate cinq histoires qui ont marqué la dernière semaine d’activités dans la NFL.

Brady cimente sa légende

Je n’ai pas le choix de commencer cette chronique en vous parlant de Tom Brady en raison de ce qu’il a réalisé dimanche. On l’a mentionné sur toutes les tribunes et tout le monde a émis sa position sur le fait qu’il est le plus grand quart-arrière de tous les temps. C’est effectivement le cas!

Je fais partie de ceux qui croyaient qu’il était le meilleur de tous les temps avant même cette conquête du Super Bowl. Dimanche, il a fait exactement ce qu’il fallait pour cimenter sa place au sommet sans possibilité de discussion.

Nous avons bon l’aimé ou non, il faut respecter le joueur qu’il est. Ce qu’il a accompli sur le terrain, c’est exceptionnel. Il a terminé la rencontre avec 466 verges par la passe, une nouvelle marque au Super Bowl.  

Joe Montana avait sa remontée pour gagner un Super Bowl et Tom Brady a maintenant la sienne. Il a surpassé cela aussi.

Il a gagné cinq Super Bowl et a été nommé à quatre reprises le joueur par excellence du match. Sans rien enlever à Peyton Manning, il a remporté le Super Bowl l’an dernier en raison de la bonne unité défensive des Broncos. Tom Brady a permis à son équipe de terminer la soirée avec le trophée Lombardi grâce à sa performance.

Il a été impressionnant. Ce fut une domination de sa part au cours des dernières minutes de jeu. Chapeau pour une brillante carrière. À 39 ans, on ne sait pas s’il va ralentir. Présentement, nous n’avons aperçu aucun signe de déclin de sa part. Force est d’admettre qu’il pourrait continuer pendant quelques années à accumuler les records.

James White, le héros obscur

Il y a toujours un jeune joueur ou un athlète qui sort de l’ombre et on ne sait jamais ce sera qui avec les Patriots. Ç’aurait pu être Julian Edelman ou bien Malcolm Mitchell qui a connu un bon match. Ç’aurait pu être Dion Lewis aussi.

Mais les Patriots y vont avec le joueur du moment qui joue bien et qui donne droit à une confrontation avantageuse. En début de match, les Falcons utilisaient beaucoup de couverture homme à homme en défense. Les Pats ont donc décidé de s’ajuster pour avoir une confrontation avantageuse qui plaçait James White en situation d’un contre un face à un secondeur. White est plus rapide et plus habile qu’eux.

Brady lui donnait donc le ballon rapidement dans les flancs et White était en mesure de faire le reste. Il a d’ailleurs battu le record pour le nombre de réceptions dans un Super Bowl avec 14. Dans 10 ans, quand on va poser la question à savoir qui détient ce record, on ne pensera pas de prime abord à James White.

C’est la force des Patriots. L’une des raisons qu’ils sont revenus de l’arrière et qu’ils l’ont emporté, c’est parce qu’ils ont fait de meilleurs ajustements que les Falcons en deuxième demie. White en faisait partie.

Ça ne fonctionnait pas avec LeGarette Blount ou Julian Edelman qui a été visé à une douzaine de reprises et qui a terminé avec 5 attrapés. Mais ça fonctionnait avec White alors on lui a donné le ballon par la voie des airs et il a conclu la rencontre avec 110 verges.

White, qui a inscrit deux touchés au sol et un par la passe, aurait pu être considéré pour le joueur par excellence n’eut été la performance exceptionnelle de Tom Brady.

Quelques décisions douteuses des Falcons

Les décisions en attaque des Falcons lors de la deuxième demie ont fait beaucoup jaser.

Quand j’ai fait le décompte, j’arrivais à 9 courses et 17 passes lors des deux derniers quarts. Tout de suite après le match, j’étais très critique à l’égard des choix des Falcons.

Lorsque j’ai regardé le match à nouveau aujourd’hui, c’est vrai que ce n’était peut-être pas la bonne sélection sur certains jeux, mais dans l’ensemble, ils sont restés fidèles à ce qui leur a donné du succès. Toute la saison, les Falcons ont été une équipe agressive et c’est ce qui leur a permis de se rendre au Super Bowl. Souvent, quand on a une grosse avance dans un match, on change la nature de l’attaque pour s’ajuster à la situation. Parfois, ça ne fonctionne pas et les gens vont critiquer le fait d’avoir changé.

Les Falcons sont donc restés fidèles à qui ils sont. Ils ont mis le ballon entre les mains de leur meilleur joueur, Matt Ryan, qui était également le joueur par excellence de la NFL.  Ils ont essayé de remettre le ballon à leurs receveurs, ce qu’ils ont fait durant toute la saison.

Malheureusement, dans quelques situations, ce n’était vraiment pas la bonne décision à prendre. C’est plus facile à dire après le match et je ne serai pas celui qui commencera à dire à Kyle Shanahan comment sélectionner des jeux. Il a été nommé entraîneur adjoint par excellence cette saison et il sera le prochain pilote des 49ers.

Néanmoins, le sac du quart avec l’échappé provoqué par Dont’a Hightower était sur un troisième essai et une verge à gagner. Je m’explique mal comment les Falcons n’ont pas essayé de courir avec le ballon.

Par la suite, les Falcons ont de nouveau été dans le territoire des Patriots en détenant un premier essai à la ligne de 22 des Pats. Je comprends que la première course a été négative. Mais tu te retrouves en deuxième essai et 11. Ce n’était pas grave parce qu’un touché ou un placement valait la même chose. Ils auraient mené par deux possessions ce qui aurait été très important.

Je pense donc que les Falcons ont mal compris la situation en optant pour une passe qui a mené à un sac du quart. Ultimement, Atlanta n’était plus en position de placement. Bref, ce sont deux séquences où l’on peut questionner les choix de Kyle Shanahan.

Lundi, il a admis ses torts et a pris la responsabilité de ces choix. On peut saluer tout le brio de Tom Brady et des Patriots, mais il faut aussi mentionner que les Falcons se sont tirés dans le pied.

Julio Jones pas assez visé

Le receveur Julio Jones n’a été ciblé que quatre fois dans l’attaque des Falcons. Il a terminé le match avec 4 réceptions pour 87 verges et chaque attrapé a été plus spectaculaire l’un que l’autre.

Je comprends que son impact est plus gros que simplement ses statistiques. La plupart du temps, il est doublé et même triplé à l’occasion ce qui donne des ouvertures pour les autres receveurs.

Ce n’est pas pour rien qu’on a vu Taylor Gabriel et Austin Hooper s’illustrer. Malgré cela, c’est illogique de voir que Hooper a été visé à six reprises, soit deux de plus que Jones.

Jones faisait les réceptions. Si on n’avait pas été capable de le rejoindre, c’est une autre chose. Bref, je m’explique mal cette situation.

Si les Falcons avaient gagné, on aurait qualifié la réception de Jones sur les lignes de côté au quatrième quart comme étant l’un des plus grands attrapés de l’histoire du Super Bowl.

Cette réception était phénoménale. Celle de Julian Edelman, c’était beau, mais c’était du cirque. Celle de Jones était un attrapé de football incroyable. Matt Ryan s’est échappé de la pochette et en mouvement, il a lancé une passe tout juste par-dessus le demi défensif. Jones a été hallucinant pour garder ses deux pieds à l’intérieur du terrain.

La façon dont Julio Jones joue en éliminatoires, ça confirme qu’il s’en va au Temple de la renommée. Avec ses prestations en éliminatoires, il vient de solidifier sa place parmi les plus grands de tous les temps. Il a joué blessé, il a été doublé à profusion et malgré tout il a été exceptionnel.

Julio Jones était donc le meilleur receveur sur le terrain dimanche. Il faut féliciter les Patriots pour avoir limité l’impact de Jones, mais il faut reprocher aux Falcons de ne pas avoir essayé de le rejoindre plus souvent.

Une formule à revoir?    

Ce qui a fait beaucoup jaser aussi, c’est le règlement du fonctionnement de la prolongation.

Premièrement, cela ne peut aucunement être une excuse pour les Falcons. Ils ont perdu le match parce qu’ils ont laissé filer une avance de 25 points. Le règlement ne change donc rien.

Deuxièmement, ce règlement existe depuis toujours et on l’a déjà amélioré dans les dernières années. Préalablement, l’équipe qui avait la première possession n’avait qu’à réussir un placement pour mettre fin au match. Maintenant, il faut inscrire un touché, car un botté de précision donne la chance à l’autre équipe de répliquer.

Le règlement n’est pas encore parfait, nous nous entendons là-dessus. Je préfère le fonctionnement des prolongations dans la NCAA et dans la Ligue canadienne de football. On donne une chance égale aux deux équipes et c’est ce qu’on veut voir dans un match ultime.

Tout le monde dimanche, peu importe la partisanerie, on aurait voulu voir Matt Ryan revenir sur le terrain. C’est le joueur par excellence de la NFL. Tu veux le voir toucher au ballon.

Malgré qu’une majorité de gens ne semblent pas apprécier ce règlement, la NFL ne semble pas vouloir le modifier. À la limite, ce règlement pourrait demeurer le même en saison régulière. Par contre, en éliminatoires, il faut trouver une façon de donner une chance aux deux équipes de toucher au ballon. Je trouve que c’est injuste pour l’équipe qui perd le tirage au sort.

*Propos recueillis par Christian L-Dufresne