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Hormis l’identité du vainqueur, plusieurs éléments soulèvent des questionnements à l’approche du Super Bowl LIII entre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre et les Rams de Los Angeles. Je me pencherai au cours des prochaines lignes sur certains dossiers qui attirent mon attention en vue de cette finale du football professionnel américain.

Le plus gros point d’interrogation qui me vient à l’esprit concerne le porteur de ballon des Rams, Todd Gurley. À quoi peut-on s’attendre de lui ? La question est sur toutes les tribunes et avec raison à la lumière de ses dernières sorties.

Au cours de la saison, tout allait si bien pour lui qu’il était même à un certain moment dans la discussion pour le titre de joueur par excellence de la NFL.

Il est vrai de dire que l’attaque des Rams est dynamique, mais tout commence par un jeu au sol efficace. C’est en établissant cette facette du jeu que Sean McVay peut ensuite se tourner vers des feintes de course pour enchaîner avec un jeu aérien.

Gurley peut véritablement tout faire sur un terrain de football. Il a touché au ballon en 315 occasions pour des gains de 1831 verges et un total de 21 touchés au cours de la saison. C’est un joueur d’exception et l’un des deux porteurs de Georgia qui va évoluer dans sa région pour ce match, l’autre étant Sony Michel chez les Patriots.

Pour revenir au demi-offensif des Rams, il peut faire preuve d’explosivité lors de ses courses, mais il a connu une fin de calendrier plus difficile, ratant même quelques matchs à la suite d’une blessure et c’est pourquoi la formation de L.A. s’est tournée vers C.J. Anderson en renfort. Celui-ci a bien fait, malgré son gabarit massif. Blague à part, il a bien porté le ballon lorsque ce dernier lui a été confié.

Les deux demi-offensifs ont bien répondu à l’appel lors du match contre les Cowboys de Dallas alors qu’ils se sont partagé la tâche dans le champ-arrière. Je pense cependant que n’importe quel joueur aurait connu du succès au sol dans ce match alors que la ligne à l’attaque des Rams a tout simplement été dominante. Gurley ou Anderson pouvait aisément atteindre le deuxième niveau sans être touché et récoltait sensiblement cinq verges par portée.

Lors du match contre les Saints, la situation s’est quelque peu corsée avec une défense qui a donné une meilleure opposition. McVay a d’ailleurs pris toute une décision alors qu’il a opté pour Anderson au lieu de Gurley comme celui-ci connaissait un match plus difficile. Il a échappé une passe en début de match qui s’est retrouvé dans les mains d’un joueur des Saints et il n’a pas été en mesure de saisir une autre passe de Jared Goff plus tard dans la rencontre. Le portrait n’était pas plus reluisant au sol, si bien qu’il n’a touché au ballon que cinq fois! Il est censé être le meilleur joueur en attaque de l’équipe et il était relégué aux oubliettes dans la finale d’Association. On pouvait le voir sur le vélo en train de s’échauffer au cas où ils auraient besoin de ses services.

« La santé est parfaite, je suis au Super Bowl! »

On pouvait le sentir très émotif après la partie alors qu’il a indiqué qu’il était en santé, qu’il avait compris la leçon et la respectait. Je le crois d’ailleurs lorsqu’il dit ça. Gurley est un joueur d’équipe et il a embarqué dans ce concept.

Je ne fais pas que lancer cette affirmation, car il l’a prouvé par le passé qu’il était prêt à mettre les succès de l’équipe bien avant ses résultats personnels sur le terrain. Il faut se souvenir lors du match entre les Packers de Green Bay et les Rams un peu plus tôt cette saison que Gurley aurait été capable d’inscrire un touché en fin de match. Au lieu de redonner le ballon à Aaron Rodgers, il s’est laissé tomber sur le terrain. C’est avec de pareils gestes qu’on réalise combien les joueurs des Rams ont acheté le plan de leur entraîneur-chef.

Je pense tout de même que si les Rams veulent l’emporter dimanche contre les Patriots, Gurley doit être un élément important de l’équation et être sur le terrain.

Dernier tour de piste contre Gronk?

Un autre questionnement à l’aube de ce match concerne Rob Gronkowski. S’agit-il du dernier match de l’ailier rapproché des Patriots?

Depuis un certain temps, on entend les échos d’une possible retraite résonner autour de l’athlète de 29 ans qui en est à une neuvième saison dans le circuit Goodell. Il n’a pas joué une saison complète depuis 2011, sa deuxième dans la NFL, et il a raté un total de 24 matchs au cours des cinq dernières années en raison des blessures. Il a multiplié les opérations et a plusieurs orthèses sur son corps, si bien qu’il pourrait parfois être comparé à RoboCop.

En même temps, il faut faire attention à ce joueur. Lorsqu’il était à son apogée, on pouvait à mon avis le comparer aux meilleurs ailiers rapprochés de l’histoire de cette ligue alors qu’il ressemblait à un homme parmi les enfants. Il était trop imposant physiquement pour les demi-défensifs et trop rapide pour être couvert par un secondeur. Il était alors inarrêtable.

Les blessures l’ont ralenti et l’ont rattrapé ce qui explique sans doute qu’il songe de plus en plus à se retirer. Cependant, la semaine de congé au premier tour en éliminatoires lui a fait du bien et contre les Chiefs, Tom Brady s’est tourné vers lui lorsqu’il avait besoin d’un gros jeu. Gronkowski devrait être frais et dispo pour le Super Bowl et il pourrait être utilisé à profusion dans ce match qui risquerait d’être son dernier.

Son contrat se termine l’an prochain et il touchera 9,5 millions $. Il a déjà fait suffisamment d’argent et je ne suis pas inquiet qu’il continuera à en faire une fois à la  retraite en raison de sa personnalité. Il semble s’amuser et profiter de chaque moment au maximum et il faudra voir si c’est la dernière fois qu’il participe aux festivités entourant le Super Bowl.

Donald peut-il déranger suffisamment Brady?

Si on est en droit de s’attendre à un fort match de Gronkowski, on peut avoir la même approche avec le plaqueur Aaron Donald chez les Rams. C’est à se demander en fait s’il saura prendre le contrôle du match.

« Nous ferons la vie dure à Brady »

C’est évident qu’il sera le joueur défensif par excellence du circuit. Le récipiendaire du titre sera dévoilé samedi et je crois que le vote sera unanime, car je ne vois pas qui d’autre a connu de meilleures performances cette saison de ce côté du ballon. Il a mené la NFL avec 20 sacs et demi en tant que plaqueur.

Il peut prendre le contrôle d’un match et en changer son cours. Khalil Mack a aussi été en mesure de le faire, mais malheureusement pour lui, pas au même niveau que le joueur des Rams.

Donald peut avoir son mot à dire sur l’issue du match en arrêtant le jeu au sol des Patriots de par sa position à l’intérieur sur la ligne de mêlée. Il doit aussi déranger Brady dans sa pochette. La recette contre ce quart est de le frapper à répétition ce qui n’a pas été fait depuis le début des éliminatoires. Les équipes adverses hésitent à appliquer de la pression supplémentaire sur les Pats, mais une chose est certaine, les joueurs sur la ligne défensive doivent connaître un fort match et il est encore plus primordial que la pression vienne du centre, car Brady n’est pas du style à s’échapper sur les côtés.

Quand la pression provient de cet emplacement, c’est là qu'il lui arrive de connaître des ennuis.

Donald parvient avec sa pression à provoquer des revirements que ce soit avec des échappés ou tout simplement en créant de la confusion. La défense des Rams est troisième dans la NFL cette saison avec 30 revirements à sa fiche et ce sera l’une des clés dans ce match. La défense devra redonner le ballon à Goff afin qu’il puisse ajouter des points au tableau.

McVay prendra-t-il le flambeau?

L’une des bonnes histoires de ce Super Bowl est la présence à 33 ans de l’entraîneur-chef Sean McVay. Dans son cas, on peut se demander si ce match marquera le début de son ère.

« Nous voulons gagner pour tous les joueurs »

Le Super Bowl XXXVI en février 2002 a marqué le début de l’ère Bill Belichick et Tom Brady et cette rencontre a été en quelque sorte le catalyseur de cette dynastie des Patriots.

À la moitié de l’âge du pilote des Patriots, qui a 66 ans, McVay connaît parfaitement les stratégies et a une mémoire hors du commun. On voit d’ailleurs parfois des vidéos de ce dernier où il est en mesure de se rappeler de jeux qui sont survenus il y a deux ans avec une précision chirurgicale.

Outre son côté fin stratège, McVay est un maître, malgré son jeune âge, pour rallier les troupes. Il y parvient avec les Rams même si on retrouve des têtes fortes dans le vestiaire. On a qu’à penser aux vétérans Aqib Talib, Marcus Peters, Ndamukong Suh et Andrew Whitworth, mais il parvient à leur vendre son plan de match et ils y ont adhéré. McVay a su relever cette organisation qui a longtemps occupé les bas-fonds du classement, notamment sous le règne de Jeff Fisher.

« McVay et Belichik se ressemblent beaucoup »

Je vais mettre un bémol à mon point, car même si les Rams venaient à l’emporter, il serait difficile de croire immédiatement que McVay pourra répéter ce que les Patriots ont fait depuis plus d’une décennie.

Dans une époque avec autant de mouvement de joueurs, il est difficile de se bâtir une équipe championne chaque année. Les Rams ont comblé des lacunes en signant des joueurs d’impact sur le marché des joueurs autonomes ce qu’on voit rarement les Patriots faire, eux qui développent leurs jeunes avec le repêchage. Les Rams vont devoir commencer à faire ça s’ils veulent connaître du succès sur le long terme.

Un autre élément qui me fait douter est que le jury débat toujours sur la qualité du quart Jared Goff. Si on veut donc parler d’un duo McVay-Goff dans quelques années au même titre que l’on parle de celui formé de Belichick et Brady aujourd’hui, le quart des Rams a encore des croûtes à manger.  

McVay demeure par contre selon moi l’entraîneur qui peut partir la prochaine dynastie dans la NFL et il restera à voir s’il sera en mesure de le faire.

Un Super Bowl à l'image des précédents?

Au final, j’espère que nous aurons droit à un Super Bowl aussi spectaculaire que les derniers. En février 2017, les Patriots avaient réalisé une remontée spectaculaire en comblant un retard de 28-3 en 18 minutes pour l’emporter en prolongation. C’était la remontée la plus importante dans l’histoire du Super Bowl.

17 ans depuis la naissance de la légende de Brady

L’an dernier, nous avons eu droit au match le plus offensif avec un total de 1151 verges d’attaque et 74 points marqués dans un gain de 41-33 des Eagles de Philadelphie devant les Patriots. C’était un match enlevant au cours duquel Brady a lancé pour plus de 500 verges dans une cause perdante.

On veut savoir si nous serons encore une fois essoufflés au terme de la rencontre et tous les éléments sont présents pour qu’un tel scénario se reproduise. Nous avons encore les Patriots en premier temps, les entraîneurs sont de brillants stratèges et tant les défenses que les attaques des deux côtés peuvent se démarquer avec leurs joueurs vedettes électrisants.

Avec les finales d’Association, il y a deux semaines, la table est mise et je ne vois pas pourquoi nous n’aurions pas un autre Super Bowl épique.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant

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