LONGUEUIL, Qc - Laurent Duvernay-Tardif a troqué son équipement de football et sa chemise blanche de médecin pour son rôle d'influenceur, tandis que le personnel de la santé du Québec mène une lutte acharnée contre la pandémie de COVID-19. Pour le moment.

Alors qu'il entamait une période de quarantaine le 12 mars au retour d'un voyage dans les Caraïbes en compagnie de sa conjointe, LDT a offert au ministère de la Santé du Québec et à la Direction de la santé publique de prêter main forte sur la ligne de front. Ceux-ci lui ont plutôt demandé d'utiliser sa notoriété publique afin de sensibiliser les jeunes aux directives de distanciation sociale et de confinement.

« Je voulais aider où on avait besoin de moi, et on m'a dit que puisque je suis dans une zone grise dans mon éducation, donc ce serait difficile pour moi d'être une plus-value dans le système de santé. On a donc préféré que je sois une courroie de transmission pour les messages de santé publique. Et si je peux convaincre 30 ou 40 jeunes de plus de demeurer à la maison aujourd'hui, alors l'objectif sera atteint », a déclaré en entretien téléphonique avec La Presse canadienne le sympathique colosse de six pieds cinq et 321 livres.

Une décision qu'il accepte sereinement, dans les circonstances.

« Je crois que ce n'est pas le bon moment pour être égocentrique, et s'il y avait un besoin, alors je suis convaincu qu'on me demanderait (de me joindre au système de la santé). J'ai une ligne ouverte avec eux (le gouvernement), et si jamais le vent tourne et qu'ils ont besoin de plus de personnel en milieu hospitalier, et bien je suis convaincu qu'ils vont me le demander », a déclaré le diplômé en médecine de l'Université McGill.

Ça ne veut toutefois pas dire qu'il ne garde pas de contact avec la réalité du personnel médical sur le terrain.

« Je suis en contact pratiquement à tous les jours avec des amis et des collègues avec qui j'ai étudié et qui sont présentement en première ligne, notamment à l'urgence et dans les cliniques de dépistage de COVID-19, a-t-il noté. J'ai leur feedback et je peux dire que c'est vraiment une situation sérieuse. Il faut qu'on ait une pensée pour eux, également, parce que c'est une profession à risque en ce moment. »

Le joueur de football âgé de 29 ans s'est retrouvé à l'écart du système de santé après avoir fait le choix de ne pas s'inscrire à un programme de résidence afin de compléter sa formation de médecin. Pour une raison bien simple.

« Ça n'aurait juste pas été possible de combiner le football et la résidence que je voulais faire. Vous savez, dans une résidence, il y a beaucoup plus de responsabilités, et je pense que c'est préférable de le faire de manière continue plutôt que de manière saccadée à coups de six mois pour ma future carrière. Donc, ma résidence va commencer après ma carrière de footballeur », a ajouté l'athlète originaire de Saint-Jean-Baptiste.

À sa décharge, le Québécois vient de connaître une année passablement mouvementée au cours de laquelle il est notamment devenu... champion du Super Bowl.

Des boîtes à fleurs, mais pas de bols!

En attendant de savoir si la prochaine saison de la NFL sera elle aussi affectée par la pandémie du coronavirus, Duvernay-Tardif poursuit sa remise en forme, chez lui, en faisant preuve de créativité.

« Présentement, mon défi c'est de trouver une façon de me remettre en forme même si ça comprend l'achat de poids et haltères sur un site internet comme Amazon. Tout est sur pause, et on attend tous les prochaines directives de la ligue », a noté Duvernay-Tardif, qui en a profité pour dire qu'il est complètement rétabli de la blessure à un mollet qu'il a subie lors du dernier Super Bo wl.

D'ici la reprise de ses activités sportives habituelles, le principal intéressé tente donc de s'occuper du mieux qu'il le peut. Mais ne lui parlez surtout pas de ses fameux bols en bois.

« J'ai une petite shed dans ma cour et j'ai commencé à faire des chaises longues, des boîtes à fleurs et des tables de patio. Mais il n'y a pas de bols; je ne suis pas équipé pour ça, a-t-il tranché. Ces petits projets-là m'occupent et m'aident à passer le temps, un peu. »