Une expression anglophone représente bien un des principes qu’on s’applique à respecter chez les Chiefs de Kansas City, dans la victoire comme dans la défaite : « never too high, never too low ».  

C’est pourquoi on s’efforce de garder notre concentration au maximum sur notre prochain défi après les fortes émotions vécues jeudi dernier au Gillette Stadium.

Justement, parlons-en de cette soirée à Foxborough.

Le mandat était colossal, c’est-à-dire celui d’être l’équipe visiteuse se mesurant à la formation championne du Super Bowl, qui allait assurément être gonflée à bloc après avoir hissé la bannière de sa plus récente conquête.

Tout le monde avait le sourire fendu jusqu’aux oreilles d’avoir réussi un pareil tour de force, mais on a insisté sur l’importance de ne pas se laisser flotter sur un nuage. Ce n’est après tout qu’un seul match. Il nous en reste encore 15, et on doit continuer à grandir en tant que groupe car toutes les équipes vont s’améliorer.

Néanmoins, je mentirais si je disais qu’il n’y avait pas un élément de fierté d’avoir cru en notre talent et en les stratégies déployées sur le terrain des Patriots de la Nouvelle-Angleterre. Ça s’ajoute aussi à la satisfaction d’avoir surmonté l’adversité vécue au premier quart. La partie n’avait pas pris la tournure qu’on souhaitait dans les premiers instants : les Pats avaient pris deux possessions d’avance et on s’était tiré dans le pied à l’attaque en perdant un ballon à notre première séquence offensive.

Mais on est revenus forts et le touché inscrit dans les derniers instants de la première demie après avoir démarré à notre propre ligne de 30 – en n’utilisant que huit ou neuf jeux de surcroît – était un puissant énoncé. Chaque membre de l’unité était sur la même longueur d’onde et on a très bien exécuté les jeux en utilisant une cadence silencieuse.

Ce genre de série offensive peut changer l’allure d’un match lorsqu’elle est bien réussie et c’est ce qui s’est produit, à mon avis. On a pu retraiter au vestiaire en sachant qu’on serait les premiers à toucher le ballon à la reprise.

En deuxième demie, on avait la réponse à tout. Même lorsque les Pats nous fournissaient la réplique, on puisait encore un peu plus loin pour se redonner l’avance, jusqu’à ce qu’on réussisse à les distancer pour de bon en fin de rencontre. On a grugé de précieuses minutes au tableau indicateur avec de bonnes courses, ce qui a permis de garder sur les lignes de côté la puissante et talentueuse offensive adverse. Tout cela mis ensemble  fait que la victoire a été encore plus savoureuse!

Il faut dire aussi que c’est très encourageant, en tant qu’attaque, d’inscrire 42 points au tableau. Je ne crois pas que ce soit déjà arrivé depuis que je me suis joint aux Chiefs. Aucun placement, seulement six majeurs inscrits par notre unité offensive. Et sans être victime de la moindre interception. Pas un sans-faute, parce qu’il y aura toujours des éléments à corriger, mais de l’excellent boulot.

En tant que membres de la ligne offensive, on abordait cette partie en souhaitant imposer notre jeu au sol, en sachant pertinemment que ce n’était pas un mandat facile. Les Pats, au plan statistique, ont formé en 2016 l’une des équipes les plus efficaces pour contrer la course. D’être capable d’enchaîner les premiers essais avec de longues séries a été une des clés de notre succès.

La perte de Berry nous attriste tous

Comme je vous racontais, les sources de réjouissance étaient nombreuses après avoir surpris les Patriots chez eux, mais il y avait tout de même un élément de tristesse de voir la saison de notre coéquipier et ami, le demi de sûreté Eric Berry, prendre fin cruellement sur une blessure à un genou.

Eric BerryCe gars-là est un leader incomparable au sein de notre vestiaire. Peu importe l’identité de l’adversaire, son objectif et l’effort qu’il met pour l’atteindre sont toujours les mêmes. Il est un joueur intense qui motive tout le monde à pousser dans la même direction. C’est tellement sincère que ça fait de lui un meneur et un joueur incroyable. La perte de Berry est immense pour l’équipe, mais j’ai bon espoir qu’il va nous revenir encore plus fort.

C’est d’ailleurs la promesse qu’il a faite. Il a surmonté tellement d’obstacles depuis deux ou trois ans – il a combattu un cancer et est revenu meilleur que jamais, ne l’oublions pas! – alors je n’ai pas le moindre doute sur sa volonté.

Sous l’adrénaline et dans le feu de l’action, on ne réalise pas toute l’ampleur que sa perte peut avoir. Comme au front à la guerre, le prochain soldat fait son entrée et prend le relais, avec l’entière confiance de ses coéquipiers qu’il peut effectuer le travail.

À notre retour à l’entraînement sans Eric, nous avons quand même eu un petit pincement au cœur. Mais on a l’obligation de passer à autre chose sans plus attendre. Dans la NFL, comme dans tout sport de contacts, les blessures sont monnaie courante. On ne peut pas laisser notre moral s’en ressentir.

Les retrouvailles avec Pederson

 Dès dimanche, nous avons repris l’entraînement en débutant avec un tempo léger. Le fait d’avoir joué avant les autres équipes nous a donné une fenêtre de neuf jours pour peaufiner notre préparation en vue de l’affrontement face aux Eagles de Philadelphie.

Doug Pederson et Carson WentzIl fait particulièrement chaud à Kansas City depuis quelques jours, avec des températures oscillant autour de 33 degrés Celsius. C’est dans cette chaleur que nous avons tenu nos séances, et les prévisions météo font état d’une température semblable pour dimanche après-midi. Nous savons donc à quoi nous attendre.

Ce match a comme particularité que nous allons croiser le fer avec notre ancien coordonnateur offensif Doug Pederson, qui a été nommé entraîneur-chef des Eagles avant le début de la saison 2016. Ce sera une dynamique intéressante car Pederson connaît aussi bien que quiconque nos patrons de jeux. En revanche, nous avons aussi notre petite idée sur ce qu’il nous proposera. Dans un tel contexte, il faudra présenter aux Eagles un élément de surprise, et je suis persuadé qu’ils pensent la même chose.

Défensivement, c’est une équipe qui nous présentera des formations bien différentes de celles que nous ont servi les Patriots la semaine dernière. Au sein de la ligne offensive, on sera prêts à effectuer les ajustements nécessaires afin de bloquer adéquatement face à un front défensif qui regorge de talent. C’est un beau défi auquel j’ai hâte de m’attaquer.

Bon football à tous!

* propos recueillis par Maxime Desroches