Je me suis amusé à comparer les classements de la saison dernière avec ceux de la saison actuelle.

Dans l’Américaine, seulement deux équipes sur six seraient de retour dans les éliminatoires si ça débutait aujourd’hui, comparativement à quatre sur six dans la Nationale. Ça donnerait six nouvelles équipes dans la course au titre. Depuis le nouveau format des éliminatoires, c’est souvent ce qui se passe. Il y a cinq ou six nouveaux clubs qui se qualifient et la tendance pourrait se poursuivre si on se fie au début de campagne, même si c’est loin d’être coulé dans le béton. C’est le fun, ça fait en sorte qu’on parle de nouvelles équipes. Celles-ci ont travaillé fort, elles ont amené de nouveaux joueurs et de nouveaux entraîneurs, et elles commencent à mieux jouer.

 Classement dans l’Américaine

Rang

2016-2017

2017-2018

1

Patriots

Chiefs

2

Chiefs

Bills

3

Raiders

Jaguars

4

Steelers

Steelers

5

Dolphins

Broncos

6

Texans

Jets

 

Classement dans la Nationale

Rang

2016-2017

2017-2018

1

Cowboys

Eagles

2

Falcons

Packers

3

Giants

Falcons

4

Seahawks

Seahawks

5

Packers

Panthers

6

Lions

Lions

 

Kansas City, l’équipe de l’heure

Les Chiefs forment une équipe complète et comptent sur l’attaque no 1 du circuit. C’est la seule organisation toujours invaincue et la plus excitante à regarder parce que c’est dynamique et spectaculaire, autant en attaque qu’en défense. Il faut donner du crédit au quart-arrière Alex Smith, il joue comme un MVP comme en témoignent ses 11 passes de touché contre aucune interception. S’il continue comme ça, il va être dans les discussions à titre de joueur par excellence. Un seul autre quart n’a toujours pas lancé d’interception, et il s’agit de Drew Brees avec les Saints de La Nouvelle-Orléans, donc il est en bonne compagnie. On disait toujours de lui qu’il se contentait de faire de petites passes, c’était ça le système d’Andy Reid. Maintenant, plus ça va, plus il attaque les zones profondes et l’attaque est plus complète. C’est une équipe qui peut te battre avec le jeu au sol, les petites passes, les longues passes, les jeux truqués, les unités spéciales, en plus de la défense en mettant de la pression et en provoquant des interceptions. Les trois unités sont excellentes. Ajoutons à ça le groupe d’entraîneurs qui fait un solide travail.

Les Bills (3-2) sont deuxièmes au classement pour l’instant. Pour mettre ça en perspective, les Bills n’avaient récolté que cinq victoires l’an passé. Le changement d’entraîneur a été spectaculaire. Ils ont amené Sean McDermott, qui est l’ancien coordonnateur des Panthers. L’équipe a pris l’identité de l’entraîneur. Et l’identité de l’équipe, c’est la défense. Cette défense est la meilleure pour les points alloués, avec 14,8 points alloués par match. On est capable de voler le ballon à l’adversaire comme le démontre un total de 10 revirements. C’est plaisant de voir ce qui se passe à Buffalo, McDermott fait du bon boulot.

C’est également assez spectaculaire de constater ce qui se passe avec les Jaguars. Ils ont trois victoires et deux défaites, comparativement à trois victoires au total l’an passé. En même temps, cette équipe repêche parmi les premiers depuis des années, il fallait bien que ça paye à un moment donné. Quand on regarde le talent, surtout en défense, on a des chasseurs de quart, des demis de coin de qualité, de bons jeunes secondeurs et de la rapidité. C’est une unité défensive qui est un peu dans la même philosophie que les Seahawks de Seattle. Ils sont deuxièmes pour les points alloués (16,6 par match), premiers pour les revirements (15) et deuxièmes pour les sacs (20). Sans oublier en attaque Leonard Fournette, le porteur de ballon, qui est excellent. Il l’a encore prouvé la semaine passée. Un point d’interrogation demeure cependant : Blake Bortles. La recette des Jags, on l’a vue la semaine passée contre les Steelers : une grosse défense qui retourne deux interceptions pour des touchés, Fournette qui gagne presque 200 verges au sol et Bortles qui tente seulement 14 passes. On n’en met pas beaucoup sur les épaules de Bortles. Ça reste une belle histoire. J’aime voir des équipes qui sortent des bas-fonds et font parler d’eux pour les bonnes raisons.

Parlons ensuite des bons vieux Steelers, qui sont encore dans le coup. C’est cependant une petite déception pour moi. Je suis déçu des performances de l’attaque en raison de tout le talent qu’elle possède. Je croyais qu’elle serait l’une des plus explosives grâce à Ben Roethlisberger, Le’Veon Bell, Antonio Brown, Martavis Bryant. Ils ont beaucoup de talent et ils sont équipés pour marquer beaucoup, mais ils n’y parviennent pas. C’est un peu un roman-savon chez les Steelers. Brown se plaint car il n’a pas assez souvent le ballon, Bell se plaint car il veut un nouveau contrat et veut également plus souvent le ballon, Big Ben semble se demander s’il fait encore l’affaire. Au moins la jeune défense commence à jouer un peu comme ce qu’on a connu de la défense des Steelers historiquement : elle met de la pression sur le quart, crée des revirements, se place dans le top-10 au général, elle tient le fort. L’attaque me déçoit cependant beaucoup, elle devra en faire plus.

Quant aux Jets, donnons immédiatement le titre d’entraîneur de l’année à Todd Bowles. Plusieurs amateurs et analystes prédisaient qu’une des formations new-yorkaises serait blanchie cette saison, mais il ne s’agira étonnement pas des Jets (3-2), qui ont trois victoires de suite. Ce sont plutôt les Giants qui ont un dossier de 0-5. On s’est débarrassé de gros joueurs comme Sheldon Richardson avant la fin du camp et on n’a pas le meilleur quart en Josh McCown. Je sais qu’il reste encore beaucoup de football à jouer et que les Jets comptent sur une défense de milieu de peloton, c’est pour ça qu’il faut féliciter Bowles. On voyait cette équipe couler et repêcher tôt afin de dénicher une nouveau quart-arrière plus prometteur.

Parmi les déceptions, notons Houston et Oakland. On ne veut jamais utiliser ça comme excuse, mais les blessures ont affecté leurs performances. L’attaque des Bengals fait aussi défaut. Je sais qu’ils viennent de gagner deux matchs de suite, après avoir limogé le coordonnateur à l’attaque, mais ils doivent marquer davantage. Ils sont 27es avec 16,8 points par partie. Avec le talent des receveurs et des porteurs de ballon, il faut donc que le quart Andy Dalton en fasse plus.

Les Eagles dominent la Nationale

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Bravo aux Eagles de Philadelphie. Ils avaient une fiche de 7-9 la saison dernière et sont déjà rendus à 5-1. Leur jeune quart-arrière Carson Wentz m’impressionne beaucoup. Je l’ai notamment trouvé excellent jeudi dernier face aux Panthers. Il est courageux, il reste droit comme un chêne dans sa pochette, il ne bronche pas, il fait de grosses passes en troisième essai, il est dynamique, il est capable de courir… Je trouve qu’il a élevé son jeu d’un cran à sa deuxième campagne et c’est beau à voir. C’est une belle surprise pour les Eagles, qui sont sixièmes pour les points marqués. Le front défensif est aussi excellent.

Je dis souvent que le football est le sport où les entraîneurs ont le plus d’impact sur le résultat, et les Rams en sont un exemple parfait. Ils avaient obtenu seulement quatre victoires lors de la dernière campagne, mais ont actuellement un dossier de 3-2. On voit que Sean McVay, qui est l’entraîneur-chef et le coordonnateur à l’attaque, a le tour pour soutirer le meilleur de Jared Goff, Todd Gurley et cie. Ils sont d’ailleurs deuxièmes pour les points marqués (30). La défense joue aussi bien sous la gouverne du coordonnateur défensif et vétéran Wade Phillips. Le coaching, ça fait une différence au football et les Rams le démontrent bien.

Dans un autre ordre d’idées, c’est le bordel chez les Giants (0-5). Ben McAdoo a atteint son niveau d’incompétence. Ça démontre que ce n’est pas parce que tu es un bon coordonnateur que tu es nécessairement un bon entraîneur-chef. L’attaque ne fait rien et la défense est loin d’être aussi exceptionnelle que l’an dernier (11-5). McAdoo se pogne même avec ses joueurs et ses vedettes défensives.

C’est une grosse déception, comme à Dallas. On sent que la ligne à l’attaque n’est pas aussi dominante et c’est le point majeur. Les corridors ne sont plus des autoroutes comme avant. Ça a un effet pervers sur la jeune défense qui est davantage surtaxée. Les Cowboys avaient l’habitude de dominer au niveau du temps de possession, ils contrôlaient le tempo du match. Ce n’est plus le cas. L’an dernier, à ce stade-ci, ils étaient à 4-1 avec 109 verges de gains par la course, soit 5 verges par course. Aujourd’hui, ils sont à 3-2 avec seulement 78 verges de gains, soit 3,7 verges par course. Sans oublier Ezekiel Elliott et toute la saga qui l’entoure concernant sa suspension. Voilà un autre roman-savon.

 

*Propos recueillis par Audrey Roy