MONTRÉAL – Dans chacun des 31 vestiaires des équipes de la LNH, les joueurs se taquinent sans cesse et les populaires pools Fantasy de NFL sont devenus un sujet de prédilection pour se tirer la pipe. En avril 2013, Alex Burrows avait donc été fort impressionné de discuter avec Richard Sherman, un athlète qui ne craint pas de déranger l’adversaire tout comme il le faisait.

À l’époque, Sherman était en train de s’établir comme l’un des meilleurs demis de coin de la NFL dans l’uniforme des Seahawks de Seattle. Près de sept ans plus tard, Sherman, maintenant avec les 49ers de San Francisco, continue de confondre les sceptiques qui ont cru que son rendement s’effondrerait.

Depuis cette rencontre, Burrows a suivi encore plus attentivement le parcours de Sherman – qui a été choisi cinq fois pour le Pro Bowl – et il est heureux de le voir se rendre au Super Bowl au sein de l’équipe où son éclat rend de précieux services.

« À sa position, il adopte un peu un rôle d’agitateur et ils me l’ont présenté de cette façon vu que je jouais un peu de la même manière. J’ai toujours été un grand fan de lui, de sa manière de jouer et de son niveau de compétition sur le terrain », a raconté Burrows au RDS.ca.

Pour ce tournage, Sherman s’était infiltré dans l’environnement des Canucks en jouant le jeu de recruteur. Il devait trouver un candidat dans l’équipe de hockey pour se joindre aux Seahawks qui sont très populaires à Vancouver. Burrows avait coiffé son coéquipier Cory Schneider qui avait notamment perdu des points puisqu’il est un fervent admirateur des Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Même s’il avait déjà franchi la trentaine et qu’il avait huit saisons dans la LNH derrière la cravate, Burrows reconnaît qu’il avait été impressionné par ce contact privilégié avec Sherman. Il n’était pas du style à se considérer comme un athlète d’un niveau similaire qui pratique simplement une autre discipline.

« On dirait que le petit garçon à l’intérieur de moi remonte toujours à la surface quand je rencontre un athlète d’un autre sport ou une personnalité connue. Je suis toujours un peu impressionné d’autant plus qu’il est l’un des meilleurs à sa position dans les 10 dernières années. C’était plaisant de pouvoir lui poser quelques questions. Ça permettait d’avoir sa perspective sur certaines situations », a-t-il exprimé.

Justement, le Québécois a surtout retenu que Sherman était véritablement curieux d’en apprendre plus sur le hockey professionnel.

« C’était vraiment plaisant. C’est un athlète très intelligent et on voyait que ça l’intéressait. Il posait beaucoup de questions sur notre réalité dans la LNH. Il trouvait ça assez remarquable qu’on puisse jouer pratiquement tous les deux soirs comparativement à une fois par semaine pour eux », s’est rappelé celui qui agit désormais comme entraîneur adjoint du Rocket de Laval.

Pour Burrows, c’est indéniable que le contexte des joueurs de la LNH et de la NFL ne peut guère se comparer.

« Oh oui, c’est complètement différent. On n’a pas du tout le même train de vie. En partant, ils ont seulement 16 matchs dans une saison ce qui fait que chaque partie a une importance cruciale pour eux. De notre côté, tu peux échapper un match ici et là, mais c’est plutôt un véritable marathon. Tu n’es pas obligé de peaker trop vite. Là où ça se ressemble, c’est que tu dois rester en santé le plus possible », a-t-il décrit.

Dans la même veine, Burrows se considère très privilégié d’avoir pu pousser encore plus loin de tels sujets et bien d’autres avec nul autre que Tom Brady. Ça se passait alors que les Canucks se distinguaient sans pouvoir atteindre l’objectif suprême de remporter la coupe Stanley.

« Un de nos propriétaires était ami avec lui et il avait approché Brady pour qu’il vienne s’entretenir avec le groupe de leadership des Canucks pendant un après-midi au complet. On était environ sept ou huit joueurs et on avait pu échanger avec lui durant trois heures, c’est l’une des rencontres marquantes de ma vie », a témoigné Burrows.

« Il était venu nous détailler comment il se préparait, comment il se comportait dans les grands moments et comment son entraînement se faisait. Il changeait même son alimentation de toute sa semaine s’il avait un match le dimanche à Tampa ou un match à Seattle où le climat est plus humide et plus froid au lieu de plus sec et chaud. Je trouvais ça assez spécial qu’ils puissent régler leur machine comme ça. Pendant ce temps, dans la LNH, tu te couches tard un soir, tu essaies de rattraper ton sommeil le lendemain et tu joues la journée suivante. Eux, ils peuvent avoir une préparation plus optimale pour chaque match », a relaté Burrows qui voulait plus comparer les sports et non se plaindre.

Puisqu’il a vécu – et vit encore – dans un vestiaire de hockey en plus d’avoir échangé avec quelques joueurs de la NFL, on a voulu savoir s’il percevait une grande différence dans ce lieu de travail de ces deux sports. Par exemple, au hockey, les équipes professionnelles doivent moins composer avec des athlètes qui ont grandi dans des milieux très défavorisés.

« C’est vrai qu’au football, les joueurs proviennent davantage de milieux différents tandis que ça se ressemble plus au hockey. Mais, à mon avis, la plus grosse différence, c’est qu’au hockey tu as besoin de ton gardien, de tes défenseurs et de tes attaquants en même temps. Il faut connaître du succès ensemble malgré nos positions différentes. Au football, c’est vraiment autre chose vu que l’unité offensive joue ensemble et la défense aussi. Une unité ne peut pas vraiment changer le travail de l’autre une fois qu’elle embarque sur le terrain. Pour moi, c’est la plus grosse différence et ça peut créer des groupes plus partagés entre certaines positions », a reconnu Burrows.

Le 2 février, le Rocket sera en congé et Burrows pourra suivre le Super Bowl avec intérêt. Ce n’est pas parce qu’il a apprécié sa discussion avec Sherman et qu’il a assisté à quelques-uns de ses matchs qu’il se range automatiquement derrière les Niners. 

« Je suis un peu partagé avec Laurent (Duvernay-Tardif) de l’autre côté. J’ai aussi eu la chance de le rencontrer durant l’été à son tournoi de golf », a justifié Burrows avec le sourire dans la voix.