KANSAS CITY – Je dois avouer que je n'étais pas particulièrement enthousiaste lorsqu'on m'a demandé de commenter l'étude parue récemment sur le lien entre la pratique du football et l'encéphalopathie traumatique chronique (ETC). Je comprends toutefois que mes statuts de joueur de la NFL – particulièrement de joueur de ligne à l'attaque – et d'étudiant en médecine font de moi une personne désignée pour le faire.

Avant de me lancer, je veux mettre quelque chose au clair : loin de moi l'idée de vouloir décrédibiliser les résultats de l'étude, mais je crois qu'il faut les relativiser.

Il est clair que les résultats de l'étude sont accablants. On pouvait s'attendre à ce genre de résultat, puisque les cerveaux sur lesquels on a pratiqué des autopsies appartiennent à des joueurs qui ont joué à une époque au cours de laquelle les commotions cérébrales n'étaient pas diagnostiquées adéquatement.

Les joueurs n'étaient pas encouragés comme aujourd'hui à rapporter leurs symptômes. On n'avait pas l'éducation qu'on a maintenant par rapport aux risques des commotions cérébrales. Il y avait aussi des lacunes en terme d'équipement et de techniques de jeu.

Nous sommes maintenant conscients de ces manques : on l'a appris avec les différentes études ou encore avec le film Concussion. La NFL elle-même a admis qu'il y avait des lacunes et elle a investi une centaine de millions de dollars dans la recherche et le développement de façon à prévenir les commotions cérébrales.

J'ai été rassuré en constatant une sorte de biais de sélection dans l'étude. Je m'explique : les joueurs ayant donné leur cerveau à la science avaient probablement déjà des symptômes. Je crois que cette hypothèse explique les chiffres aussi importants qui en sont sortis.

Il faut toutefois dire que ces résultats sont très alarmants et font réagir en tant que joueur, mais aussi en tant que futur médecin. Les résultats démontrent que les commotions sont un fléau dans le monde du sport. Ma seule interrogation est au sujet de l'échantillonnage. Je trouve qu'il serait intéressant de savoir dans quelle proportion les 202 cerveaux analysés provenaient de gens qui étaient touchés par des symptômes chroniques à la base, pour constater à quel point cet échantillonnage représente bien la réalité de la NFL d'aujourd'hui.

Les efforts sont au rendez-vous

Les choses ne changeront pas du jour au lendemain et seul le temps nous dira à quel point les mesures mises en place par la NFL et les équipes sont efficaces pour contrer le fléau des commotions cérébrales.

Je peux néanmoins vous dire que beaucoup de choses ont changé et qu'on fait les efforts nécessaires.

Maintenant, des neurochirurgiens consultants sont aux abords du terrain lors de chaque partie et assistent des équipes médicales de plus en plus à l'écoute et de plus en plus formées pour diagnostiquer les commotions. Les protocoles de retour au jeu sont stricts et respectés, ce qui est une immense partie de la solution.

Le fait qu'on ne respectait pas les symptômes de maux de tête des joueurs au même titre que les douleurs au genou, par exemple, témoigne du manque d'éducation qui régnait à une certaine époque. Je suis convaincu que tout ça a changé. Les symptômes de commotions demeurent subjectifs, ce qui fait en sorte qu'il est important pour chaque joueur de ne pas les prendre à la légère et de les rapporter. L'éducation a également beaucoup progressé à ce niveau.

Un casque VicisLes progrès au niveau de l'équipement ne sont pas à négliger.

Je prends l'exemple du nouveau casque Vicis, sorti dernièrement. Ce produit a été développé par une équipe de neurochirurgiens et d'ingénieurs et des tests ont démontré qu'il offrait une protection de loin supérieure aux autres casques qui sont sur le marché depuis des années.

J'ai d'ailleurs décidé de commencer à porter ce casque cette année.

Je porte également un protecteur buccal nommé Vector conçu par Athlete Intelligence.

Un protecteur buccal VectorCette pièce d'équipement enregistre les impacts et envoie une alerte à un téléphone intelligent lorsqu'un choc qui aurait pu causer une commotion est décelé.

Je l'utilise surtout en tant qu'ambassadeur du produit puisque j'estime qu'il sera surtout utile pour les joueurs de niveaux secondaire, collégial et universitaire, qui ne disposent pas du même encadrement que les joueurs de la NFL.

Cet outil de dépistage pourra alerter les entraîneurs de façon objective à savoir s'ils doivent retirer ou non un joueur d'un match ou encore si de l'assistance médicale supplémentaire est nécessaire à la suite d'un dur contact.

En plus de la technique et de l'éducation, nous avons maintenant les outils à notre disposition pour nous protéger.

*Propos recueillis par Jean-Philippe Daigle.