MONTRÉAL – Pour les athlètes professionnels, il n’y a souvent rien de plus précieux que de pouvoir jouer devant son enfant ou ses enfants. Même s’il n’est âgé que de 28 ans, Pierre Desir vit le privilège d’évoluer dans la NFL sous le regard émerveillé de ses enfants de 11, 8 et 3 ans.

 

S’il savoure cette richesse au plus haut point actuellement, le demi de coin des Colts d’Indianapolis a dû démontrer une immense dose de détermination pour éviter que son rêve ne s’envole en fumée.

 

Pierre DesirSa réalité était loin d’être aussi rose quand il est devenu père quelques mois avant de célébrer son 17e anniversaire. Devenir père à l’âge de 16 ans constitue déjà un défi colossal, mais cette responsabilité atteint un autre niveau lorsqu’on s’apprête à entamer l’université tout en espérant atteindre la NFL.

 

Ce but devient pratiquement mission impossible quand on provient d’une famille modeste qui a immigré aux États-Unis, à partir d’Haïti, quand il était âgé de 4 ans.

 

Mais Desir n’était pas du style à se traîner les pieds. En plus de jumeler le football et ses études universitaires, il a aidé sa copine à élever leur première fille et leur deuxième qui est arrivée peu de temps après. Ce n’est pas tout, Desir a dû ajouter un travail à temps partiel à son horaire pour subvenir aux besoins de sa famille.

 

Loin de se laisser abattre, Desir a fini par attirer l’attention des recruteurs si bien qu’il a été repêché en quatrième ronde, par les Browns de Cleveland, en 2014. Son histoire a mené à de superbes reportages aux États-Unis dont celui de Bleacher Report.

 

Après deux saisons avec les Browns, Desir a toutefois été libéré. Par la suite, il n’a pas été en mesure de convaincre les Chargers de retenir des services après cinq parties. Son arrêt suivant s’est produit avec les Seahawks, mais il a été libéré sans disputer un seul match avec eux.

 

À ce moment, on aurait pu croire que la fin approchait pour lui, mais il traverse plutôt une renaissance avec les Colts d’Indianapolis depuis le milieu de la saison 2017.

 

« Je me considère très chanceux de pouvoir m’établir avec eux. De plus, ma famille adore la ville. C’est vraiment agréable de pouvoir enfin rester au même endroit. Ça revient à moi de profiter au maximum des occasions qui me sont fournies », a exprimé Desir qui était heureux d’accorder une entrevue téléphonique au RDS.ca puisque l’une de ses tantes habite à Montréal. Pierre Desir

 

Lorsqu’il était un peu plus jeune que sa grande fille, Desir était venu visiter sa tante à Montréal en compagnie de sa mère, sa sœur et son petit frère.

 

« On avait eu la chance de faire ce voyage, ça faisait longtemps qu’on avait pu voir cette partie de notre famille. »

 

Pour l’instant, son rendement laisse entrevoir de belles choses pour son avenir même si les Colts n’ont obtenu qu’une victoire en six matchs cette saison.

 

« Je crois que je me débrouille assez bien, mais je suis affamé de victoires, c’est la chose qui le plus compte à mes yeux. Je dois encore aider mon équipe davantage et c’est pourquoi je continue de travailler sur plusieurs aspects de mon jeu », a-t-il évalué.

 

La défaite en prolongation face aux Texans de Houston et celle de 20-16 contre les Eagles de Philadelphie ont particulièrement été difficiles à avaler. Dimanche, les Colts (1-5) ne peuvent pas se permettre d’échapper la confrontation contre les Bills de Buffalo (2-4).

 

« Plusieurs de nos matchs ont été serrés, mais le football se décide sur des détails. Chaque petite erreur peut influencer le résultat donc on doit trouver une manière de les minimiser. On peut encore mieux jouer », a admis le numéro 35 qui a réussi une interception face aux Texans.

 

Pierre DesirDesir s’inclut dans le groupe puisque son expérience demeure limitée pour un athlète de 28 ans. Ça s’explique par le fait qu’il n’a joué que cinq matchs en 2014, cinq en 2016 et neuf en 2017. Sa saison la plus occupée est survenue en 2015 (14 parties). Il a donc l’impression de progresser de semaine en semaine.

 

« Absolument, je me sens plus à l’aise que jamais sur le terrain. Je crois que je serai en mesure de jouer encore mieux et pendant quelques années encore », a évoqué le sympathique athlète qui s’assure de parler en français avec sa mère et les autres joueurs haïtiens qu’il rencontre sur les terrains.

 

Bien sûr, ses enfants seraient les premiers à s’en réjouir et particulièrement son garçon de trois ans qui aurait des souvenirs indélébiles en tête.  

 

« Ma famille est une immense partie de ma vie. C’est toujours très précieux pour moi de partager ces moments avec eux. Ils ont grandi au fil de ma carrière. Je suis tellement content de les voir aux matchs ou durant un camp d’entraînement », a confié Desir qui a cumulé 28 plaqués cette saison.

 

Jusqu’ici, ses enfants n’ont qu’un seul héros, mais il se prépare à l’éventualité que le joueur préféré de l’un de ses trois enfants puisse devenir Andrew Luck ou Darius Leonard par exemple.

  

« Mon fils porte toujours son casque et son chandail des Colts. Je dirais qu’ils aiment l’équipe avant tout », a-t-il noté en souriant.

 

Si ses plans de jeune homme ont été chamboulés par l’arrivée de son premier enfant, Desir prépare déjà son après-carrière.

 

« Je veux me spécialiser dans des entraînements spécifiques pour le sport avec de jeunes athlètes. J’ai pu commencer ce projet durant la saison morte et ça m’a permis de tester cette avenue », a conclu l’athlète de six pieds un pouce et 198 livres.