MIAMI – Les ailiers rapprochés sont des spécimens absolument fascinants puisque leur arsenal est si vaste et le Super Bowl LIV en sera la preuve parfaite alors que George Kittle, des 49ers de San Francisco, et Travis Kelce, des Chiefs de Kansas City, pourront briller de tous leurs feux.

 

Dans le cadre des préparatifs du match ultime, on a eu le privilège de discuter de cette confrontation prometteuse avec deux des meilleurs athlètes qui ont aidé à propulser cette position à un autre niveau : Tony Gonzalez et Rob Gronkowski.

 

Grâce à leur rôle auprès du diffuseur FOX, Gonzalez et Gronkowski seront aux premières loges pour les épier et analyser leur rendement respectif. Énergique comme il l’est, Gronk ne tient plus en place en songeant à ce spectacle.

 

Travis Kelce« Cette position a tellement évolué depuis une dizaine d’années. Quand on y songe vraiment, il y avait de bons ailiers rapprochés avant, mais désormais des attaques élaborent une grande partie de leurs plans autour d’eux. Tout a commencé avec des gars comme Tony, Jason (Witten) et Antonio (Gates). J’ai pu poursuivre dans cette veine avec d’autres gars et on voit deux magnifiques athlètes en vedette cette semaine. Maintenant, cette position joue un rôle crucial et elle reçoit enfin la reconnaissance méritée. Ça me fait tellement plaisir », a confié Gronkowski qui savoure, présentement, sa retraite du football professionnel à l’âge de 30 ans.

 

Gonzalez, un autre modèle d’excellence, a disputé sa dernière saison en 2013. Ça lui fait énormément plaisir de se reconnaître un peu dans les ailiers rapprochés qui dominent la profession ces jours-ci.

 

« Je parviens toujours à déceler quelques aspects de leur répertoire qui se rapprochaient du mien. Les deux ont un passé au basketball. Kelce, à mes yeux, est le meilleur dans la NFL pour repérer des zones où capter des ballons dans la défense adverse. Bien sûr, il peut compter sur Patrick Mahomes pour lui refiler le ballon si habilement. Quant à Kittle, il a Jon Embree comme entraîneur de position si bien qu’il doit développer une fierté dans les blocs et il le fait à merveille. Il ne le fait pas seulement bien, il en raffole. On le voit sourire quand il renverse un joueur, un peu comme Gronk le faisait », a décrit Gonzalez.

 

Quand il évoque la philosophie d’Embree, l’ancien joueur étoile des Chiefs et des Falcons d’Atlanta ne parle pas à travers son chapeau. Gonzalez a été dirigé par Embree durant le dernier droit de son séjour à KC. On peut déduire que les deux hommes n’avaient pas la même vision stratégique de la position.

 

« Quand il était mon entraîneur, je devais faire la même chose et n’allez pas commencer à dire que ce n’est pas vrai! J’ai fait bien des choses semblables à Kittle », a insisté Gonzalez en riant.

 

« Je ne vais pas vous mentir, j’étais loin d’aimer bloquer comme Kittle. Moi, j’aimais capter des ballons et il n’y avait rien d’aussi précieux à mes yeux que de marquer des touchés », a-t-il ajouté sans aucun détour.

 

Quant à Gronkowski, il a beau avoir terrorisé les défenses adverses avec les Patriots par sa production offensive, il a également adopté l’idée de multiplier les blocs et encore plus lorsque son état de santé précaire réduisait sa rapidité. Ça explique pourquoi il se voit plus en Kittle contrairement à Gonzalez. ​

 

« Je suis clairement plus comme Kittle, ça ne fait pas de doute à mes yeux. Par son attitude, sa hargne dans les tranchées et le fait qu’il veut être le joueur qui réussit le gros jeu par la passe ou via un bloc », a jugé l’homme qui était fort populaire dans une salle remplie de grands noms tels Troy Aikman, Jimmy Johnson, Michael Vick et Erin Andrews.

 

En partageant son expertise à propos de Kittle, Gronkowski était incapable de ne pas s’enflammer.

 

« Il est tellement solide dans l’ensemble de son jeu. Il déploie sa passion chaque jeu. Une fois qu’il a capté le ballon, tu es mieux de foncer avec toute ton unité défensive pour le freiner. C’est pourquoi je l’aime et que c’est la même chose pour les partisans », a vanté l’Américain qui ne sent pas encore prêt à fermer complètement la porte à un éventuel retour au jeu.

 

Ça ne veut pas dire pour autant qu’il n’est pas séduit par Kelce. En fait, il adore regarder les deux et il est fasciné par certains atouts du pilier offensif des Chiefs.

 

« Ce que j’aime de Kelce, c’est à quel point il est fluide et il peut jouer à tant de places sur le terrain. Tu dois lui attitrer un demi défensif. C’est impossible de le couvrir avec un secondeur, il va le semer si vite », a cerné le colosse qui maintient une forme physique évidente.

 

Le débat mène souvent à vouloir déterminer le plus dominant et Gonzalez a accepté de trancher, mais son explication est essentielle pour comprendre sa position.

 

« La seule chose qui me permettrait d’accorder un avantage à Kelce, c’est parce que Kyle Shanahan (l’entraîneur des Niners) et Kittle se fichent des statistiques. Les 49ers vont l’utiliser de n’importe quelle manière pour faire progresser l’attaque. Il n’a pas autant besoin d’être impliqué dans le jeu aérien. »

 

Kittle étudie Kelce depuis longtemps

 

Au lendemain de la soirée des médias, Kittle était encore un homme fort populaire et ça s’explique par sa générosité et sa personnalité. Il a expliqué que ça fait déjà longtemps qu’il épie le jeu de Kelce.

 

« Ça remonte à l’université, mon entraîneur de position (avec Iowa) me donnait des devoirs et étudier le travail de Travis était l’un d’eux. Il trouvait qu’on déployait une identité semblable sur le terrain. Ça allait en détails, comment il jouait dans la zone payante, comment il excellait sur ses tracés, son état d’esprit sur le terrain. Ce qui m’a le plus frappé, au final, c’est à quel point il s’amuse dans un environnement de football », a raconté Kittle.

 

« On me disait qu’il a pratiqué joué gratuitement à sa deuxième année parce qu’il a écopé de tellement d’amendes pour des célébrations. J’adore ça, j’aime qu’il s’exprime et qu’il s’amuse. Ça m’a permis de comprendre que c’était possible de le faire pour un ailier rapproché », a enchaîné l’athlète originaire du Wisconsin.

 

Ce sujet a ravi Gronkowski parce qu’il a été l’un des premiers à exposer l’ensemble de sa personnalité. Il affiche une fierté indiscutable par rapport à cette influence.

 

« C’est possible, j’ai peut-être aidé pour ça. Je suis content qu’ils ne se gênent pas pour s’exprimer sur le terrain et à l’extérieur. Tant mieux si j’ai pu les influencer à être authentiques », a conclu Gronkowski.

 

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