Alors qu’arrive à nos portes la 16e et avant-dernière semaine d’activités dans la NFL, un des sujets au cœur de l’actualité sera la course aux différents honneurs individuels.

On pourrait se pencher sur chacun des différents trophées, mais j’ai choisi aujourd’hui d’uniquement vous soumettre mes candidats au titre de joueur le plus utile.

Laissez-moi vous dire, en premier lieu, qu’à mon avis, le succès individuel et le succès collectif sont indissociables à mes yeux dans l’attribution de ce prix. C’est une distinction remise à un joueur bien précis, mais sa performance globale doit refléter le succès de son équipe.

Tu as beau avoir une saison phénoménale et des statistiques à tout rompre, si le tout s’inscrit dans la cadre d’une saison de quatre victoires et 12 défaites, ça perd beaucoup de sa signification.

Ainsi, lorsqu’on jette un œil sur les formations de la NFL possédant les meilleures fiches, à 12-2 11-3 ou 11-4, il y a des noms qui ressortent du lot. À mon sens, trois de ceux-ci sont des quarts-arrières, et je parle ici de Patrick Mahomes, Philip Rivers et Drew Brees.

Toujours du côté offensif, j’identifie le porteur de ballon des Rams de Los Angeles Todd Gurley comme un candidat de choix.

1. Patrick Mahomes, Chiefs de Kansas City

À mon avis, on parle ici du candidat le plus méritant au titre. Les statistiques du jeunes Mahomes sont assez ahurissantes; il est premier pour le nombre de verges aériennes (4543) et les passes de touché (45). J’apprécie aussi le fait qu’il vienne au troisième rang pour la distance moyenne de chacune de ses passes, à 8,8 verges. Cela démontre qu’il y a un degré de difficulté à ses tentatives de passes. Il est vrai que les Chiefs aiment bien se servir de la passe piège, mais Mahomes n’est pas du tout craintif lorsqu’il s’agit d’attaquer les zones profondes.

En plus des qualités de passeur qu’il a étalées, il ne faut pas oublier non plus sa grande mobilité. Sa capacité à étirer les jeux, à esquiver les sacs, relève parfois de la magie. Ç’a surtout été le cas dans les derniers matchs, alors qu’il a dû composer avec une ligne à l’attaque revampée. D’ailleurs la semaine dernière, les deux gardes partants des Chiefs, Cameron Erving et Laurent Duvernay-Tardif, étaient tous les deux absents. Il y a beaucoup de pression exercée sur Mahomes, et il trouve la façon de demeurer calme et de faire preuve de sang-froid en toutes circonstances.

À travers tout cela, les Chiefs affichent une excellente fiche de 11-3, ce qui est un aspect qui est non-négligeable.

Il y a deux autres éléments qui pour moi renforcent la candidature du jeune général. D’une part, on ne peut pas dire que la défense des Chiefs lui a rendu de fiers services tout au long de l’année. Celle-ci vient au 28e rang du circuit pour le nombre de points alloués. Elle est aussi 31e et avant-dernière pour le nombre de verges concédées. D’autre part, l’attaque au sol vient en milieu de peloton. Elle est classée au 16e rang de la ligue pour le nombre de verges par match (116), mais soulignons que les Chiefs pointent en 23e position pour le nombre total de portées (341). Cela me dit que plus souvent qu’autrement, on se fie sur le bras de Mahomes pour transporter l’attaque.

2. Philip Rivers, Chargers de Los Angeles

Transportons-nous du côté des Chargers pour parler de Rivers, qui connaît lui aussi une splendide campagne avec ses 3951 verges aériennes et ses 31 passes de touché. Force est d’admettre que ces chiffres, bien qu’excellents, sont moins reluisants que ceux de son jeune rival de division.

Et si on se prête au même exercice qu’avec Mahomes, on constate que les Chargers misent sur une défense plus chevronnée que celle des Chiefs. Elle est neuvième dans le circuit Goodell pour le nombre de points alloués, et huitième au chapitre des verges. Quant au jeu de course, il est aussi plus efficace que celui de Kansas City (12e avec 121,9 verges) et plus soutenu (18e avec 353 courses). Bref, le personnel de soutien aura mieux épaulé Rivers toute la saison que celui des Chiefs ne l’aura fait avec Mahomes.

3. Drew Brees, Saints de La Nouvelle-Orléans

Difficile de laisser le vétéran Brees à l’extérieur de l’équation puisque les Saints montrent le meilleur dossier après 15 semaines d’activités, à 12-2. Je suis conscient qu’il y a énormément de discussions entourant la saison impressionnante que connaît le no 9. Lors des tribunes ouvertes, on rappelle constamment que c’est déplorable qu’il n’ait jamais obtenu cette distinction au cours de sa brillante carrière.

Il ne faut toutefois pas perdre de vue que cet honneur vise à célébrer le travail effectué cette saison, et non l’ensemble de l’œuvre d’un joueur. Si c’était pour sa carrière en général, je n’aurais aucun problème à ce qu’on présente sur-le-champ le trophée à Brees. Mais ce n’est pas le cas, et même s’il a été brillant à ses heures en 2018 – 31 passes de touché, seulement cinq interceptions et un ratio de 75 % de passes complétées –, je ne vois pas comment il pourrait devancer Mahomes ou Rivers au scrutin.

Reconnaissons aussi que les trois dernières semaines n’ont pas été éclatantes pour le jeu aérien des Saints. Ç’a même été très modeste. Dans ces trois matchs, Brees a amassé respectivement 127, 201 et 203 verges par la passe. Durant ce même échantillon, il a totalisé deux passes pour le majeur et été victime de trois interceptions. On aperçoit donc une légère baisse de régime, qui heureusement pour La Nouvelle-Orléans coïncide avec une fenêtre durant laquelle la défense s’est élevée au rang des meilleures de la NFL. C’est vraiment l’unité défensive des Saints qui a fait la différence depuis trois matchs.

On pourrait même remonter à plus loin que cela, puisque lors des six dernières parties, la défense de Sean Payton n’a alloué en moyenne que 12 maigres points.

Le jeu au sol a lui aussi un gros mot à dire dans les 12 victoires des Saints en 14 matchs; le huitième rang de la ligue avec 127,9 verges en moyenne, et le troisième pour le nombre de remises aux porteurs de ballon, à 425. Brees bénéficie donc d’un excellent soutien, autant de sa défense que du jeu du sol.

4. Todd Gurley, Rams de Los Angeles

Les Rams connaissent une saison à tout casser malgré les deux défaites consécutives encaissées face aux Bears et aux Eagles. Et la machine qui a fait marcher les Rams à plein régime depuis le début du mois septembre, c’est Gurley, un porteur de ballon qui terrorise les défenses adverses autant par la course que comme cible aérienne. Avec son total de 21 touchés après 14 matchs, c’est lui, la pierre angulaire de l’équipe.

Fondamentalement, les Rams sont bâtis sur mesure pour le jeu au sol. À partir de là vient la possibilité de connaître du succès dans le play action. L’incapacité des autres clubs à freiner Gurley permet aux Rams de gagner la bataille du temps de possession, et à Jared Goff de réaliser des jeux explosifs par la voie des airs. Finalement, le tout enlève aussi un important stress sur la défense. Bref, l’effet domino passe par Todd Gurley dans le plan match de Sean McVay.

Est-ce un hasard que les Rams viennent de deux perdre deux matchs de suite alors qu’on a remis le ballon à Gurley 11 et 12 fois? Je serais tenté de répondre par la négative!

5. Aaron Donald, Rams de Los Angeles / Khalil Mack, Bears de Chicago / J.J. Watt, Texans de Houston

C’est la nature du sport et de la position de quart-arrière; historiquement, on s’est presque toujours consacré exclusivement de quarts quand est venu le temps de présenter le trophée de joueur le plus utile. Lorsqu’on se réfère à la liste des récipiendaires du trophée, on s’aperçoit que seuls deux joueurs défensifs en font partie. Il s’agit d’Alan Page, en 1971, et de Lawrence Taylor, en 1986. Depuis 2007, 11 des 12 derniers gagnants ont été des quarts (Adrian Peterson, en 2012, a été l’exception).

Cela peut paraître frustrant pour les joueurs évoluant à d’autres positions, mais lorsqu’on connaît l’aspect névralgique du général à l’attaque, il est difficile de ne pas pencher de ce côté. Cependant, cela ne m’empêche pas, malgré mon parcours de joueur de ligne offensive, de souligner le formidable boulot d’un trio de joueurs défensifs en 2018.

Aaron Donald accomplit des choses exceptionnelles sur le terrain. Il est un joueur que les attaques adverses tentent de doubler, mais qui malgré l’attention supplémentaire trouve le moyen de compter 16,5 sacs du quart, 25 plaqués pour des pertes et quatre échappés provoqués. Simplement dit, il est un joueur explosif et dominant.

Ceci dit, la question que je me pose toujours est la suivante : la fiche de 11-3 des Rams est-elle plus attribuable à l’excellence de leur défense ou au dynamisme de leur attaque? Je serais tenté de choisir la deuxième option.

Sans être mauvaise, la défense des Rams vient tout de même tout près du dernier tiers, en 20e position, pour le nombre de points alloués. Si un joueur de l’équipe de Sean McVay devait hériter de ce titre, ce serait à mon avis Todd Gurley bien avant Aaron Donald.

Si on voulait mettre l’accent sur l’impact qu’a eu un joueur défensif sur le rendement de son équipe, le nom du secondeur Khalil Mack en serait certainement un qui pourrait alimenter la discussion, peut-être davantage que Donald.

On parle ici d’un joueur intimidant ayant permis aux Bears à sa première saison à Chicago de se classer au troisième rang de la NFL pour les points alloués (18,9). Malgré une absence de deux rencontres, Mack affiche une récolte de 12,5 sacs, une interception et six échappés provoqués, en plus d’avoir rabattu des passes à la tonne.

Finalement, je me verrais mal passer sous silence le brio de J.J. Watt, qui peut certainement lui aussi faire partie de cette conversation avec ses 14,5 sacs du quart et ses six échappés provoqués. Il est la composante maîtresse d’une défense texane qui a donné bien du fil à retordre aux quarts adverses cette saison.

N'empêche que je m'attends à ce que le 2 février prochain, ce soit Patrick Mahomes qui sera appelé sur le podium après la saison historique qu'il est en voie de connaître.

* propos recueillis par le RDS.ca