MONTRÉAL - Il y a près de 15 ans, Lawyer Milloy a encaissé un immense choc quand il a été libéré par les Patriots de la Nouvelle-Angleterre alors qu’il se croyait à l’apogée de sa carrière. La séparation a été pénible, mais la réconciliation allait de soi puisqu’il est à jamais identifié à cette organisation.

Après la rupture avec les Patriots - en raison d’un différend salarial -, Milloy a tout tenté pour se défaire de cette étiquette, mais il n’y avait rien à faire. Même s’il a joué huit autres saisons dans la NFL avec les Bills de Buffalo, les Falcons d’Atlanta et les Seahawks de Seattle, les gens l’associent toujours aux Pats de Bill Belichick.

Milloy croyait bien pouvoir renverser cette tendance quand il a joué à Seattle, dans l’État de Washington où il a joué son football universitaire, mais rien à faire. 

« Autant j’ai essayé de ne pas être uniquement associé aux Patriots, on m’a rappelé que c’était le cas très souvent. Même à Seattle où j’ai fini ma carrière et où je demeure encore, les gens se souviennent de moi comme un joueur des Patriots », a admis Milloy qui portait fièrement sa casquette du club de la Nouvelle-Angleterre et son chandail numéro 36.

Après mûre réflexion, Milloy a fini par s’y faire et se réjouir de cette situation.

« La relation que j’entretiens avec cette organisation, c’est que je suis un champion grâce à elle. Quand c’est le cas, tu y restes attaché pour la vie. Bien sûr, je ne suis pas parti en bons termes, mais je ne peux pas renier ce lien, c’est ce que je suis. J’ai pu utiliser cette reconnaissance pour avoir un impact positif sur les jeunes et je m’en sers pour cette raison », a détaillé Milloy, un passionné de baseball, qui participe à plusieurs camps de football.

Sa dernière saison a été celle de 2010. Parachuté à la retraite à l’âge de 37 ans, Milloy a étudié la possibilité de se lancer dans une carrière médiatique en tant qu’analyste.

Il s’est cependant ravisé en voyant que sa famille avait besoin de lui. Il trouvait que l’unité n’était pas assez forte et qu’il devait s’investir à 100 % dans sa cause la plus importante.

Milloy récolte les dividendes au quotidien et il a aussi pu profiter de ce temps pour conserver une excellente forme physique. Avec humour, il explique qu’il ne pouvait pas faire autrement.

« Vous voulez connaître mon secret? J’ai quatre filles et une femme donc je dois être en forme pour faire la chasse aux garçons quand ils viennent à la maison! », a lancé l’ancien maraudeur.

« Mais je dois dire que le point tournant est arrivé à 40 ans. J’ai vraiment senti une différence comme les gens racontent souvent. J’ai eu l’impression de perdre mes abdos », a évoqué Milloy qui a terrorisé plusieurs attaques en compagnie de son redoutable partenaire de l’époque, Ty Law.

Un protecteur spécial pour Brady

Pour son passage à Montréal dans le cadre de l’évènement NFL Play 60, Milloy n’était pas accompagné de Law, mais plutôt de Kevin Faulk.

Si Milloy a, à un certain point, combattu son lien avec les Patriots, Faulk n’aurait jamais pu envisager cette possibilité. Il a eu le privilège de disputer toute sa carrière avec les Patriots de 1999 à 2011.

Tom Brady, qui arbore le chandail de Kevin FaulkCette association de 13 saisons lui a permis de développer une relation privilégiée avec Tom Brady. Questionné sur le sujet, Faulk avait une réponse pleine de sens.

« Quand tu es le dernier rempart de sécurité, même après la ligne offensive, tu es mieux de développer une relation spéciale avec ton quart-arrière. C’est crucial parce qu’il te donnera le ballon ou bien tu auras à le protéger.

« C’était simple, il fallait que je comprenne ce qu’il pensait. Quand j’ai atteint ce niveau, les matchs sont devenus plus naturels et le contexte a vraiment changé. Ce fut nettement plus facile parce que je savais ce qu’il allait faire », a raconté Faulk qui a été touché par la contribution surprise de Brady à son intronisation au Temple de la renommée des Patriots.

Sans s’être établi comme une grande vedette, Faulk a personnifié de manière parfaite la philosophie des Patriots. Il a toujours pensé au bien collectif en priorité et il a contribué de toutes les manières imaginables. Faulk explique sa polyvalence avec une grande simplicité.

« J’ai toujours voulu faire le plus que je pouvais pour mon organisation. Ça te permet de demeurer utile à ton équipe et de l’aider davantage », a répondu celui qui a remporté le Super Bowl face aux Rams, aux Panthers et aux Eagles.

Une recrue qui n'a pas raté sa rentrée

Par un heureux hasard, les Patriots avaient délégué le joueur de ligne offensive Joe Thuney pour se rendre à Montréal avec Faulk et Milloy.

Faulk avait eu le privilège d’annoncer la sélection de Thuney sur la scène lors de la troisième ronde de l’encan 2016.

La tournée NFL Play 60 s'arrête à Montréal

« On a regardé les images ensemble, c’était amusant. Il avait aussi dit que j’étais un secondeur, il s’était trompé de position! On en rit maintenant et c’est bien de partager des moments avec des anciens », a confié Thuney qui s’est établi comme le garde à gauche partant à sa saison recrue.

Originaire de l’Ohio, Thuney a grandi en tant que partisan des Bengals de Cincinnati. On présume que le gentil colosse de six pieds cinq pouces et 305 livres a souvent détesté Brady quand il était plus jeune puisque les Patriots n’ont pas ménagé les Bengals depuis sa naissance.

« Non, je me souviens plus à quel point je trouvais qu’ils étaient bons. Ils étaient toujours en éliminatoires et ils faisaient de longs parcours. Je suis reconnaissant de pouvoir en faire partie maintenant », a préféré répondre Thuney avec diplomatie. 

L’Américain, qui a étudié en affaires et qui s’exprime aussi en espagnol, est un passionné de voyage. Le court séjour à Montréal lui plaisait donc énormément. 

« C’est merveilleux de voyager. Pour moi, c’est important de découvrir comment les gens vivent dans d’autres cultures. Ça aide d’avoir plus de perspective sur la vie », a mentionné Thuney, que l’on imaginerait facilement comme un ami à Laurent Duvernay-Tardif.