La scène où l'on voit Ryan Shazier des Steelers de Pittsburgh se blesser est très difficile à regarder.  Dès le jeune âge, on apprend aux jeunes joueurs à ne pas plaquer avec le dessus de la tête.

On apprend à ne pas frapper de la sorte parce que c'est la ligne de la colonne vertébrale qui risque d'encaisser le coup. Ça peut être dangereux pour la compression ou des fractures.  Ce n'était pas beau à regarder. On voyait que Shazier était en panique et qu'il avait du mal à bouger ses jambes. C'est le côté sombre du football que nous avons vu lundi.

La bonne nouvelle est que Shazier a réussi à bouger et à ressentir des sensations dans ses extrémités. On lui souhaite de s'en remettre complètement, mais il est parfois difficile par après de revenir. J'ai déjà subi des blessures sérieuses sur un terrain de football et je peux vous confirmer qu'il n'est pas facile de se concentrer par la suite. La tête n'est pas totalement au football.

C'était difficile aussi pour les joueurs de Steelers de poursuivre par la suite. On a même vu des coéquipiers à Shazier pleurer sur les lignes de côté.

Le message ne passe pas encore

Les suspensions imposées à JuJu Smith-Schuster des Steelers de Pittsburgh et à George Iloka des Bengals de Cincinnati sont totalement méritées.

La NFL cherche à éliminer les coups comme celui dont nous avons été témoins lundi soir.  La ligue veut protéger les joueurs vulnérables et elle a très bien fait de sanctionner les deux athlètes.  On a l'impression que le message ne passe pas parce qu'on a assisté à plusieurs évènements violents au cours des dernières semaines. La rencontre entre les Steelers et les Bengals a été particulièrement vicieuse. Ce n'est certes pas l'image que le sport veut présenter et c'est peut-être aussi une des raisons pour lesquelles les cotes d'écoute sont à la baisse aux États-Unis.

Après l'épisode des commotions cérébrales, voilà que les terrains de football sont le théâtre de gestes vicieux. Il faut que la ligue frappe sévèrement pour inverser cette tendance. Je n'aurais aucune réticence à voir des athlètes suspendus longtemps.

Le Gronk est suspendu aussi

Le receveur de passes Rob Gronkowski des Patriots de la Nouvelle-Angleterre a également écopé d'un match de suspension pour un coup porté à l'endroit de l'ailier défensif Tre'Davious White des Bills de Buffalo. 

Le coup était flagrant alors que le jeu était terminé. C'était disgracieux et prémédité. Le Gronk a montré tout ce qu'on ne veut pas voir d'un joueur vedette de la NFL. Il aurait peut-être eu matière à pénalité auparavant, mais il n'y a rien qui justifie le comportement du partenaire de jeu de Tom Brady.

Gronkowski a beau être fâché, il se doit de contrôler ses émotions.  On joue au football avec émotion, mais un athlète doit être en mesure de la contrôler. Cette fois, il a perdu le contrôle et il a posé un geste extrêmement dangereux.

Dans un sens plus large, Gronkowski s'en est pris à un collègue de travail qui évolue dans la même ligue que lui. Si j'avais été le préfet de discipline de la NFL, il aurait écopé de plus d'un match, vous pouvez me croire. Le circuit aurait pu se servir de ce geste pour donner l'exemple. White était à l'extérieur du jeu et Gronkowski ne peut pas dire qu'il n'a pas vu ce qui s'est passé.

Tous les joueurs suspendus cette semaine ont porté leur dossier en appel, mais j'ai comme l'impression que le tout est procédural. Les athlètes vont toujours en appel pour s'assurer que tout a été respecté dans le processus qui a mené à la décision de la ligue. Je pense que c'est plutôt une démarche de l'Association des joueurs que de Gronkowski, qui a présenté ses excuses après la rencontre pour son coup salaud. Même son entraîneur Bill Belichick n'était pas heureux de son geste.

Le ménage à New York

L'entraîneur des Giants de New York Ben McAdoo a écopé lundi pour la piètre saison de son équipe et pour certaines décisions qu'il a prises. Ça fait partie du côté sombre du métier et du monde du sport. Les propriétaires ne sont pas très patients. Dès que ça ne fonctionne pas, tu es dehors.

Dans le cas de McAdoo, je pense que son renvoi est justifié. Il n'a jamais été capable de gérer ses joueurs. Il ne faut pas oublier qui était relativement jeune à 40 ans pour piloter une équipe de la NFL.  On lui a donné une chance, mais il n'a pas été en mesure de contrôler des joueurs comme Dominique Rodgers-Cromartie et Odell Beckham Jr. Quand les choses allaient mal, il n'a pas été capable de rallier son équipe et de vendre son concept de jeu à ses hommes.

Il a pris des décisions controversées comme celle de laisser Eli Manning sur le banc. Il avait déjà manqué de respect à plusieurs joueurs, voila qu'il s'attaque à monsieur Giants, ce qui a provoqué une crise publique.  Le ménage était pratiquement inévitable. Le directeur général Jerry Reese a lui aussi écopé et on lui a indiqué la porte.

Les Seahawks sont à surveiller

Les Seahawks de Seattle ont signé une importante victoire contre les Eagles de Philadelphie en dépit de l'absence de plusieurs joueurs importants, ce qui est un bon signe pour la suite des choses.

Les jeunes joueurs en relève ont vraiment bien fait. Je pense notamment à Bradley McDougald et Shaquill Griffin, qui ont brillé en défensive. Le front défensif a été en mesure d'attaquer le front adverse, ce qui  permet de pallier aux pertes dans la tertiaire et à forcer les quarts à se débarrasser du ballon rapidement.

En attaque, le quart Russell Wilson est tout à fait incroyable, lui qui joue son meilleur football à vie. Tout tourne autour de lui, mais tant et aussi longtemps qu'il jouera comme ça, les Seahawks seront très dangereux en attaque parce qu'il peut créer des jeux explosifs grâce à sa capacité d'improvisation.

Cette équipe pourrait être dangereuse et si elle parvient à s'approprier l'avantage du terrain en éliminatoires pour un match ou deux.  Les Seahawks pourraient être à surveiller.

*propos recueillis par Robert Latendresse