Pier-Olivier Lestage ne déroge pas de son plan A. La COVID-19 a peut-être empêché le joueur de ligne offensive des Carabins de l’Université de Montréal d’enfiler ses épaulettes pendant près d’un an et demi, il vise néanmoins toujours la NFL la saison prochaine.

 

Autrement, il y aura toujours la Ligue canadienne de football (LCF), peut-être même les Alouettes de Montréal, ou encore un retour chez les Bleus.

 

« Je n’ai vraiment aucune porte de fermée, c’est le côté positif, a relativisé le colosse de 6 pi 3 po et 295 lb, lundi en visioconférence. Peu importe ce qui arrive, j’ai une place pour jouer au football l’automne prochain ou l’automne d’après s’il n’y a pas de saison. »

 

Dans l’espoir de séduire un club de la NFL en vue du prochain repêchage et de s’offrir une fraction de la visibilité dont il a été privé dans la dernière année, Lestage a récemment séjourné aux États-Unis, où il a pu s’entraîner sous la supervision de Paul Alexander, un gourou de la ligne offensive ayant fait sa marque pendant près de 25 ans avec les Bengals de Cincinnati.

 

Alexander, rencontré quelques mois plus tôt entre les murs du CEPSUM à Montréal, ne s’est pas fait prier pour chanter les louanges de Lestage sur son compte Twitter, affirmant même qu’il allait être le prochain joueur de ligne offensive canadien à percer dans la NFL.

« C’est sûr que quand il dit quelque chose, il est écouté. Il y a beaucoup de gens qui suivent son compte Twitter, alors c’est sûr que c’est vraiment bon pour la visibilité. Il parle aussi à certains recruteurs à mon sujet. Quand je suis allé faire mon Pro Day avec lui, il a envoyé la vidéo à certains recruteurs qui voulaient le voir. [...] Avoir Paul Alexander dans mon coin, ça peut juste être positif. »

 

Lestage a de plus profité de sa visite chez nos voisins du Sud pour participer au Tropical All Star Bowl à la mi-janvier, un match d’étoiles réunissant majoritairement des joueurs américains rêvant comme lui d’une place dans le circuit Goodell.

 

« J’ai été chanceux, parce que j’ai pu mettre des épaulettes en Floride pendant 2 ou 3 jours. Mais c’est sûr que ce n’est pas assez pour rattraper l’année et demie que j’ai manquée à cause du COVID », a concédé Lestage, qui pense être parvenu tout de même à capter l’attention d’éclaireurs de la NFL après une première journée ardue.

 

« Quand je suis allé au Tropical Bowl, ça faisait peut-être 1 ou 2 semaines que les pratiques étaient finies pour [les joueurs américains] et qu’ils avaient participé à des Bowls. Deux semaines de rouille contrairement à un an et demi pour moi, c’est sur que c’est différent. Je pense que les recruteurs en ont tenu compte, tout comme le fait que je suis un joueur canadien qui avait un ajustement à faire en ce qui a trait aux règles. »

 

Afin d’améliorer ses chances, Lestage a par ailleurs poursuivi sa transition vers le centre de la ligne offensive après avoir évolué au poste de garde chez les Carabins.

 

« En apprenant la position de centre, je mets toutes les chances de mon côté. Je dirais même qu’on me voit plus comme centre que comme garde maintenant du côté de la NFL », a expliqué celui qui à 6 pi 3 po est trop petit pour jouer à la position de garde.

 

Les Alouettes, l’autre rêve

 

De retour au Québec, où il achèvera sa quarantaine de 14 jours jeudi, Lestage attend maintenant les coups de fil d’équipes de la NFL et de la LCF désireuses de le convoquer en entrevue.

 

Classé 10e meilleur espoir par la centrale de recrutement de la LCF en prévision du repêchage qui devrait avoir lieu ce printemps, Lestage est le joueur le mieux classé parmi tous ceux issus des rangs universitaires canadiens. Lestage n’a cependant discuté qu’avec une seule formation de la LCF jusqu’ici, les Blue Bombers de Winnipeg, lors du College Gridiron Showcase au Texas, un autre événement auquel il a pris part durant son récent voyage aux États-Unis.

 

« Il y a une opportunité pour moi dans la NFL, alors je vais évidemment tenter de saisir ma chance. Si je ne parviens pas à percer, je serai très heureux de jouer dans la LCF parce qu’en grandissant, je regardais souvent du football à la télévision et c’était toujours de la LCF. »

 

Lestage l’admet, il a toutefois un penchant naturel pour les Alouettes de Montréal et le directeur général Danny Maciocia, qui a récemment greffé à sa formation plusieurs de ses anciens protégés des Carabins.

 

« Danny Maciocia a été mon coach ces trois dernières années. Je pense qu’il fait du bon travail à mettre sous contrat des gars du Québec alors qu’il tente de bâtir quelque chose chez les Alouettes. Ça signifierait beaucoup pour moi de pouvoir jouer ici, rester près de ma famille et rester près d’où je viens », a confié celui qui a encore au moins une année d’admissibilité dans les rangs universitaires canadiens.

 

Peu importe quel uniforme reposera sur ses épaulettes la saison prochaine, Lestage jure que la dernière année n’a pas retardé son développement.

 

« Ce fut une année triste pour tous les joueurs de football au Canada, je ne dirai pas le contraire. Mais je ne me plains pas. J’aurais évidemment aimé jouer au football, mais je ne pense pas que je serai en retard l’an prochain, que je joue avec les Carabins, dans la LCF ou la NFL. Je serai correct. »