Suivez le Super Bowl 54 entre les Chiefs et 49ers ainsi que l'avant-match de Blitz, dimanche dès 17 h sur RDS et RDS Direct.

L'avant-match

MIAMI – Il ne suffit que de quelques minutes – voire quelques secondes – pour repérer Tyrann Mathieu durant un match de football. Véritable machine de plaqués qui n’a peur de rien sur le terrain, l’athlète de 27 ans n’a pas toujours été un exemple pour les autres, mais il a fini par se regarder dans le miroir.

 

Son introspection a été judicieuse puisque Mathieu se classe désormais parmi les plus grands meneurs des Chiefs de Kansas City avec Patrick Mahomes, et ce, après une seule année avec cette organisation.

 

Mathieu a d’abord été élevé par ses grands-parents puisque son père était en prison pour meurtre tandis que sa mère avait déterminé qu’elle ne pouvait pas s’occuper d’un enfant de plus. Lorsque son grand-père est décédé quand il avait cinq ans, Mathieu a été adopté par son oncle et sa tante.

 

Il a tout de même grandi avec l’immense douleur d’avoir été mis de côté par sa mère pendant plusieurs années. Dans sa tête d’enfant, il a rapidement conclu qu’il devait tout faire pour impressionner sa mère en pensant que ça inciterait celle-ci à le reprendre avec elle et ses frères et sœurs.

 

Le football lui aura toujours permis d’évacuer sa frustration et c’est véritablement dans les rangs universitaires, à LSU, que Mathieu a commencé à faire écarquiller les yeux. Puisqu’il était tenace et qu’il ne reculait devant personne malgré son physique de cinq pieds neuf pouces et 185 livres, Mathieu a été surnommé le Honey Badger, ce petit animal reconnu pour les mêmes qualités.

 

Dès sa deuxième année à LSU, il s’est imposé comme l’un des meilleurs joueurs universitaires au pays. Ses écarts de conduite, principalement consommation de marijuana, l’ont cependant mené à être viré du prestigieux programme.

 

Mathieu s’est donc retrouvé sur la touche pour la saison 2012, mais il a tout de même été repêché en 2013, par les Cardinals de l’Arizona, en raison de son talent indiscutable.

 

À partir de ce moment, c’est via les blessures qu’il a été éprouvé : double déchirure ligamentaire au genou à sa saison recrue et déchirure du ligament croisé antérieur à sa troisième saison.

 

« Celle-ci a été vraiment pénible. Je ne savais plus si le football me convenait comme carrière. J’avais juste l’impression que je n’arrêtais pas de me blesser », a confié Mathieu à RDS et quelques confrères cette semaine.

 

« Mes blessures étaient très sérieuses et bien des joueurs ne parviennent pas à se remettre de blessures comme celles-ci et c’est encore plus vrai pour des demis défensifs, on a tellement de changements de direction à faire. Heureusement, j’ai eu des conversations avec de bonnes personnes qui m’ont grandement encouragé à m’accrocher. »

 

Mais Mathieu n’était pas au bout de ses peines. Après sa cinquième saison avec les Cardinals, il a refusé une diminution de salaire et il a été libéré.  Pour un athlète fier comme lui, ce traitement était difficile à digérer.

 

« J’ai traversé des épreuves durant mon parcours. C’est clair que d’avoir été libéré par Arizona a été tout un coup sur l’orgueil, ça donne une leçon d’humilité. J’avais déjà été renvoyé par une équipe auparavant, mais je n’avais jamais été libéré. J’ai eu besoin de faire une réflexion et de repartir à zéro. J’ai fini par voir cela comme un nouveau départ et je voulais profiter de cette nouvelle occasion », a-t-il expliqué.

 

Cette renaissance a eu lieu avec les Texans de Houston et il a constaté que ce changement d’air a été plus que salutaire pour lui.  

 

« Je suis très bien tombé à Houston, ils m’ont permis de rester fidèle à ma personnalité. Cette saison a relancé ma carrière », a dit Mathieu qui se sentait étouffé par l’organisation des Cards.

 

Flamboyant, il avait besoin d’une équipe prête à l’accueillir pour ses forces.  

 

« Je considère que j’ai été éprouvé au football, mais je me sens bien maintenant, c’est ma troisième équipe et je crois que je peux m’établir à long terme avec les Chiefs (il a signé un contrat de trois ans). Ils me veulent comme je suis, très énergique et débordant de vie », a noté Mathieu qui sera un élément déterminant en défense face aux 49ers dimanche.

 

Même s’il n’a pas encore franchi la trentaine, Mathieu se sent comme un chat qui a déjà traversé plusieurs vies.

 

« Oui, je crois que c’est une bonne façon de le dire. J’étais ce jeune garçon qui essayait de faire sa place en Arizona, de gagner du respect dans la NFL. Je voulais aussi montrer ma personnalité à l’extérieur du terrain. Maintenant, je sais que je suis assez fort pour m’accrocher dans les moments éprouvants », a déterminé le numéro 32 des Chiefs.

 

Traversant une période nettement plus heureuse de son existence, Mathieu savoure à fond cette présence au Super Bowl.

 

« Je suis extrêmement fier et encore plus heureux pour les personnes qui m’ont aidé. Ils m’ont permis de croire en moi-même. J’ai fini par accepter les critiques et je me suis regardé dans le miroir. J’ai réalisé qui j’étais et ce que je voulais être. J’ai dû changer bien des choses », a conclu Mathieu en citant Larry Fitzgerald, Patrick Peterson, qui est comme un frère pour lui, et l’entraîneur-chef Bruce Arians qui lui ont donné de l’espoir.

 

Reid débarre sa cage juste pour les matchs

 

Après les noms de Patrick Mahomes et Travis Kelce, celui de Mathieu a énormément retenu l’attention cette semaine et pour les bonnes raisons cette fois. Ses coéquipiers sont fascinés son impact positif et immédiat à Kansas City.  

  

« Sa valeur est inestimable, il a été un élément tellement important cette année. Notre défense a pu se rallier autour de lui. Il est un bon meneur sur le terrain et par sa façon de communiquer. On devient tous meilleurs grâce à lui », a vanté Daniel Sorensen.

 

« C’est vraiment l’un de nos grands meneurs dans l’équipe. Il est arrivé cette année et parfois ça prend du temps pour s’intégrer dans un groupe, mais ça s’est littéralement fait en deux secondes pour lui. Il mène notre défense et il a une énergie incroyable. Il est partout sur le terrain et ça se reflète aussi dans sa manière de comporter dans le vestiaire », a ajouté Laurent Duvernay-Tardif.

 

Frank Clark, qui a aussi connu des périodes troubles dans sa vie, est épaté par l’évolution du jeune homme.  

 

« Le crédit lui revient, on traverse tous des épreuves et il faut savoir se relever. Ça démontre à quel point sa volonté de réussir était élevée. Maintenant, c’est clair qu’il veut être un exemple pour ses coéquipiers et être imputable. Les gars veulent aller se battre avec lui sur le terrain. C’est génial de savoir qu’on compter sur lui », a souligné Clark.

 

Laissons le dernier compliment à son entraîneur Andy Reid.  

 

« On avait entendu dire qu’il était un bon meneur et il est encore mieux que ça. C’est une personne phénoménale qui a surmonté tellement d’épreuves.

 

« Je lui fais souvent la même blague selon laquelle je possède la clé d’une cage et je débarre celle-ci juste pour les matchs afin de que le Honey Badger sorte! »