Le dossier de Le’Veon Bell avec les Steelers de Pittsburgh a fait couler beaucoup d’encre depuis non seulement les dernières semaines, mais également les dernières années. En fait, les disputent contractuelles ont lieu entre les deux clans depuis 2016.

Beaucoup d’éléments sont survenus depuis ce temps, dont une suspension pour avoir enfreint la politique antidopage, Bell a fait passer certains messages par l’entremise de son compte Twitter, des coéquipiers mécontents et j’en passe. Nous avons eu droit à plein de rebondissements alors qu’on s’attendait à ce que le porteur de ballon soit de retour avec l’équipe après la septième semaine d’activités, mais finalement le sort est tombé.

En tant qu’analyste, je ne peux cacher que je suis tout de même satisfait qu’il y ait un dénouement à cette saga, même si ce n’est pas la fin que j’aurais souhaitée. On veut voir les meilleurs joueurs de football sur le terrain et Bell fait partie de ce groupe. C’est dommage qu’il ne sera pas sur le terrain cette saison.

De plus, c’est une mauvaise situation pour les deux parties impliquées. Tout d’abord chez les Steelers, il est vrai que l’organisation sauve de l’argent. Bell aurait commandé un salaire de 14, 5 millions $, et même si on considère le salaire qui doit être versé au remplaçant de Bell, les Steelers sauvent tout près de 14 millions $.

Par contre, si tu veux gagner dans la NFL et si tu vises les grands honneurs, tu as besoin d’avoir tes meilleurs joueurs sur le terrain et de maximiser ton plafond salarial. C’est certain que les Steelers ont plus de chances de remporter le Super Bowl avec Bell sur le terrain que sans lui.

L’attaque fonctionne présentement à plein régime, James Conner joue très bien, l’attaque aérienne va très bien, grâce notamment au travail du jeu au sol. Cependant, une blessure sérieuse à Conner pourrait tout chambouler. Imaginez le champ-arrière des Steelers avec Bell et Conner. Non seulement, Mike Tomlin aurait une police d’assurance si jamais l’un des deux venait à se blesser, mais ils apportent chacun des éléments différents puisque Bell est supérieur à son coéquipier pour recevoir des passes de Ben Roethlisberger.

Déjà les Steelers figuraient parmi les favoris dans l’Association américaine pour accéder au match ultime, mais avec Bell dans l’alignement, ils auraient été des prétendants encore plus sérieux pour les grands honneurs.

Dans le cas du porteur de ballon, sa décision fait en sorte qu’il ne reverra plus ses 14, 5 millions $. Je ne sais pas si c’est courageux comme décision, car même si je comprends qu’il souhaite éviter les blessures et prendre soin de son corps, au final, il rejette 14, 5 millions $. On a tout de même vu ce qui s’est produit avec Earl Thomas en début de saison et Bell a un historique de blessures. On peut comprendre les organisations d’hésiter lorsque vient le temps d’accorder d’immenses contrats lucratifs à des porteurs de ballon lorsqu’on voit des Conner, Kareem Hunt ou autres arriver avec leur contrat de recrue et obtenir autant de succès. Je ne sais pas si Bell sera en mesure de compenser cette perte de 14, 5 millions $ avec une nouvelle entente.

Il est vrai qu’avec ce choix, Bell ménage son corps pour cette saison, mais il y a différentes écoles de pensée qui ont leur point de vue sur la question. Certains avancent qu’il pourrait perdre quelque peu son rythme avec une année sans jouer, alors que d’autres soutiennent que même s’il n’est pas sur le terrain, son corps vieilli malgré tout. Ainsi, sans recevoir de contact, son corps ajoute une année de plus au compteur et rien n’indique qu’il jouera une saison de plus dans la NFL après cette année loin de l’action. Elle est peut-être tout simplement perdue.

J’ai bien hâte ce qui va survenir pour la suite des choses l’an prochain, mais c’est une situation désolante à mon avis pour les deux parties.

Un congédiement qui n'est pas le vrai problème

Les Bengals de Cincinnati ont procédé cette semaine au congédiement de leur coordonnateur défensif Teryl Austin et cette décision, je peux la comprendre. Pour l’une des premières fois dans la NFL, si ce n’est la première, une défense accordait plus de 500 verges pour un troisième match de suite.

Par contre, j’ai l’impression que l’organisation applique un pansement sur une plaie qui est déjà bien ouverte. J’ai de la difficulté à croire que l’entraîneur-chef Marvin Lewis soit toujours en poste. Il est en poste depuis 16 ans et je comprends que tu recherches une certaine stabilité, mais les résultats doivent suivre à un moment. Depuis 2015, les Bengals n’ont pas participé aux éliminatoires et n’ont jamais remporté un match en pareille situation.

En 2016, l’équipe a présenté un dossier de 6-9-1 avant d’enchaîner avec une saison de 7-9 et cette année, l’équipe a signé cinq victoires contre quatre revers et je ne pense pas qu'elle enregistrera plus de huit victoires. Ce ne sera pas assez pour participer aux éliminatoires.

En plus du congédiement, Lewis s’ajoute une fonction supplémentaire alors qu’il devient en quelque sorte le coordonnateur défensif. C’est bizarre comme dossier. Je suis presque certain qu’il perdra son emploi à la fin de la présente saison.

Jones force la main des Packers

Les Packers de Green Bay ont finalement trouvé un porteur de ballon numéro un en Aaron Jones. On savait depuis un moment qu’il était un bon porteur, mais il s’est illustré dernièrement et l’équipe semble prête à lui confier ce rôle. Il en est à sa deuxième saison et même si on voyait qu’il était explosif lors de ses portées, il a toujours eu à partager le poste avec d’autres porteurs de ballon, dont Ty Montgomery la saison dernière. Les Packers ont voulu y aller par comité, mais il mérite sa chance comme premier demi-offensif établi.

L’an dernier, Jones a maintenu une moyenne de 5,5 verges par course, et ce sur un total de 81 portées. L’échantillon est quand même intéressant pour voir qu’il peut faire preuve de constance. La saison dernière, il avait notamment amassé plus de 100 verges au cours de deux rencontres.

Les Packers n’ont donc plus le choix de lui confier ce poste de numéro un. Même s’il connaît de bonnes prestations cette saison, on semble hésiter à faire davantage appel à ses services. Il a connu un match de 15 courses pour 145 verges et deux touchés contre les Dolphins de Miami, mais ça ne demeure que 15 courses au final.

Il a les outils pour être dominant et encore plus comme l’ont illustré les NextGen stats. Il a enregistré une course à 21,33 MPH, soit la plus rapide au cours des trois dernières saisons dans la NFL. Au cours de la rencontre, il enregistre 7,9 verges avant le premier contact ce qui est incroyable. Le crédit revient aussi à la ligne à l’attaque. Certaines sont bonnes pour créer des brèches et la combinaison entre la vitesse de Jones et la ligne à l’attaque des Packers me semble parfaite. Ce n’est pas le cas de tous les porteurs de ballon, quand on pense à Bell qui piétine dans le champ-arrière avant de trouver une ouverture, Jones fonce à pleine vitesse.

C’est surprenant à un certain point que les Packers aient mis autant de temps avant de se tourner vers lui régulièrement, car avec une défense adverse qui est concentrée à arrêter Aaron Rodgers, cette situation pourrait fortement être profitable à Jones et à l’attaque au sol. L’attaque deviendrait doublement plus efficace et dangereuse si Rodgers pouvait compter aussi sur un jeu au sol qui peut causer des dommages.

Les Browns ont tourné le coin

Je me lance lors de mon prochain sujet : après la semaine 10 de la saison 2018, les Browns de Cleveland ont finalement tourné le coin et je ne dis pas ça uniquement parce qu’ils viennent de vaincre les Falcons d’Atlanta.

Je pense avoir assisté à l’un des meilleurs matchs des Browns depuis de nombreuses années alors que les sélections de jeux en défense et en attaque étaient judicieuses, Baker Mayfield a été fort efficace et le jeu au sol était dynamique. Tous les morceaux semblent en place et le noyau est intéressant à Cleveland.

Le problème à mon avis de cette équipe était sur le plan du coaching. C’est difficile à dire comprenez-moi bien comme je suis de l’extérieur, car je ne sais pas tout ce qui se passe au sein de l’équipe, mais il semble assez clair que Hue Jackson et son groupe d’entraîneurs n’étaient pas le bon personnel pour le noyau de joueurs en place. Mayfield a d’ailleurs connu ses deux meilleurs matchs depuis qu’il y a de nouveaux entraîneurs.

J’avance que l’équipe a tourné le coin et que les années de misère sont derrière elle en raison du noyau de joueurs qu’on retrouve dans cette formation.

Mayfield, le premier choix au dernier repêchage, est un vrai de vrai. Il a tous les outils en plus d’avoir une attitude qui porte à donner confiance à ses coéquipiers. J’ai adoré sa citation où il dit qu’il s’est réveillé et qu’il se « sentait dangereux ». On ne savait pas auparavant si une telle chose aurait pu être entendue d’un joueur des Browns, mais c’est la nouvelle culture qui se met en place. Je ne trouve pas non plus que ce soit de l’arrogance mal placée. C’est un compétiteur et il est confiant en ce qu’il fait. Il est sans contredit la pièce maîtresse de cette équipe.

Les Browns ont aussi un bon duo de porteurs de ballon en Nick Chubb et Duke Johnson. Ils ont d’ailleurs décidé de se départir de Carlos Hyde alors qu’ils ont confiance en leurs deux demi-offensifs.

L’équipe possède également une bonne ligne à l’attaque et sur la ligne défensive, Myles Garrett fait des ravages. De son côté, Denzel Ward est très prometteur, lui qui a été sélectionné au dernier repêchage.

L’équipe est menée par John Dorsey comme directeur général. J’ai toujours apprécié son travail, alors qu’il a bâti les Chiefs de Kansas City et il semble sur la bonne voie avec les Browns. D’ailleurs, il a sans doute décidé de rapidement couper les ponts avec Jackson et son groupe afin de préparer le terrain pour les nouveaux entraîneurs pour que tout se mette en place rapidement. Je suis d’avis qu’ils sont déjà à la recherche des meilleurs candidats possible et ce seront des embauches cruciales. Il faudra non seulement un bon entraîneur-chef, mais aussi de bons coordonnateurs pour entourer ce groupe de joueurs.

L’équipe ne participera pas aux séries cette saison avec une fiche de 3-6-1, mais ce qu’ils montrent sur le terrain est de loin plus encourageant que la saison dernière.

À voir et à écouter!

Finalement, je veux glisser un mot sur le garde des Colts d’Indianapolis Quenton Nelson. Sur la vidéo que je vous invite fortement à regarder, mais n’oubliez pas de mettre du son comme il porte un micro, on le voit écraser un secondeur des Jaguars de Jacksonville.

La combinaison entre l’image et le son est tout simplement incroyable. C’est si difficile à décrire et j’ai même ri en voyant le jeu.

Lorsqu’il a été repêché au sixième rang cette année, on entendait dire qu’il était l’un des meilleurs gardes et qu’il le serait pour longtemps. Il vient tout juste d’être nommé recrue offensive du mois d’octobre. Vous comprenez bien, un garde a reçu un tel honneur! C’est déjà difficile d’hériter du titre en attaque, mais que ce soit un garde, c’est encore plus un exploit. On voit à quel point il se démarque.

Il avait dit au repêchage qu’il aimait écraser du monde sur un terrain de football et c’est exactement ce qu’il fait sur ce jeu.

Il est l’une des raisons pourquoi Andrew Luck peut connaître une aussi bonne saison alors qu’il est mieux protégé et que les Colts ont leur part de succès au sol.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant