MONTRÉAL – Il faudrait être bête pour contredire un colosse de six pieds huit pouces et 320 livres, mais inutile de s’embarquer dans cette aventure puisque David Foucault a tout simplement raison quand il prétend qu’il était détenteur du meilleur billet pour le dernier Super Bowl. 

Mais, à 27 ans, avec un bagage de deux saisons dans la NFL, le produit des Carabins de l’Université de Montréal se sent apte à céder cette place sur les lignes de côté pour un rôle déterminant avec les puissants Panthers de la Caroline.

« J’ai progressé au point que je suis prêt à être de la formation partante. Je dois encore travailler sur des petits points techniques, mais il faut surtout que je gagne en expérience en disputant des matchs », a évalué le numéro 63 lors d’une visite dans les studios de RDS, lundi, en compagnie de sa copine, une golfeuse qui aspire à la LPGA.

« J’ai également développé ma condition physique, je suis plus fort que l’an passé. C’est vraiment de l’expérience que je dois acquérir », a poursuivi l'imposant athlète qui a transféré de la ligne défensive à celle offensive sous l’influence de Danny Maciocia, son entraîneur à l’UdeM.

En quelque sorte, Foucault a effectué un léger pas de recul en 2015 pour en faire deux vers l’avant en 2016. Membre de la formation régulière en 2014 – alors que la ligne offensive était en transformation –, Foucault a été placé sur l’équipe d’entraînement cette année afin de parfaire son développement.

Signe que les efforts ont porté fruit, les Panthers n’ont pas tardé à lui accorder un nouveau contrat il y a une semaine, seulement deux jours après le revers de 24-10 au Super Bowl 50 contre les Broncos de Denver.

« Je pense que ça confirme ma progression, je n’ai reçu que de bons commentaires de mes entraîneurs et mes coéquipiers. Même si ça ne me garantit pas un poste, ça me donne un contrat et surtout la chance de demeurer avec la même organisation et dans le même environnement. Je n’aurai pas besoin d’apprendre un autre cahier de jeux ou me familiariser avec d’autres joueurs. Je vais pouvoir profiter d’un autre camp pour démontrer ce que je peux faire, je suis vraiment content », a confié Foucault qui espère accéder à la formation régulière via ce chemin.

Le mastodonte à la bouille sympathique se fie sur le bilan avec les entraîneurs pour aborder la suite des choses avec optimisme.

« À la fin de chaque année, on va s’asseoir et on discute avec nos entraîneurs dont celui de notre position. Je voulais surtout écouter les commentaires de mon entraîneur de la ligne offensive (John Matsko) et il était vraiment content de ce que j’ai réussi cette année », a révélé le produit québécois qui ne songe pas encore à revenir en sol canadien où ses droits appartiennent aux Alouettes de Montréal dans la LCF.

« Il (Matsko) me donne même la chance d’aller m’entraîner avec Jackie Slater, un membre du Temple de la renommée qui a joué pendant 20 ans dans la NFL avec les Rams de Los Angeles et de St Louis. »

David FoucaultFoucault se rendra donc en Californie durant une semaine à la fin mars au domicile de l’un des meilleurs bloqueurs de son époque qui est également le père de Matthew Slater, des Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

« Il va me donner des trucs, je pense que ce sera très bon pour mon développement. Mon entraîneur sera bien content aussi », a enchaîné Foucault, fidèle à sa personnalité, en se permettant cette touche d'humour.

Grâce à ce bagage de connaissances plus élevé, le « professeur de français » des Panthers se sentira d’attaque à retourner aux installations de son équipe pour lutter afin de ravir un poste sur la ligne offensive. À moins d’un changement, il se retrouverait notamment en compétition avec Michael Oher, le bloqueur à gauche, qui manque de constance.

« C’est un gars avec beaucoup d’expérience et une bonne technique. Quand je le regarde, je vois justement que c’est l’expérience qui fait qu’il se démarque, surtout qu’on a sensiblement le même physique. Je dois encore améliorer ma technique, mais je pose des questions tous les jours et je continue de progresser. J’aimerais bien le devancer un jour », a reconnu Foucault qui ne peut éviter la nature du sport professionnel.

Contribuer au sourire de Cam Newton

Foucault a peut-être été limité à un seul départ depuis son saut dans la NFL, mais il a déjà vécu la frénésie du Super Bowl et le privilège de découvrir la grand-messe du football américain. Malgré le potentiel des Panthers, il n’est pas impossible que Foucault ne retourne jamais à ce grand rendez-vous comme ses compatriotes Jean-Philippe Darche, Deitan Dubuc et Samuel Giguère qui y ont été limités à une présence.

« C’est possible. Il y a même des joueurs du Temple de la renommée qui n’y sont jamais allés. J’en parlais d’ailleurs avec Charles Tillman, un demi de coin qu'on appelle "Peanut", qui était blessé. C’était sa deuxième présence en 13 ans au Super Bowl. La première fois, quand il jouait pour les Bears, il avait perdu contre Peyton Manning et les Colts et il a eu besoin de neuf ans pour y retourner et il a encore perdu contre Manning. C’est quelque chose de rare et exceptionnel, je suis content de l’avoir vécu », a raconté le Québécois qui a cherché quelques secondes le nom de famille (Tillman) de son coéquipier tellement son surnom est utilisé.

Honnête comme il l’est, Foucault a admis que la défaite a été moins pénible à avaler pour lui que pour certains de ses partenaires.

« Je l’ai un peu digérée. C’est certain que c’était un peu moins cruel dans ma situation, ça me mettait moins de pression. C’est vraiment différent par exemple pour des gars qui sont dans la NFL depuis 10 ans. Il y en a pour qui c’était la première fois et c'est peut-être la dernière », a comparé celui qui était accompagné de ses parents et de six de ses fidèles amis.

David FoucaultÇa ne veut pas dire pour autant que Foucault n’a pas accompli une mission pour le camp des Panthers. En tant que membre de l’équipe d’entraînement, il devait jouer le rôle de la ligne offensive des Broncos pour préparer la ligne défensive des Panthers à cette confrontation.

« Notre ligne défensive a réussi du bon travail donc j’étais content pour ça, je me disais que j’avais aidé un peu », a soulevé Foucault pour cerner le positif dans la défaite sur la plus grande scène.

La beauté dans l’histoire des Panthers, c’est que l’équipe possède tous les outils et la jeunesse pour s’adjuger une autre occasion au Super Bowl. De plus, de l’avis de plusieurs observateurs, le revers encaissé viendra dompter une partie de la confiance qui s’approche de l’arrogance de la bande de Cam Newton. Mais l’idée n’est pas de dénaturer l’exubérant groupe de l’entraîneur Ron Rivera.

« Je pense qu’on continuera à s’amuser. Plus on gagne, plus l’équipe est confiante et enjouée. Cam est extraverti, les gens l’aiment ou ne l’aiment pas. Quand on gagne, on aime montrer à tout le monde notre joie. Là, on a perdu et il n’était pas heureux, c’est un gars émotif », a justifié Foucault qui était heureux de retrouver « son monde » après une saison qui s’étire sur plusieurs mois.

Pour la saison 2016, Foucault aspire à maintenir le sourire sur le visage de Newton en le protégeant adéquatement. Ce sera à lui de prouver qu’il mérite maintenant sa place sur le terrain pour chaque rencontre.

« L’année prochaine sera très importante pour moi, je dois me démarquer. Je suis confiant d’y arriver à partir de ce que j’ai montré en 2015 », a conclu l’athlète qui ne veut plus d’un billet de spectateur.