MIAMI – Comme source de fierté, difficile de battre celle de voir l’un de ses enfants nous imiter en savourant la conquête du Super Bowl. Imaginez quand vos deux fils pourraient y parvenir la même année!

Voici le scénario idyllique qui s’avère possible pour Bob Slowik, le coordonnateur défensif des Alouettes de Montréal.

En 1992, Slowik a goûté à l’ivresse du Super Bowl à sa toute première saison dans la NFL en tant qu’assistant en défense au sein des Cowboys de Dallas qui avaient infligé aux Bills de Buffalo la troisième de leurs quatre défaites consécutives avec un triomphe de 52 à 17 devant plus de 98 000 spectateurs.

 

Dimanche, Slowik vivrait l’extase pour un parent si les 49ers de San Francisco parvenaient à vaincre les Chiefs de Kansas City. Ainsi, ses garçons Bobby (assistant en attaque) et Steve (assistant au recrutement) deviendraient champions du Super Bowl en même temps. Qui dit mieux?

 

« J’avoue que je suis fasciné par le fait qu’ils puissent vivre ce moment ensemble. C’est déjà très rare de voir deux de ses fils travailler pour la même organisation dans la NFL et ils ont le privilège de pousser le tout jusqu’au Super Bowl », a confié le paternel, en entrevue avec le RDS.ca, qui ne peut s’empêcher de revivre les sensations de 1992.

 

En vertu de son parcours de plus de 20 saisons comme entraîneur dans la NFL – dont 10 comme coordonnateur défensif – Slowik descend rapidement de son nuage quand on poursuit la discussion.

 

« Il ne faut pas se raconter d’histoires, c’est gagner le Super Bowl qui importe. Quand tu perds ce grand rendez-vous, c’est assurément très dévastateur. Dans ce sens, ce qu’ils vivent diffère de la perception des gens de l’extérieur. Eux, ils continuent de bûcher jusqu’à la toute dernière minute, leur travail est loin d’être terminé. Ils vont décortiquer chaque match de leur adversaire et ils ressentent encore une énorme dose de pression pour conclure dans le camp victorieux », s’est-il empressé de préciser.  

 

« Même les gens de ta famille ne réalisent pas à quel point c’est stressant de participer à ce match ultime. Ils ne font que penser que c’est merveilleux de vivre une telle expérience, mais aucun entraîneur n’est là pour s’amuser, je peux vous le certifier », a ajouté l’homme de 65 ans.

 

Ça n’arrive pas aussi souvent ces jours-ci en raison de l’importance capitale du Super Bowl, mais Slowik est parfois sollicité par Bobby quand il est embêté ou hésitant face à certaines situations.

 

« Ça arrive surtout quand il remarque quelque chose qu’il n’a jamais vu ou rarement vu comme une couverture un peu particulière. Les entraîneurs sont bons pour développer de petites variantes qui nous font hésiter. C’est là qu’il me demande mon approche ou ma philosophie par rapport à cette stratégie. Ça n’arrive pas chaque semaine, mais à l’occasion », a raconté Slowik.

 

On pourrait croire que tout fonctionne à merveille pour la relève du clan Slowik, mais la réalité de la NFL ne comporte aucune pitié.

 

« Quand tout le personnel a été viré chez les Redskins de Washington, il s’est retrouvé sans emploi comme entraîneur pendant trois ans (de 2014 à 2016). Ce n’est quand même pas évident de se dénicher un boulot dans la NFL et il a dû patienter. Sa prochaine chance s’est présentée quand Kyle Shanahan, qui a été son collègue à Washington, a eu le poste avec les Niners », a rappelé Slowik.

 

Après avoir effectué du bon boulot en défense à appuyer le coordonnateur défensif Robert Saleh, Bobby a été muté en attaque au début de la saison 2019. Le geste semble étonnant puisque son père est un spécialiste de la défense. Toutefois, ce n’est pas le cas pour Bobby.

 

« Kyle aime déplacer ses adjoints et c’est très utile pour une attaque d’ajouter un entraîneur qui a accumulé du bagage en défense. Le truc, c’est que Bobby a toujours souhaité se retrouver en attaque. Il était receveur au niveau universitaire. Il aime dire qu’il est de retour à sa place », a révélé Slowik.

 

Slowik a voulu dissuadé ses fils de l'imiter

 

Avec sept années d’expérience dans la NFL, Bobby apparaît comme un entraîneur qui était destiné pour suivre les traces de son père. Pourtant, ce dernier a tenté de le dissuader.Bobby Slowik

 

« En fait, Bobby est diplômé comme ingénieur en biomédecine. Quand il a complété ses études, il m’a demandé mon avis. Je lui ai dit qu’il devait mettre à profit ce superbe diplôme.  J’étais quand même bien placé pour savoir que la sécurité d’emploi était nulle dans mon domaine. En quelque sorte, je voulais un peu décourager mes fils d’aller dans cette direction. Ce n’est pas facile d’atteindre son rêve dans cet environnement », a témoigné le père avec franchise.

 

Cette remarque n’est pas lancée en l’air et elle se confirme par le fait que son autre fils – il est également père d’une fille – n’a pas été capable de se trouver un nouveau poste dans la NFL depuis la fin de la saison 2016 en dépit d’une expérience de 12 ans.

 

Comme la majorité des pères qui oeuvrent dans ce domaine où on ne compte pas les heures, Slowik a souvent permis à ses fils de le suivre au travail.

 

« Oh oui, ils ont pu se familiariser avec toutes mes équipes au fil du temps. Ils ont vécu des moments mémorables, pour des enfants, dans les coulisses des stades. Ça arrivait régulièrement que des agents de sécurité devaient m’appeler pour me dire qu’ils allaient finir par se faire mal parce qu’ils se fonçaient un dans l’autre durant leurs parties amicales dans les corridors », a rapporté Slowik en riant.

 

S’ils ont hérité de sa passion pour le football, ses fils ont également adopté les principaux traits de sa personnalité : l’ouverture d’esprit, le respect et l’ardeur au travail..

 

« Si j’ai pu leur léguer quelque chose, ce serait certainement ça. Je présume que j’ai pu les influencer durant ma carrière, ils m’ont vu agir avec les gens et ils ont compris qu’on ne sait jamais tout et qu’on doit continuellement apprendre », a-t-il admis avec fierté.

 

En raison de réunions avec les autres entraîneurs des Alouettes, Slowik ne fera que son arrivée à Miami samedi. Il sera accompagné de sa femme et il aurait aimé que sa fille et le mari de celle-ci en fassent autant, mais ce dernier n’a pas obtenu la permission de l’armée alors qu’il agit comme pilote d’hélicoptère en Allemagne.

 

Quant à une prédiction, inutile de vous dire qu’il se range du côté des 49ers.

« La vérité, c’est que je suis horrible avec les prédictions. En même temps, j’ai quand même la chance de bien connaître les 49ers. On sait que les matchs se gagnent dans les tranchées. Je crois que les Niners seront en mesure de contrôler le temps de possession grâce à leur attaque au sol. Ça devrait permettre de ne pas imposer trop de pression sur Jimmy Garoppolo. Je sais aussi que les Chiefs ne sont jamais écartés de l’équation avec un athlète comme Patrick Mahomes », a conclu Slowik.